Vendredi 8 juillet, la rédaction de Maddyness reçoit un surprenant mail d'une "source" anonyme. "Après avoir levé 15M€ en septembre dernier, il y a juste 9 mois, Save est en redressement judiciaire. Entre faire des annonces tonitruantes, avec beaucoup de suffisance, et bien gérer une société avec pragmatisme et sens business, il y a un gap...". Passons l'indélicatesse de la formulation et les intentions qui se cachent derrière ce mail, l'information nous semble intéressante.
Lundi 11 juillet, tout s'accélère. Après de multiples échanges de mails avec Save, avec l'administrateur judiciaire en charge du dossier et avec l'avocat de la jeune pousse, Damien Morin, son dirigeant, sort du silence et publie un post Medium pour expliquer la situation. À raison.
Selon les différents documents que nous avons pu consulter, la société, spécialisée dans la réparation de smartphones et de tablettes, a déclaré la cessation de ses paiements au greffe du tribunal de commerce de Nanterre le 30 juin 2016 et a obtenu l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire. Alors que la société compte 354 employés, qu'à la date de clôture du dernier exercice social son chiffre d'affaires était de plus de 12 millions d'euros, Save accuse une baisse de régime en début d'année.
" On avait un mauvais contrôle de nos achats, la finance était approximative, notre gestion de stock était brainquebalante, les vols en corners ont pris une ampleur considérable, l’Allemagne et l’Espagne ont été un échec, nos relais croissance n’ont pas vu le jour, et j’en passe…On cramait trop d'argent et on ne savait pas comment. "
Damien Morin
Cette procédure de redressement judiciaire n'est pas automatique, elle n'est accordée qu'aux sociétés qui ont certes des difficultés à faire face à leurs exigences mais qui ont aussi les capacités de rebondir et de redresser la barre. Le tribunal permet ainsi à la société de souffler et de suspendre ses créances pendant la période d'observation. Alors que la prochaine audience est fixée au 6 septembre, pour statuer sur la poursuite de son activité, Save doit donc mettre les bouchées doubles. "Chez Save, nous avons notamment compris que nous devions rétablir trois piliers critiques sur lesquels nous avions échoué: Les chiffres, les process, et l’organisation", poursuit-il.
Save arrivera-t-il à sauver sa peau ? Seul l'avenir le dira, mais Damien Morin, comme à son habitude, se montre confiant :
" Nous avons une marque forte, une équipe exceptionnelle et soudée, des outils internes ultra-performants. Notre périmètre d’activité devrait nous amener sur un runway annuel de près de 40M€ d’ici la fin de l’année, rentable. Aujourd’hui, tout le monde est redescendu sur terre, pour construire une machine de guerre! "
Damien Morin
Cette "machine de guerre", Damien Morin la construit depuis 2013. Tout d'abord spécialisée dans la réparation express de smartphones, principalement dans des corners de centres commerciaux, la startup évalue rapidement le potentiel d'adresser le marché de la réparation dans sa globalité et étend son service aux tablettes et à d'autres appareils électroniques. Lors de sa levée de 15 millions d'euros auprès des fonds d’investissements Idinvest Partners et 360 Capital Partners et de business angels dont Xavier Niel, le jeune dirigeant confiait son souhait d'atteindre le millier de collaborateurs en 2016 pour "devenir un géant mondial de la réparation express." Peut-être en 2018 ?