Le groupe public détenait déjà 22% du capital de la startup. Celle-ci conservera son nom pour préserver une marque forte, tout en devenant une filiale de La Poste. Les deux fondateurs, Benjamin Chemla et Clément Benoît, quitteront en revanche l'entreprise d'ici quatre mois.
C'est une petite révolution dans le secteur de la livraison. La startup Stuart, spécialisée dans la livraison à la demande, passe sous le pavillon du groupe La Poste, qui détenait déjà 22% de son capital. Le montant de l'opération n'a pas été divulgué. Selon Les Echos, qui ont dévoilé l'information, Stuart gardera son nom pour préserver une marque forte auprès des quelque 500 clients déjà enregistrés mais deviendra une filiale de l'entreprise publique.
Les deux fondateurs de la startup, Benjamin Chemla et Clément Benoît, quitteront eux l'entreprise au terme d'une période de transition de quatre mois maximum. Ils seront remplacés à la direction de Stuart par Diego Magdelénat et Paul-Ambroise Archambeaud. Ces derniers avaient fondé le réseau de relais Pickup, racheté en 2009 par... La Poste. Le poste de CEO revient à Damien Bon, qui occupait jusqu'alors les fonctions de COO.
Résister à la concurrence de Prime Now
Ce rachat devrait permettre à la startup, pour l'instant présente dans cinq grandes villes européennes (Paris, Lyon, Londres, Madrid et Barcelone), d'accélérer son développement et au groupe public de se renforcer sur son segment historique, la livraison. "L'idée est d'abord de sécuriser les grands retailers clients et de nous renforcer dans les trois pays dans lesquels Stuart est déjà présent avant d'envisager de nouvelles ouvertures", précise Nicolas Breuil, directeur marketing de la startup. L'entreprise garde cependant en tête l'idée de s'implanter à terme "dans toutes les capitales européennes, des villes denses propices au déploiement d'un modèle comme celui de Stuart".
La concurrence est féroce dans ce secteur, avec notamment l'arrivée en juin 2016 à Paris d'Amazon Prime Now, service de livraison express en une heure proposé par l'e-commerçant américain. En outre, de nombreuses startups ciblent certaines étapes spécifiques de la livraison (premier ou dernier kilomètre) ou certains secteurs en particulier, la restauration restant le plus prisé.
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Mais les entreprises de livraison sont sous la pression des syndicats et de la justice, qui s'intéresse de près à leurs pratiques. Pour garantir une livraison la plus rapide et la moins onéreuse possible, les acteurs ont adopté le modèle Uber, se constituant une flotte de livreurs indépendants et non salariés. Toutefois, la Poste a souligné auprès des Echos la singularité de Stuart en la matière. La jeune entreprise "s'est attachée à proposer un modèle socialement responsable et innovant pour sa communauté de livreurs professionnels indépendants. Stuart a ainsi négocié pour ces livreurs une assurance responsabilité civile professionnelle, ainsi qu'une mutuelle santé adaptée à leurs besoins".