Du 7 au 10 septembre, Pékin accueille 400 entrepreneurs issus du monde entier pour le G20YEA. Parmi les 32 Français qui représenteront l'Hexagone : Farid Lahlou. Le cofondateur de la startup "Des bras en plus" raconte sa deuxième journée au coeur de l'un des événements les plus incontournables pour les jeunes entrepreneurs.  

400 entrepreneurs réunis au même endroit, forcément cela ne passe pas inaperçu, quelle énergie ! Les conversations vont bon train et avant le démarrage des conférences en début d’après-midi, c’est le moment de découvrir un peu au hasard les représentants des dix-neuf autres pays du G20. Alors, avec la team Des bras en plus, on profite de chaque instant, chacun d’entre nous, dès qu’il en a l’occasion tend une main, partage un café, s’intègre dans une conversation ou un débat avec l’un des nombreux entrepreneurs.

Au travers des deux éditions précédentes, nous avons noué des relations privilégiées avec certains membres des délégations étrangères comme les Australiens, les Mexicains, les Canadiens et bien d’autres. Ce qui est intéressant quand on revient plusieurs années de suite, c’est que l’on peut suivre l’évolution des projets des membres des différents pays. Le temps passe, bientôt 13h, le sommet va s’ouvrir, à peine le temps de prendre une photo de groupe sur la scène principale que nous devons déjà rejoindre nos places. La lumière s’éteint, la musique démarre, un homme apparaît « On stage », et nous souhaite la bienvenue !

Une journée en deux actes

L’ouverture se fait avec Mr Sun Xiao, directeur général de la Chambre de Commerce Chinoise et Mr Rahmi Cuhaci, président de la précédente édition du G20 à Istanbul. Mr Xia Bing, président du G20 China s’étendra lui sur les objectifs de ce G20YEA qui portera comme slogan cette année : « Disruptive Innovation. Smart Entrepreneurship »

 g2O1

 L’organisation du G20YEA dépend du pays organisateur et cette année, l’idée de cette première journée est d’avoir une première partie « théorique » avec des tables rondes, des panels, des speakers sur scène puis, une seconde partie plus « pratique » avec des ateliers multiculturels. Dans ces groupes d’étude, nous nous mélangeons entre pays, la langue utilisée est évidemment l’anglais et nous échangeons autour d’un sujet commun pour en faire ressortir des conclusions qui sont ensuite expliquées à toute la salle par un rapporteur.

Ce genre d’exercice est l’une des raisons qui nous font venir depuis trois ans. En tant qu’entreprise française, nous avons l’habitude d’échanger avec des entreprises de toutes tailles, toute l’année, mais toutes françaises. Dans le cadre du G20YEA, c’est totalement différent et les tables rondes des années précédentes ont donné naissance à des réflexions qui nous avaient ensuite permis d’affûter nos recommandations pour le gouvernement.

Acte 1 : Disruptive Innovation Forum 

A peine les premiers speakers descendus de scène, qu’à un rythme effréné, d’autres intervenants leur succèdent. Cette année, pas de pause entre les conférences. Il faut être efficace ! Il est maintenant temps de parler d’un sujet qui nous parle particulièrement chez Des bras en plus : « Disruptive Innovation », avec comme fil directeur l’utilité de l’innovation disruptive sur le futur et le paysage de l’entrepreneuriat.

Ce qui est trés intéressant sur cette table ronde, c’est le profil extrêmement varié des intervenants : directeur d’université en Italie, vendeur d’insectes comestibles (comme nos amis français de chez JIMINI’S), bloggeur…

Un débat m’a particulièrement marqué. Il a eu lieu entre Katharina Unger, fondatrice de Livin Farm et Andrea Sianesi, directeur du MIP Politecnico di Milano Graduate School of Business. On voit tout de suite de grosses différences dans la façon de penser l’entrepreneuriat. Quand Katharina pense « Move fast », « Go as fast as possible from the idea to the execution » et qu’elle déclare « No need to be the best, just do it », Andréa pense lui, qu’il faut prendre son temps et se poser les bonnes questions pour démarrer avec les meilleures chances de réussite : « Suis-je prêt pour une aventure entrepreneuriale ? », « Ai-je les bonnes connaissances et compétences ? »

" Ne te lance pas en Chine… Sans un partenaire chinois "  

L’autre temps fort est une session d’explications sur l’entrepreneuriat en Chine, et comment y monter un business quand on est étranger. Depuis notre arrivée, plusieurs discours se contredisent, ce qui montre qu’il n’y a pas de solution parfaite, et qu’il faudra faire le bon choix au bon moment. Le speaker du jour est sans appel et selon lui, il ne faut pas se lancer en Chine sans avoir un partenaire local via des JV (Joint-Venture) : « Attention ! Pour choisir son partenaire, il est important de très bien le connaître, et de s’assurer que les désirs et projets sont partagés, sinon on peut rapidement perdre la main et se retrouver dans des situations de blocage. »

Acte 2 : des petits groupes pour de grandes réflexions 

Après une demi-journée à écouter des speakers aussi intéressants les uns que les autres, il est temps pour nous de nous réunir par petites équipes afin de réfléchir à des propositions concrètes. Les groupes se forment avec un maximum de nationalités différentes. Dans le mien, en plus de la France étaient représentés : le Canada, le Mexique, l’Inde, la Chine et le Nigéria. Nous avons tous ensemble échangé sur le sujet de la « Big data », de la création de la donnée en passant par son stockage, son utilisation et sa suppression.

G20YEA2

Il était évident pour nous tous qu’un accord entre pays du G20 avec une charte Internationale permettrait d’harmoniser la législation à ce sujet (trop faible encore aujourd’hui). Le Canadien présent à ma table a dressé un portrait plutôt sombre de la situation actuelle, et a déclaré qu'il ne savait pas « où est la donnée que je collecte, je ne sais pas aujourd’hui qui la consulte, qui l’exploite, j’ai l’impression de ne pas avoir la main dessus ». Une idée a alors émergé : une base de donnée commune à l’ensemble des pays du G20 et sur laquelle chaque citoyen aurait un accès et pourrait savoir quelles données sont disponibles à son sujet, quelles sociétés y ont accès, quelles sociétés les ont déjà exploitées, et la possibilité de pouvoir désactiver la data de son choix d’une manière simple et rapide.

22h : des idées, des propositions … et des réflexions

Nous finissons notre session de groupe vers 22h, nous avons mis sur papier plusieurs dizaines de propositions qu’il reste encore à affiner. Pour le moment, ce ne sont que des idées qu’il faudra challenger, confronter à d’autres, pour enfin en sélectionner entre 10 et 20 et les soumettre au gouvernement. La responsabilité est importante, nous représentons l’ensemble des jeunes entrepreneurs en France. Nous avons la possibilité de faire avancer les choses, nous serons donc le plus précis possible, et surtout nous faisons en sorte de pousser des mesures concrètes et réalisables.