CompareAgences permet de trouver la meilleure agence immobilière de son quartier, gratuitement et rapidement. Mehdi Amour, fondateur de CompareAgences a souhaité répondre aux questions de la rédaction.


Quel est votre constat de départ ?

"L'Immobilier est un métier de requins" ! C'est ce que tout le monde répète, et quand ma mère s'est faite passablement avoir par un agent immobilier, il y a huit ans, je n'étais pas loin de partager la même pensée. Mais c'est justement ça qui nous a motivé : une profession si opaque, si 1.0 qui faisait peur à tant de gens, mais en même temps qui générait tant de cash et représentait une si importante étape pour tous les Français, ça devait obligatoirement se faire disrupter !

Alors, parce qu'on est taquins, on s'est attelés à la tâche, et pour bien faire, on est devenus nous mêmes agents immobiliers pendant deux ans. Le fait d'avoir été de l'autre côté du miroir nous a permis de bien observer les pratiques, bonnes comme mauvaises, sortir du blanc ou noir primaire et voir comment faisaient les meilleurs agents pour tirer leur épingle du jeu. Ça nous a également permis d'auto-financer notre développement, garantir notre indépendance et ça, c'est un gros avantage. Bref, on a tout compilé, tout synthétisé et ça a débouché sur CompareAgences.com, qui est bien plus qu'un simple comparateur, qui est un outil révolutionnant la manière de vendre son bien immobilier.

Qui sont les fondateurs ?

Les fondateurs sont Arthur Cassagnau et moi-même Mehdi Amour. Amis depuis le lycée, lui a fait de la finance, quand je me tournais vers le conseil en stratégie. Et après cette expérience, trop rigide, pas assez aventureuse, nous avons tous les deux décidé de se lancer dans cette aventure comme une évidence, parce qu'on aurait rien pu faire d'autre en fait. Quand je dis rien d'autre, je parle d'entreprenariat, pas d'Immobilier ! L'immobilier effectivement, c'était un peu par hasard : Arthur devait vendre une maison appartenant à son père, alors il a fait les choses comme il fallait et ça lui a finalement plu.

Et moi, intrigué que j'étais par la mésaventure de ma mère, je me suis penché sur le métier, de plus en plus près et sans y prendre garde. J'y suis tombé et cela me ravit !

Quelle est votre solution ?

L'objectif premier, c'était la quête de transparence. Il fallait, au tout début de l'aventure récolter de la data et convaincre les agents de nous ouvrir les leurs, comme l'historique des ventes réalisées, leur chiffre d'affaires, les avis clients qu'ils avaient eus, etc. Tâche ardue au possible, tant les réactions étaient frileuses ! Mais on a persévéré, modifié le site, enchaîné les rendez-vous, affuté notre argumentaire... Et surtout, du temps a passé et c'est ce temps qui a été notre meilleur allié. Les agents ont pris petit à petit conscience que le marché se retournait, que la conjoncture était mauvaise (les agences immobilières ont été les sociétés ayant le plus fermé sur les six dernières années en France), et que les particuliers, échaudés, renonçaient à choisir des agences sur lesquelles elles ne pouvaient avoir aucune information concrète. C'était ça, les consommateurs 2.0, ils voulaient être rassurés avant de choisir, en immobilier comme au supermarché, et les agents ont dû en prendre note : le marché est devenu mature.

compareagences

Sur CompareAgences, nous offrons aux particuliers des informations inédites ailleurs. Nous avons agrégé tant de données que nous disposons désormais de la plus grande base de données relatives aux agences en France, réalisée en trois ans. Nous recensons 20 000 agences et leurs datas sur toute la France et avons 1 500 partenaires labellisés, c'est à dire qu'elles s'engagent à travailler en suivant notre exigeante charte de transparence. Parce que c'est là, le deuxième point, le plus important. Pour s'assurer que la vente d'un bien se déroulera convenablement, nous avons pris en compte tout le processus de vente, du choix de l'agence, certes, mais pas seulement, il fallait aller jusqu'à la signature de l'Acte Authentique pour juger du travail des professionnels recommandés. Et nous avons digitalisé tout ce process, via la plateforme avec des fonctionnalités inédites pour comparer, gagner du temps, etc... Et avec le nombre grandissant de datas, nous avons enclenché le développement d'algorithmes uniques au monde, pour prédire, par exemple, le délai de vente attendu en fonction du bien, du quartier, de l'agent et du prix de vente choisi. La transparence, dans l'Immobilier, enfin devenue réalité grâce au Big Data.

Quel est votre business model ?

CompareAgences est complètement gratuit pour les particuliers. Notre business model tourne autour des agences. Ce sont elles qui, lorsqu'elles vendent le bien d'un particulier avec qui nous les avons mis en relation, vont nous rétrocéder une partie minoritaire de leur commission. Un success-fee donc, qui ne fait pas augmenter la commission négociée entre les particuliers et les agences. Et comme CompareAgences ne touche sa commission que lorsque la vente est conclue, alors nous faisons tout pour s'assurer que l'agent donne le meilleur de lui-même, qu'il utilise tous les moyens marketing existants pour vendre le bien dans le meilleur délai possible. Cela permet d'identifier les professionnels peu scrupuleux qui surestiment les prix à un niveau invendable pour obtenir les mandats et, une fois ces derniers signés, se tournent les pouces en attendant les potentiels acquéreurs, après avoir mis en ligne sur une seule plateforme l'annonce du bien, avec des photos médiocres et aucune publicité ciblée. On ne compte plus les propriétaires bloqués depuis plusieurs années avec un bien invendu et qui ne comprennent pas pourquoi...

Pouvez-vous nous raconter votre plus belle anecdote de startuper ?

Des anecdotes, il y en a tous les jours. Des bonnes, des moins bonnes, des catastrophiques ! Mais la plus marrante, peut-être que ce serait le premier (gros) chèque que l'on a touché de la part d'une agence qui était notre première cliente : on l'attendait, on l'avait reçu une première fois, on avait dansé de joie, on voulait se prendre en photos avec, on atteignait un bonheur rare ! Mais on a très vite déchanté, parce qu'ils s'étaient trompés dans la virgule et que la somme était dix fois moins élevée que ce qui était facturé, on l'avait renvoyé et un mois et demi avait passé, sans rien.

On avait toujours jamais encaissé, et on perdait un temps fou à négocier avec les agences, sans succès. Le moral dans les chaussettes, c'était un euphémisme. Et finalement, le voilà qui apparait dans la boîte aux lettres. On ouvre, fébrilement, s'attendant encore à une erreur et quelle ne fut pas notre surprise de voir qu'il n'est pas tout seul, qu'il est accompagné d'une lettre, lettre qui nous propose que l'on noue un partenariat avec l'ensemble des agences du réseau, 90, d'un coup, sans autre explication ! Les joies de l'entreprenariat résumées, les hauts et les bas, quelle belle leçon de business on a reçu cette fois-là !

Quelle a été votre plus grosse galère ?

L'entrepreneuriat, c'est tellement de petites galères et de petites joies, quelques fois moins petites, additionnées jour après jour qu'on devient résistant, presque insensible. Du coup pour se protéger et rester concentrés, on se doit de rester dans la voie du milieu, la bonne vieille ataraxie et on met une couche de vernis anesthésiant sur tout, qui protège l'âme des bleus, des doutes, le bon et le mauvais sentiment, et l'on se dit que tant que l'entreprise est encore en vie, c'est que rien n'est vraiment grave. Du coup, pas de galère plus grosse que d'autres, pour le moment.

Recherchez-vous actuellement des fonds ?

Nous avons volontairement parcouru une grosse partie de route seuls avec notre argent gagné dans nos anciennes vies. Longtemps, nous avons farouchement protégé notre liberté et notre vision et cela nous a amené à refuser des deals que l'on jugeait inacceptables. Et nous gardons le même état d'esprit. Parce que nous avons fait en sorte, et continuons à le faire, de ne jamais avoir la corde autour du cou et cela passe par générer du chiffre d'affaire, ce qui nous rend très fiers. Mais nous avons une road-map précise pour nos prochains objectifs, et il va falloir aller plus vite. Et pour cela, nous cherchons les bons partenaires avec une expérience de l’immobilier et de ses spécificités, pour apporter entre 600 000 et un million d'euros.

Une actualité particulière à mettre en avant ?

Nous avons été dessus tout l'été, mais ça y est, nous venons de lancer une nouvelle version de CompareAgences, plus claire et avec beaucoup plus de fonctionnalités. En ce qui concerne les agences, nous fêtons notre 1 500ème agence labellisée. Et enfin, nous avons une grosse nouvelle à sortir pour la fin d'année, sur laquelle nous sommes depuis plusieurs mois, nous avons hâte de pouvoir en parler !

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