Bpifrance Le Lab et Terra Nova viennent de dévoiler une étude sur les entreprises créées dans les zones urbaines sensibles. Si celles-ci apparaissent comme des écosystèmes performants, elles semblent en revanche moins adaptées pour accompagner la croissance des entreprises.

420 000 établissements auraient exercé leur activité entre 2007 et 2013 dans les zones urbaines sensibles, selon la dernière étude réalisée par Bpifrance Le Lab et Terra Nova sur les entreprises créées dans les zones urbaines sensibles (ZUS). Un chiffre partagé entre les entreprises misant sur un développement hors des frontières du quartier et celles davantage centrées sur un développement de proximité, qui prouve que les quartiers des ZUS sont eux aussi propices à la création d'entreprise. 

Pourtant les clichés ont la dent dure, et les entrepreneurs des quartiers peinent souvent à profiter d'accompagnement et de financement. Des préjugés que Bpifrance Le Lab et Terra Nova ont souhaité contrer en dévoilant un panel de chiffres issus de données de Bpifrance, du traitement de la base Altarès et d'une l’enquête menée auprès de 450 entrepreneurs en 2010. 

La localisation des entreprises ne déterminent en rien le profil des entrepreneurs qui les créent

Bien que les 76 000 entreprises étudiées ne représentent qu’un tiers des entreprises des ZUS sur la période étudiée, Bpifrance Le Lab et Terranova s'accordent à dire que les entrepreneurs situés dans les quartiers n'ont aucunement des profils différents des autres entrepreneurs. Une manière, encore une fois, de contrer les nombreuses idées reçues.

Les créateurs d’entreprises des ZUS sont ainsi jeunes (53% à avoir moins de 40 ans) diplômés (73% ont le niveau du BAC ou plus), et plus de 80% d'entre eux sont déjà actifs lors de la création de leur entreprise. La taille de leurs entreprises n’est pas plus petite que la moyenne en France, puisque les sociétés composées de plus de 10 salariés représentent 10% des entreprises référencées, contre seulement 2% pour le reste de la France. 

Si les services à la personne ne sont pas représentés dans les entreprises de quartier, on retrouve cependant 33% des sociétés représentées spécialisées dans les services aux entreprisesLe bâtiment, lui, est représenté à 17% dans les ZUS, contre 11% en moyenne en France, devant le commerce de détail à 13% (11% moyenne nationale) et le commerce de gros à 8% (4% moyenne nationale).

En somme, un véritable écosystème existe dans les quartiers autour de l'entrepreneuriat, à l'image des entrepreneurs issus des quartiers, qui apportent leur expérience et leur réseau, des associations de quartier, qui accompagnent les jeunes entrepreneurs dans leurs projets. On peut par exemple citer l’ADIE et France Active, qui apportent leur appui à la création d’entreprises. 

Un manque d'accompagnement

Et sans surprise, les entrepreneurs de quartiers doivent faire face aux mêmes contraintes et aux mêmes enjeux que les autres entrepreneurs. Parmi les principales difficultés rencontrées par les entrepreneurs des ZUS dans l'étude, 43% des personnes interrogées citent ainsi l’accès aux financements, devant les retards de paiement (à 37%) et les débouchés commerciaux, pour 26%. 

Pourtant, l'étude précise que le degrés de difficultés auquel ils sont confrontés est bien plus élevé qu'autre part, en particulier à cause du caractère très "local" de leurs écosystèmes, créant un plafond de verre pour le développement de leur entreprise et l'accès à certains acteurs clés de cette évolution. 

" Si autant d’individus décident de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale dans les quartiers en difficulté, c’est bien souvent parce qu’il n’y a pas beaucoup d’autres solutions pour ces personnes pour progresser et échapper à un certain nombre de préjugés et de stigmates. Les aider à se développer, c’est tout à la fois aider l’emploi et faire reculer les discriminations. C’est refuser de séparer leur intérêt de celui de la collectivité dans son ensemble. En somme, c’est œuvrer à la cohésion sociale non pas aux dépens de l’économie, mais grâce à elle ", explique Thierry Pech, directeur général de Terra Nova.