En moins de six ans, Drivy a réussi à s'imposer comme l'un des poids lourds de l'autopartage avec un million d’utilisateurs en Europe pour 38 000 véhicules à louer. Un succès auquel son fondateur Paulin Dementhon ne s'attendait pas du tout, et sur lequel il revient pour Maddyness.
Et c'est en 2010 que tout débute. À tout juste trente ans et passionné de transport et d'innovation, Paulin Dementhon réfléchit à un service qui pourrait changer le quotidien des citadins. Il constate alors que les propriétaires de véhicules ne les utilisent que 6% de leur temps, et que cette capacité inutilisée pourrait être utile à d'autres personnes.
De Voiturelib à Drivy, en route vers l'international
Voiturelib voit alors le jour. Un service collaboratif qui permet aux particuliers de louer leur véhicule afin d'en rentabiliser les coûts. Le service, qui inclut une assurance qui couvre les locations, permet également aux non-propriétaires de louer un véhicule sur un temps donné, pour un tarif relativement bas comparé aux prix pratiqués par les loueurs professionnels. Une offre qui séduit dès le début près de 1 000 utilisateurs, pour 200 voitures à louer.
Pendant un an et demi, Paulin Dementhon va travailler seul sur sa startup, la façonner, la faire évoluer à son rythme, et ce jusqu'à l'arrivée de son binôme Nicolas Mondollot qu'il qualifie aujourd'hui même comme l'un des meilleurs souvenirs de sa startup.
Voiturelib doit alors se confronter à bon nombre de concurrents sur le marché : OuiCar, Koolicar ou encore Auto'Lib, mis en place par la mairie de Paris. Mais la jeune pousse continue son bout de chemin, consciente qu'il existe de la place pour tout le monde sur le vaste marché de l'autopartage et boucle une première levée de fonds de deux millions d’euros auprès des fonds d’investissement Alven Capital et Index Ventures, en septembre 2012, avant de changer de nom quatre mois plus tard pour devenir Drivy, synonyme de déploiement à l'international.
47 millions d'euros levés en six ans
C'est à ce moment que tout s'accélère pour la jeune pousse : de 115 000 membres en avril 2013, Drivy passe à 250 000 un an plus tard, avant de signer un nouveau tour de table de six millions d'euros auprès de ses investisseurs Index Ventures et Alven Capital.
Un investissement qui permet à l'équipe, composé d'une vingtaine de personnes, de déployer son service à l'international, à commencer par une première étape à Berlin en novembre 2014, rapidement suivie par Hambourg et Munich. S'en suivent alors le rachat de ses concurrents Buzzcar, Livop et Autonetzer, ainsi qu'un lancement en Espagne.
En parallèle et alors qu'il compte désormais 500 000 membres, Drivy boucle une troisième levée de fonds de huit millions d’euros auprès de Mobivia Groupe, du Fonds Ecotechnologies de la BPI et de ses investisseurs historiques Alven Capital et Index Ventures. Un succès que Paulin Dementhon n'aurait pas pu imaginer six ans plus tôt.
" En 2010, on avait beaucoup de doutes concernant la faisabilité du projet. Et puis à chaque étape franchie, on voit plus grand. L’ambition se fixe sur le long terme à chaque fois qu’on grandit. "
Mais l'équipe de Drivy, très attachée à l'utilisation de la technologie dans ses services, va vraiment se démarquer de la concurrence en décembre 2015. La startup, qui jusqu'ici proposait la mise en place de contrats sur mobile ou encore la signature par empreinte digitale sur le smartphone, lance alors Drivy Open, une technologie permettant d'ouvrir les portes des véhicules avec son smartphone grâce à un boîtier installé à l'intérieur de chaque voiture par l’équipe Drivy. Ce dernier permet de faire communiquer la voiture avec un smartphone. Grâce à ce système, le véhicule peut être géolocalisé et déverrouillé en quelques clics.
" C'était une énorme étape pour nous, ça faisait 5 ans que l'on y pensait, et ça nous a demandé 1 an et demi de R&D. "
Aujourd'hui et après un ultime tour de table de 31 millions d'euros auprès de Cathay Innovation, Nokia Growth Partners, Bpifrance, Via ID (Mobivia Groupe) et Index Ventures, qui devrait lui permettre de prendre de l'avance sur ses concurrents, Drivy revendique désormais 38 000 voitures de particuliers, et surtout un million d'utilisateurs sur sa plateforme. Un chiffre qui devrait rapidement continuer de croître, puisque la jeune pousse annonce aujourd'hui son lancement en Belgique, après avoir ouvert une antenne en Autriche mi-juin.
Si l’ouverture d’un sixième pays est prévue d’ici fin 2016, Drivy vise surtout les 10 millions d'utilisateurs sur les prochaines années, en partie grâce aux innovations de transformation des usages sur lesquelles il travaille quotidiennement et qui, selon lui, devraient révolutionner la propriété de véhicules.