Si de nombreux acteurs du monde des startups soutenaient Emmanuel Macron, certains entrepreneurs ou investisseurs ont fait un autre choix au premier tour de l'élection Présidentielle. Ils abordent désormais le second avec un mélange d'optimisme, de circonspection et de scepticisme.

Pour ce premier tour de la Présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont arrivés en tête comme le prédisaient depuis quelques semaines les sondages d'opinion. Bien que le candidat d'En Marche était perçu par les entrepreneurs comme le plus proche de leurs préoccupations et donc logiquement plébiscité dans le milieu des startups, certains ont fait un autre choix. "En tant qu'entrepreneur, je vais être favorisé encore plus que je ne le suis par la politique d'Emmanuel Macron, reconnaît Mehdi Medjaoui, fondateur de Webshell installé à San Francisco. Mais voter en République, c'est voter pour l'intérêt général et pas son intérêt particulier, c'est la raison pour laquelle j'ai voté Jean-Luc Mélenchon."

Diane*, entrepreneure à la tête d'une startup dans le milieu audiovisuel, partage cette analyse. Elle a glissé un bulletin Benoît Hamon dans l'urne, dimanche. "Je ne vote pas seulement en tant qu'entrepreneure mais en tant que citoyenne. Emmanuel Macron a évidemment des mesures qui vont dans le bon sens pour les startups et l'économie numérique mais je tiens aussi compte des valeurs, du reste du programme et de l'entourage grâce auquel le futur président va gouverner."

Je ne vote pas seulement en tant qu'entrepreneure mais en tant que citoyenne "

Diane, entrepreneure 

Pour le deuxième tour, Diane "sui(vra) la consigne donnée par son candidat" et votera donc pour l'ancien ministre de l'Economie. Mais ne lui signe pas pour autant un chèque en blanc. "J'espère qu'il sera le candidat du renouvellement et qu'il sera à l'écoute de la société civile. Je vote pour les générations futures et n'imprimer le changement que dans le droit du travail ne sera pas suffisant", prévient-elle, disant espérer qu'il prenne les problématiques liées à l'éducation et l'écologie à bras le corps.

LEWEB 2014 - CONFERENCE - LEWEB TRENDS - IN CONVERSATION WITH EMMANUEL MACRON (FRENCH MINISTER FOR ECONOMY INDUSTRY AND DIGITAL AFFAIRS) - PULLMAN STAGE

Jean-Marc Patouillaud, managing partner chez Partech, a lui soutenu François Fillon, "le seul candidat (...) qui propose une révolution fondamentale qui permettra à la fois de favoriser l'innovation, de la faire fructifier et surtout permettre à cette dernière de profiter à tous", comme il l'expliquait dans une tribune publiée sur le Journal du Net. Il se "réjouit" pourtant qu'Emmanuel Macron arrive "en tête des urnes".

J'ai voté François Fillon au premier tour
parce que je trouvais son programme plus ambitieux
mais je n'hésiterai pas au second face à Marine Le Pen "

Jean-Marc Patouillaud, managing partner chez Partech

D'autant qu'il rappelle que le candidat d'En Marche "s'est beaucoup intéressé aux startups et à l'innovation et est parfaitement sensibilisé aux problématiques des startups comme des investisseurs". Seul point de vigilance, "sa proposition sur l'ISF, qui n'était pas mentionnée dans le programme électoral distribué dans les boîtes aux lettres à la veille du premier tour" et dont Jean-Marc Patouillaud espère qu'elle "ne passera pas aux oubliettes".

Mehdi Medjaoui, lui, est plus amer. "Rien ne va changer", assène l'entrepreneur en jugeant l'affiche du second tour. "Ni Emmanuel Macron ni Marine Le Pen n'incarnent les idées que je défendais : sixième république, écologie, partage des richesses... Ces deux candidats incarnent ce que les Insoumis (surnom des partisans de Jean-Luc Mélenchon, NDLR) combattent."

La politique d'Emmanuel Macron comme de Marine Le Pen va séparer les Français "

Mehdi Medjaoui, fondateur de Webshell

Marine Le Pen

L'appel au vote utile ne fait donc pas écho chez Mehdi Medjaoui. "Sans créer de vote d'adhésion, Emmanuel Macron se crée lui même son opposition qui risque de l'empêcher de gouverner pendant son mandat. Décidément, on dirait qu'il ne voit pas à long terme, pourtant qualité première de l'entrepreneur", tranche-t-il. Et pourtant... Mehdi Medjaoui votera bel et bien pour Emmanuel Macron au second tour, "sans bégayer, ni hésiter". La peur du Front national poussera certainement d'autres électeurs aux urnes, le 7 mai.

*Le prénom a été modifié