Maddyness met en avant tous les mois, un entrepreneur du secteur culturel qui révolutionne le secteur. Le troisième de cette série de portrait, Jean-Charles Dufeu, fondateur de Microcultures, une startup hébergée à Créatis - la résidence d'entreprises culturelle de la Gaîté lyrique, se prête au jeu et nous parle d’une startup spécialisée en crowdfunding pour artistes indépendants. Envie d’en savoir plus ? Microcultures vient justement d'annoncer avoir l'exclusivité sur la production du nouvel album de The Apartments, un groupe australien que certains considèrent comme les "Beatles de l'indie", l'occasion de jeter un oeil sur cette nouvelle startup ?


Tu peux nous faire une courte présentation de l’équipe ?

  • Khuong Nguyen - directeur artistique à la vision perçante, ancien des Gobelins, photographe renommé. Aime les nuits blanches et les solutions de design inespérées.
  • Jean-Philippe Thivet - monsieur marketing, douze ans d'expérience en maison d'édition, consultant spécialisé en affaires culturelles. Aime les contrats de trente pages et les tableaux excel.
  • Guillaume Sautereau - directeur technique, encyclopédie de la pop et chef de projet web. Aime collectionner les disques et surveiller les lignes de codes.
  • Vincent Le Doeuff - accoucheur de projets, sait parler le langage des artistes avec patience et sérénité. Aime les plans qui se déroulent sans accroc.
  • Louise Denizard - responsable promotion tout terrain, joker en gestion de projet. Aime les chansons tristes, le hip-hop et les questions administratives.

Microcultures, c’est quoi ?

Microcultures c'est beaucoup de choses à la fois. Mais pour dire les choses le plus simplement possible, c'est d'abord une structure de production artistique, qui implique directement les fans dans le financement de ses projets. On mêle une démarche de label indépendant à différentes prestations de services à la carte, pour accompagner les artistes. Ces prestations comprennent entre autres le crowdfunding. Notre volonté c'est de donner aux artistes les moyens de réaliser concrètement leurs ambitions et leurs oeuvres, au-delà du financement, qui n'est chez nous que la première étape.

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Qu’est-ce ça signifie pour toi être un "entrepreneur culturel" ?

Ça signifie croire en un modèle qui reste à inventer, avancer par la force de la volonté plutôt que celle de la raison, savoir trouver des gratifications autres que financières, être capable d'avoir raison quand tout le monde a tort (et réciproquement), frapper à beaucoup de portes qui vont rester fermées.

Mais savoir aussi forcer certaines d'entre elles, s'entêter à continuer quand tout pousse à arrêter, défricher des terrains inexplorés en dépit de toutes les recommandations, se tromper souvent de direction, trouver des itinéraires meilleurs que ceux qu'on avait prévus... et finalement construire quelque chose dont on ne soupçonnait même pas l'idée initialement. Un sacré programme.

"Entrepreneur culturel, ça signifie croire en un modèle qui reste à inventer" Jean-Charles Dufeu

La culture fait-elle sa révolution ?

Je ne crois pas. La culture fait son évolution, comme elle l'a toujours fait. Les choses bougent très vite sur le plan culturel comme sur beaucoup d'autres plans. Le fait qu'internet soit devenu un medium de diffusion naturel de la culture démultiplie les possibilités. Les modes de consommation changent et l'industrie culturelle n'a pas le temps de s'adapter aux nouvelles habitudes des gens.

En soi, c'est presque une bonne nouvelle : les opportunités sont tout aussi pléthoriques que les problèmes engendrés par tous ces changements.

Quelque chose est indéniablement en mouvement, mais c'est bien le propre des choses artistiques que de ne pas stagner. On ne sait pas encore où tout ça va nous mener, mais je crois qu'il n'y a rien de plus normal à ça. Je ne suis pas sûr que, dans deux siècles, on considèrera le début du troisième millénaire comme le moment où tout a basculé sur le plan culturel.

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Le choix de Créatis

C'est un choix qui s'est fait de façon très naturelle par un concours de circonstances. C'était la bonne rencontre au bon moment. Creatis était avant tout une opportunité de sortir de l'environnement limité dans lequel j'évoluais jusqu'alors (une chambre d'amis un peu exigüe), de structurer mon quotidien et de professionnaliser la démarche. La connexion avec la Gaieté Lyrique n'était pas indifférente dans ce panorama. C'est un lieu qui a le potentiel d'un partenaire pour tout un pan de notre activité. Et les lieux, les personnes m'ont tout de suite inspiré confiance. J'ai bien fait parce ça s'est rapidement soldé par l'obtention d'une première subvention.