Il y a vingt ans, lorsque j’ai démarré mon parcours entrepreneurial, les choses étaient très différentes. Personne ne semblait se soucier de la question de la protection des données. À vrai dire, ce n’était même pas un sujet : il n'y avait pas du tout cette dissociation entre ce qui relevait du public et du privé sur le web. Rappelez vous, à l'époque on utilisait les mêmes mots de passe pour tout, on n'avait aucun mal à activer sa géo-localisation un peu partout, on ne se méfiait de rien et on trouvait ça plutôt sympa de pouvoir retracer sa vie "digitalement parlant".
La protection des données doit être un enjeu
Overblog, l’un de mes premiers projets en tant qu’entrepreneur dans la tech reposait totalement sur cette idée. À l’époque je voulais créer un espace où chacun pourrait partager ses idées, ses passions au-delà des barrières géographiques et sociales, sans avoir besoin d’être expert du web comme on l’était mon équipe et moi-même. Ça me rendait fier de me dire que ma mère pouvait aussi s'y retrouver, elle qui a d’ailleurs inspiré ce premier projet, et qui se trouve pourtant à mille lieues d'évoluer dans l’écosystème tech.
Internet s'est créé de l’envie très sincère de personnes et d’entreprises de partager et de collaborer entre elles pour améliorer le savoir du monde, jusqu'à ce que les GAFA en fassent un système de centralisation de l’information qui repose presque entièrement sur l'exploitation des données personnelles à usage publicitaire.
En voyant émerger cette vision d’Internet, j'ai réalisé que la protection des données personnelles allait devenir un enjeu, qu'il faudrait à un moment se pencher sur la question, voire qu'il serait nécessaire de créer un nouveau paradigme, dans lequel la donnée utilisateur ne soit plus celle qui fasse tenir le système tout entier. C'est de cette réflexion qu’en 2017 est née Arianee, dont je suis l'un des heureux cofondateurs et actuel chairman.
Vers une architecture décentralisée
Aujourd’hui, il est possible de passer d’une architecture centralisée à une architecture décentralisée où clients et marques peuvent reprendre le contrôle de leurs données. Dans une telle architecture, les marques n’auraient plus besoin de stocker, de gérer les données de leurs clients, ni même de devoir se reposer sur les GAFA pour interagir avec leurs clients. Cette nouvelle architecture, qui repose sur la confiance, leur permettrait de créer une relation directe avec leurs clients tout en leur assurant qu’aucune de leurs données ne seraient conservées ailleurs que sur leurs téléphones ou ordinateurs personnels.
Je ne sais pas pour vous mais j’ai envie que mes enfants grandissent dans un monde où leurs choix ne sont pas programmés par une poignée de groupes tech, et dans lequel la souveraineté appartient aux Etats et aux citoyens, plutôt qu’à une poignée de Mark Zuckerberg qui finissent par décider de tout. Et pourtant c’est ce vers quoi nous nous dirigerons, si nous ne remettons pas en question la centralité de ce système. Si nous ne le faisons pas, qui le fera ?
Frédéric Montagnon est co-fondateur d'Arianee