Lever des fonds, c'est bien. Avoir des clients, c'est mieux. Un an après, où en sont les startups qui ont bouclé un tour de table ? Développement, recrutement, financement, Maddyness fait le bilan. Stéphane Savouré, fondateur de Koolicar, partage son expérience, un an après avoir levé 18 millions d'euros.

En avril 2016, Koolicar, spécialiste de l’autopartage, annonçait avoir bouclé une levée de fonds de 18 millions d’euros auprès de PSA Peugeot Citroën et la MAIF.

Qu'est-ce que la levée de l'année dernière a changé ?

C'était une très grosse opération pour Koolicar, puisque nous avions levé 2 millions d'euros seulement 18 mois avant. On a un peu court-circuité une étape, à l'image de ce qu'il se passe actuellement dans l'économie collaborative et la mobilité. Notre communauté est quatre fois plus importante qu'il y a un an : 230 000 personnes sont inscrites aujourd'hui, contre 50 000 au moment de la levée. Aujourd'hui, nous avons un peu moins de 50 000 propriétaires de véhicules inscrits sur la plateforme.
 

Comment avez-vous appréhendé les relations avec les nouveaux investisseurs ?

PSA est entré au capital. J'ai toujours considéré l'arrivée d'un investisseur comme un mariage : il faut apprendre à partager son bébé avec les actionnaires. Mais notre levée de fonds ne visait pas uniquement à rechercher des moyens financiers. Nous cherchions un partenaire qui partageait notre volonté de développer la mobilité de demain. Un tel mariage, s'il se fait bien et avec la bonne équipe, peut donner quelque chose d'exceptionnel. Et PSA partageait notre vision : un actionnaire ne peut pas et ne doit pas avoir le même rôle qu'un partenaire commercial, ce sont des casquettes différentes. L'arrivée de PSA au capital nous permet de développer une coopération technique et commerciale, comme par exemple la possibilité de faire installer notre box dans les concessionnaires du réseau PSA. Et l'entrée du groupe au capital nous a donné accès à leur base clients.

Koolicar PSA

Si c'était à refaire, que changeriez-vous ?

Je referais la même chose ! Nous n'avions pas d'épée de Damoclès au-dessus de la tête, pas de problème de trésorerie et la levée s'est faite auprès d'un partenaire qu'on connaissait... Ce n'est pas le cas pour toutes les startups. Travailler avec un grand groupe, c'est très différent de s'allier à un fond d'investissement. Mais les projets autour de la mobilité se construisent dans la durée et requièrent donc un capital patient. Et il faut apprendre à partager la valeur du produit en s'associant à des gens de l'écosystème, parce qu'on ne pourra pas inventer la mobilité de demain tout seuls.

Quel conseil ou leçon gardez-vous en tête pour la prochaine levée ?

Pour moi, le vrai sujet d'une levée de fonds est de faire entrer au capital des gens qui apportent autre chose que des moyens financiers. C'est pourquoi il faut l'anticiper au maximum et réfléchir à l'équipe avec laquelle on veut travailler. Un entrepreneur n'a pas envie d'avoir un patron au-dessus de lui et c'est pourtant le cas quand on s'allie avec un grand groupe. Mais s'il veut développer la startup, alors vous partagez le même objectif. C'est pour cela que jusqu'à présent, je ne voulais pas faire entrer un acteur financier au capital, dont l'objectif principal est de faire sortir la startup pour réaliser une plus value. Mais, quelque part, c'est aussi l'objectif d'un entrepreneur, donc pourquoi pas pour la prochaine levée ?

A quoi ont servi les fonds levés ?

Nos équipes sont plus de deux fois plus étoffées que l'année dernière, on a beaucoup recruté dans les équipes produit et technique, ainsi qu'au service client. C'est quelque chose qui nous tient à coeur parce que nous ne sommes pas seulement une plateforme de mise en relation mais un tiers de confiance, un accompagnateur dans l'expérience de mobilité. Nous avons aussi lancé une campagne télévisée tout de suite après la levée de fonds, afin de doper les inscriptions de propriétaires. Et une nouvelle campagne vient de sortir sur les écrans, le 1er avril.

Quels sont les axes de développement pour les prochains mois ?

Notre objectif, c'est la croissance pour nos structures, Koolicar et notre offre B2B, OpenFleet. Nos deux marques mettent de l'intelligence dans des voitures qui n'étaient pas encore connectées et l'idée est, à terme, de les faire converger. Un seul boîtier pourra servir à des usages professionnel comme personnel. Je crois fermement que la possession personnelle est amenée à disparaître et que la voiture de demain sera servicielle. La mobilité future sera partagée autonome et gratuite. Nous ne sommes pas dans une démarche spéculative. Bien sûr que nous voulons gagner de l'argent mais ce n'est pas notre seul objectif. Nous voulons apporter quelque chose à la société.