40 milliards d'euros d'allègement en faveur des entreprises, baisse de 100 milliards d'euros des dépenses, passage sous le cap des 7% de chômage, le tout à l'horizon 2022... François Fillon revient dans les colonnes de Maddyness sur son programme pour la France et sur les grands sujets de l'actualité : le Brexit, la FrenchTech ou encore la candidature d'Emmanuel Macron.
Quelles grandes leçons tirez-vous des décisions économiques du mandat actuel ?
Croissance morne, explosion du chômage, totalitarisme islamique, Europe à la dérive avec le Brexit : la situation actuelle de notre pays appelle une détermination et une clarté de vision que n’a pas le chef de l’Etat.
En cinq ans, la dette publique a explosé. La France compte 685 000 chômeurs en plus. Au sein de l’OCDE, nos performances sont inférieures à celles de nos concurrents. Les prélèvements obligatoires pesant sur les entreprises et les ménages ont augmenté de 95 milliards d’euros et dépassent maintenant les 1000 milliards d’euros par an.
" Le choc fiscal mis en place par le Gouvernement depuis 2012 a coûté 0,8 point de croissance par an à la France "
On essaye encore de nous faire croire que le chômage va baisser ou que le déficit va diminuer, mais le constat est là : les décisions économiques de François Hollande ont été au mieux inutiles, au pire désastreuses. Le quinquennat de François Hollande aura permis de montrer qu’on ne réformera pas notre économie sans un cap clair et sans mesures structurelles fortes. Que de temps perdu !
A l’inverse de ce qui a été fait, je veux travailler avec méthode, détermination et courage pour permettre à la France de retrouver le chemin de la croissance. Ma priorité est et a toujours été l’emploi. Mais nos entreprises ne retrouveront leur compétitivité et n’embaucheront que si nous mettons en place des réformes structurelles fortes visant d’une part à alléger les contraintes fiscales et juridiques qui brident l’activité économique et d’autre part à enrayer la crise de l’État surendetté qui plombe l’avenir de notre pays. Avec ce plan d’action, je réduirai le nombre de chômeurs de 2 millions de personnes.
Quelle est votre ambition pour la French Tech et le numérique français ?
Je veux mettre le numérique au cœur de la croissance et donner à la France les moyens de devenir une puissance numérique mondiale. Les mesures que je propose s’articulent autour de deux axes : déployer toutes les possibilités du Numérique dans notre société et permettre aux entreprises de saisir toutes les opportunités offertes par la révolution digitale.
" Le secteur digital représente 5,5% du PIB français. Mon objectif est de faire passer cette part à 7% d’ici 2020, ce qui représente 70 milliards d’euros de PIB "
Je veux, d’abord, améliorer la gouvernance du numérique en créant le poste de Haut Commissaire à la Transformation numérique, rattaché directement au premier ministre pour coordonner l’action numérique de l’Etat. La mise en œuvre d’un plan de généralisation du Très-Haut-débit sur le territoire aura, en outre, un impact considérable sur la croissance des entreprises et permettra de développer des bassins d’emplois. Je propose enfin d’agir très tôt dans la formation des jeunes en généralisant l’enseignement du numérique notamment en instaurant un CAPES d’informatique et en inscrivant des rudiments de codage et de programmation dans les programmes scolaires.
La mise en place d’un régime fiscal plus favorable à la prise de risque permettra aussi d’encourager l’investissement dans les PME du Numérique, notamment à travers un mécanisme puissant de déduction fiscale ; l’impôt sur le revenu pourra être réduit de 30% du montant investi dans ces entreprises jusqu’à un plafond d’un million d’euros.
Un « Contrat de confiance aux PME » pour l’accès à la commande publique permettra aussi d’introduire une quote-part d’achats publics significatifs (jusqu’à 50% de la commande publique) auprès de PME et de start-ups françaises innovantes.
" Nous ne pouvons plus tolérer l’inégalité de traitement fiscal qui existe entre les géants mondiaux de l’internet et nos PME dans le secteur du numérique. C’est pourquoi je veux mettre en œuvre une fiscalité équitable pour ne plus pénaliser notre industrie "
Quelle place pour l’innovation dans votre programme ? Qu’est-ce que les startups peuvent attendre de vous ?
Notre pays a démontré par le passé sa capacité à innover et à transformer ses innovations en succès industriel (TGV, Airbus, l’industrie du luxe, etc.). Pourtant, malgré un niveau élevé de création d’entreprise (nous sommes passés de 180 000 à 500 000 créations d’entreprise en 15 ans), le France rencontre depuis quelques années des difficultés à faire émerger de nouvelles entreprises qui soient les acteurs de demain. Où sont les Amazon, les Google ou Apple français ? L’un des obstacles majeurs rencontrés par les startups et les petites entreprises innovantes pour se développer est la question du financement car la fiscalité française trop contraignante fait fuir les investisseurs.
" Je veux lever tous les obstacles à l’innovation et au développement des startups, notamment en matière de financement "
Nous devons revoir la fiscalité du capital pour inciter les investisseurs à venir en France. C’est pourquoi je propose de supprimer l’ISF et d’instaurer une flat tax de 30 % sur tous les revenus du capital. Par ailleurs, l’épargne des particuliers est insuffisamment orientée vers l’investissement, c’est pourquoi je veux inciter les épargnants à se tourner vers les petites entreprises et les startups en réduisant l’IR de 30% du montant investi dans une startup ou une PME et développer le financement participatif (crowdfunding). Je souhaite que BpiFrance injecte des liquidités dans les projets de financement participatif pour montrer l’exemple et communiquer sur le sérieux des plateformes et des projets.
Enfin, il me semble utile de créer une culture de l’entrepreneuriat et de l’innovation, notamment chez les jeunes.
" Tous les élèves du secondaire doivent être sensibilisés à l’acte entrepreneurial "
La culture entrepreneuriale manque également dans le secteur de la recherche. Il faut donner aux laboratoires une culture de marché et leur permettre de transformer les innovations en succès industriels. La recherche doit davantage être rapprochée des entreprises. Je propose de privatiser les unités de valorisation de la recherche qui seraient dirigés par des entrepreneurs.
40 milliards d'allègement en direction des entreprises : sous quelle forme ?
Le choc fiscal imposé par le Gouvernement depuis 2012 a couté 0,8 point de croissance par an à la France ! Le constat est sans appel : la relance de notre économie ne se fera pas sans un allègement des contraintes fiscales qui pèsent sur les entreprises. Ces allègements sont vitaux pour les entreprises qui doivent absolument retrouver des marges de compétitivité pour permettre à la France de reprendre le chemin de la croissance et de l’emploi. C’est pourquoi je propose d’engager dès le dernier semestre de 2017 des allègements fiscaux conséquents qui bénéficieront à l’ensemble des secteurs (industrie, services, agriculture) et qui permettront de stimuler le redémarrage de l’économie et de la croissance afin de baisser le chômage de 10 à 7%, soit 2 millions de chômeurs en moins !
" Dès le 4ème trimestre 2017, les charges d’employeur seront allégées et certains impôts assis sur la masse salariale seront supprimés, pour un total de 25 milliards d’euros "
Dans le même temps, les allègements généraux de charges existants seront barémisés, et le CICE sera transformé en allégements de charges sociales définitifs et également intégré au barème. Le taux de l’impôt sur les sociétés sera baissé progressivement à 25% pour renforcer notre attractivité en Europe, ce qui correspond à une réduction de la charge fiscale de 10 milliards d’euros.
Voyez-vous Emmanuel Macron comme un adversaire crédible ?
J’apprécie les hommes et les femmes politiques qui apportent des solutions innovantes, quelle que soit leur origine politique. Nous avons besoin de personnes capables de sortir des cadres politiques traditionnels, de secouer notre système partisan beaucoup trop étriqué.
" Je reste toutefois assez dubitatif sur le message porté par M. Macron et sur sa méthode un peu trop marketing à mon sens "
Le constat qu’il fait sur le bilan politique de François Hollande est implacable. Mais malheureusement pour lui, c’est aussi son bilan. Comme secrétaire général de l’Elysée, puis comme ministre de l’Économie, il est redevable des résultats économiques actuels. Pour être vraiment crédible, M. Macron aurait souhaité avoir des réformes d’ampleur à son actif, ce qui n’a pas été le cas lors de son passage à Bercy. La libéralisation des transports est une belle réussite certes, sur le reste, les propositions qu’il a pu formuler sont restées lettre morte.