Connue internationalement grâce à sa Spider Dress, la créatrice hollandaise Anouk Wipprecht expose aujourd’hui l'une de ses robes intelligentes au lieu du Design, à Paris. L’occasion pour Maddyness de dresser le portrait d’une des personnalités les plus influentes de cette nouvelle vague « Fashion Tech ».
Le secteur des wearables est en pleine mutation. Selon une récente étude de l’institut GfK, celui-ci aurait rapporté 140 millions d’euros en 2015, soit trois fois plus qu’en 2014. Si ce chiffre est avant tout porté par les ventes de vêtements sportifs connectés et de « gadgets » en tout genre, on voit depuis peu émerger une nouvelle tendance : celle des vêtements de mode intelligents.
Et c’est une créatrice hollandaise, Anouk Wipprecht, qui fait bouger les choses. En avance sur son secteur, qui a jusqu’ici échappé à la révolution numérique, la jeune femme crée des vêtements bardés de capteurs qui peuvent interagir avec l’environnement des personnes qui les portent en fonction de leur niveau de stress ou d’anxiété. Une nouvelle conception de l'expérience utilisateur, qui repousse les limites du rôle traditionnel des vêtements.
Passionnée par l’univers de la mode depuis son enfance, Anouk se forme aux techniques du métier avant de travailler comme styliste aux Pays-Bas. Pourtant quelques années plus tard, elle prend conscience qu’il manque quelque chose au secteur.
"Quand je travaillais aux Pays-Bas, je trouvais les matériaux ennuyants parce qu'ils n’interagissaient pas, ils ne bougeaient pas. Je me suis alors dit : et pourquoi ne pas les transformer en robots ?"
La créatrice part alors en Suède pour travailler avec David Cuartielles, l'un des fondateurs de l'Arduino, une carte à microcontrolleurs qu’elle introduira plus tard dans ses vêtements. Son objectif : faciliter leurs interactions avec l’environnement de leur porteur.
Sa « Spider Dress » en est un parfait exemple. La robe, créée en partenariat avec Intel et sa puce intégrée Edison, possède un corsage imprimé en 3D. Composée de capteurs et de bras mobiles, celle-ci permet à celle qui la porte d’établir une véritable « zone de confort » face à son environnement.
"Si quelqu’un envahit l’espace personnel du porteur, la robe attaque"
Anouk, qui cherche a élargir son champ d’application dans la Fashion Tech, base ses créations sur des partenariats technologiques afin d’intégrer de plus en plus de capteurs sophistiqués dans ses créations.
Intéressée par de nombreux domaines, elle s’est ainsi lancée dans les neurosciences en créant un chapeau en forme de corne de licorne, agissant comme une interface entre les ondes cérébrales et l’environnement. Couplé à un état de concentration élevé, prélevé par électrocardiogramme, ce chapeau permet ainsi à l'utilisateur de déclencher une capture vidéo.
"L’objectif est de développer la conscience des porteurs, de leur faire prendre conscience de ce qui déclenche leur attention et leur état psychologique associé"
Parmi ses autres créations, on retrouve les tenues interactives des Black Eyed Peace (SuperBowl 2011) ou encore une robe en cotte de maille destinée à conduire un courant électrique extrêmement puissant, réalisée avec le groupe d’artistes ArcAttack.
Plus récemment, la créatrice hollandaise a collaboré avec le constructeur automobile Audi afin de créer quatre robes intelligentes et imprimées en 3D, intégrant les éléments caractéristiques de la nouvelle Aussi A4, telles que la forme des diamants, inspirée de la calandre des véhicules. L’une d’entre elles est aujourd’hui exposée lors de l’exposition « Impression 3D, l’usine du futur » au lieu du Design, jusqu’au 9 juillet prochain.
Anouk Wipprecht veut aujourd’hui que ses vêtements soient encore plus intelligents, plus perspicaces, comme une seconde peau agissant pour le compte de l'utilisateur. Elle continue d'élargir le cercle de prise de conscience de ses vêtements, tant dans la distance physique que dans la profondeur de la perception. La jeune femme ne compte pas s’arrêter la, et préparerait un nouveau projet, aux côtés de Google.