Échange de compétences, partage de matériel, campagne de financement participatif… Le collaboratif est bien loin d'être une tendance et s'il elle peut faire peur, la nouvelle économie s'installe durablement. Pour en représenter les acteurs, Ronan Kervadec a créé la Fédération des plateformes collaboratives.
On ne compte plus le nombre de projets Kickstarter, Ulule ou Indiegogo qui ont donné naissance à de florissants projets entrepreneuriaux. Mais avec le développement rapide qu’elle a connu, l’économie collaborative a soulevé de nombreuses questions, principalement en matière de régulation et de législation.
À relire : Quelle fiscalité et législation pour l’économie collaborative ?
Si les mesures gouvernementales prises jusqu’ici restent encore timides, certains aimeraient que le législateur définissent un cadre ferme à l’activité de ces nouvelles entreprises. Mais de l’autre côté de la barrière, la riposte prend forme. Persuadé du bien fondé de ce nouveau modèle économique, Ronan Kervadec, cofondateur de Boaterfly, a décidé de créer une association à but non lucratif afin de rassembler les acteurs de cette nouvelle économie. Ainsi, la Fédération des plateformes collaboratives a pour vocation de « parler d’une seule voix ». Selon son président, « l’appréciation de ces plateformes est aujourd’hui faussée ». L’association réunit actuellement de grands noms du collaboratif tels que AirBnB, Boaterfly, Comuneat, Heetch, Vide-Dressing ou encore Wingly.
Co-construire un environnement économique et social favorable à tous
L’action de la Fédération s’oriente autour de trois axes. Il s’agit en premier lieu de promouvoir les entreprises membres auprès des pouvoirs publics ainsi que des acteurs économiques. Ronan Kervadec explique que l’objectif de la Fédération est de « participer à la co-construction d’un environnement économique et social favorable à tous, que l’on soit entrepreneurs ou utilisateurs ». C’est pour cela que la Fédération a « vocation à accueillir et fédérer l’ensemble des plateformes collaboratives » opérant en France. En unissant ainsi les différents acteurs du secteur, l’association pense d’abord à les informer. Les membres évoluent tous dans des secteurs économiques différents : mode, tourisme, service à domicile, livraison… Mais ils ont tous au moins un point commun : héberger des informations fournies par des tiers.
Le but de l’association est garantir aux particuliers qui utilisent les plateformes des entreprises membres, « un espace de confiance qui leur permet d’interagir directement les uns avec les autres dans le but de vendre ou de partager un bien et/ou un service ».
Avec une augmentation du nombre de plateformes collaboratives de l’ordre de 25%, lorsqu’il s’agit de régulation, Ronan Kervadec explique qu’il faut être prudent. Même s’il confie avoir accueilli plutôt favorablement une certaine partie des recommandations issues du rapport Terrasse, qui juge l’économie collaborative comme une alternative crédible à un modèle de consommation qui s’essouffle, il met en garde : « Il est indispensable de s’orienter vers une "simplification" des lois et règlementations applicables mais c’est malheureusement l’inverse qui se passe. Il y a un risque réel de casser la dynamique actuelle qui reçoit pourtant un accueil si enthousiaste des utilisateurs de plus en plus nombreux. N’oublions pas que l’économie collaborative permet d’améliorer le pouvoir d’achat des utilisateurs et d'optimiser l’utilisation des biens de consommation. En ce sens, elle est vertueuse sur le plan économique comme sur le plan écologique. »