Présent aujourd'hui dans 14 pays - principalement en Europe - Roamler est une startup déjà bien développée, sur le secteur de la grande distribution, et plus spécifiquement sur le marché de l'analyse factuelle de la distribution. Concrètement, Roamler propose une solution pour contrôler le point de vendre grâce à une communauté présente sur mobile, qui vérifie physiquement le nombre de produis disponibles, le prix de vente ou encore le merchandising du rayon. Au total, c'est déjà 2 000 000 missions réalisées depuis sa création en 2011.


En France, l'équipe de Roamler est désormais composée d'une dizaine de personnes et a pour ambition de clôturer l'année 2015 à plus de 600 000 euros de chiffres d'affaires, et d'atteindre les 5 millions d'euros en 2018. Pour en savoir plus, la rédaction de Maddyness est allée à la rencontre d'Olivier Royon, dirigeant fondateur de Roamler France.

Quelles sont les attentes actuelles de la grande distribution ?

Dans un contexte actuel un peu tendu dans les relations de négociation entre marques et distributeurs, nous croyons fortement qu'il est indispensable de revenir à des indicateurs simples et très opérationnels pour savoir réellement ce qui se passe en magasin. La transparence semble une évidence absolue dans des domaines de l'économie de plus en plus nombreux, car on s'aperçoit qu'avoir des informations et les partager permet vraiment d'engendrer des actions d'amélioration où tous les acteurs sont gagnants.

Cette transparence, par manque d’outils adaptés jusqu’à présent sur le marché, n'est pas encore assez grande dans ce secteur. Chez Roamler, nous pensons que les marques et distributeurs ont un intérêt commun à parfaitement maîtriser la réalité "terrain" pour offrir les meilleurs services à leurs clients en commun.

Qui sont vos clients et qu'ont-ils retenus de votre collaboration ?

La typologie de nos clients est très variable : ce sont principalement des marques de grande consommation dans les univers boissons, alimentation, beauté, bricolage, musique ou jeux vidéo. Dès lors que les produits d'une marque sont vendus dans un magasin qui ne leur appartient pas, il y a un enjeu pour savoir ce qui s'y passe pour mieux travailler en collaboration avec le distributeur.

Nous  commençons aujourd'hui à offrir nos solutions aux distributeurs également. On s'aperçoit que la très grande majorité de nos clients est assez étonnée de nos résultats. Ils se rendent compte que la perception qu'ils avaient du terrain n'est pas exactement celle que nous constatons "sur le carrelage" (en magasin). Or, si vous vous trompez de diagnostic, il est difficile de prendre les bonnes décisions. Il est donc très important aujourd'hui pour nos clients de se réapproprier les données que nous leur fournissons pour leur permettre d'enclencher des actions plus efficaces pour améliorer leur distribution, et donc leurs ventes.

Comment vous situez-vous face à la concurrence ? Quelle est la réalité du terrain ?

Le secteur évolue très vite. C'est la preuve que les acteurs du marché ont besoin de revenir à des indicateurs simples. À l'heure de la big data qui explose principalement dans les univers digitaux, nous revenons finalement à de la "Small Data" : des indicateurs très simples, très facile à traiter, mais extrêmement opérationnels et donc hyper ROIstes.

Chez Roamler, nous nous efforçons de traiter les données récoltées pour les rendre les plus simples possibles. Ainsi, nos clients peuvent connaître en quelques dizaines de secondes à la lecture de nos résultats où ils ont une marge de progression facilement activable. En fait, plutôt que de délivrer des milliers de photos et de chiffres, on allume quelques indicateurs clés en rouge pour dire : voilà les points que vous avez traité sur votre distribution aujourd'hui pour très rapidement avoir un levier sur votre chiffre d'affaires.

Croyez-vous à l'ère phygitale qui est en train de se mettre en place ?

Non seulement nous y croyons mais nous la constatons, et nous ressentons même le besoin pour tous les acteurs du marché d'agir rapidement dans ce domaine. Mais aujourd'hui, tout le monde y va, avec une plus ou moins grande conviction. Leclerc annonce des investissements très forts dans ce secteur par exemple. En tout cas, nous ne pensons pas que c'est une mode, mais une réponse nécessaire au besoin des clients, qui sont de plus en plus connectés. Le marché a finalement répondu, plutôt en décalage d'ailleurs à la réalité de l'usage des clients et utilisateurs des technologies digitales. 76% des personnes en magasin utilisent leur smartphone... si vous êtes le point de vente en question, vous avez plutôt intérêt à y penser.

Le mobile est un secteur encore extrêmement sous-investi par rapport au temps passé sur ce "media" par les consommateurs. Nous sommes certains qu'il y a encore de nombreux modèles qui vont prendre vie pour continuer à renforcer ce lien entre consommateur - marques et distributeurs. Une chose primordiale à prendre en compte dans ce développement, c'est la dimension locale !

Le digital est un média extrêmement géolocalisé dans son mode de fonctionnement, le mobile en est probablement son aboutissement le plus fin à date... et il ne faut pas oublier que vous ne ferez pas 200 kilomètres pour aller faire vos courses pour vos besoins du quotidien. Il y a donc une vraie logique à traiter ce lien localement. C'est ainsi que le phygital prendra un essor encore plus grand, et proposera un modèle encore plus pertinent pour les consommateurs.