C'est en juillet dernier qu'avait eu lieu l'événement SmartCamp organisé par IBM, dans les locaux d'Euratechnologies à Lille. La journée avait été marquée par les interventions d'Adrien Nussembaum, fondateur de Mirakl, Alex Depledge, jeune entrepreneuse anglaise qui a fondé Hassle et Stefano Cutello, un italien à la tête de Pastbook. Le grand gagnant de l'édition 2014 est SecludIT aura l’opportunité de suivre un programme de mentorat et un accompagnement dédié de la part d’IBM.
A cette occasion, Maddyness a échangé avec Samuel Pavin, le Marketing Manager & Startup Program Leader d'IBM.
Quelles leçons tirez-vous de la dernière édition du SmartCamp 2014 ?
On tire plusieurs leçons ou, tout au moins, quelques confirmations. En premier lieu, nous avons des partenaires fidèles qui, pour certains, nous accompagnent depuis les premières heures du programme Global Entrepreneur et événement SmartCamp. Des gens comme Philippe Herbert (Banexi Ventures) et des organisations comme Réseau Entreprendre et Ubifrance par exemple. Ensuite, il y a un intérêt toujours croissant de l’écosystème pour notre événement. C’est un constat très positif que l’on fait année après année et sur lequel on peut capitaliser et construire pour les éditions à venir.
Par ailleurs, nous avons procédé à une évolution majeure cette année en organisant cet événement en langue anglaise uniquement. Ce avec la volonté de donner à notre événement une dimension internationale plus forte mais aussi faciliter le partage et la visibilité pour les intervenants tout en ouvrant la journée à des candidats, participants et speakers étrangers. Une évolution en forme de pari mais allant dans le sens de l’événement qui veut, entre autre, promouvoir des startups françaises à se développer et croître à l’international.
Au final, c’est un pari plutôt réussi dans le sens où nos speakers étrangers (Stefano Cutello - PastBook - et Alex Depledge - Hassle - ) ont mis le feu. J’ai également eu des feedbacks très positifs de la part du public sur le fait d’organiser un événement entièrement en anglais, en France. Au-delà du positif, je retiens surtout le challenge qui nous est également proposé. Très bien résumé par un “startuper" de l’audience lors d’une discussion post-événement : “Au vu de la qualité de l’événement et des speakers, vous auriez dû avoir 500 - ou 1000 - personnes dans la salle”. Or nous n’avons pas eu 500 personnes - auxquelles j’aurais fait de la place sur scène si besoin. Un événement “in English”, en France, n’est pas encore standard.
Donc, le challenge aujourd’hui et pour les événements à venir c’est de reprendre ce format, de viser encore plus haut en termes d’organisation et, surtout, d’avoir ces 500 personnes dans la salle; voire 1000 ou plus encore.
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L’orientation très « cloud » des startups était-elle une volonté (comme SecludIT qui a justement remporté le SmartCamp) ?
Il n’y avait pas de volonté particulière de mettre en avant la dimension cloud dans l’événement si ce n’est le propos sur IBMBluemix et les présentation et démonstration de WellFundr et Simplicité Software. Pour le reste, je pense qu’il s’agit tout simplement de l’illustration du marché et du positionnement des startups aujourd’hui.
Le cloud - de manière générale - reste un outil de gestion pour une société qui débute en ce sens que la dépense initiale d’équipement, puis le “scaling”, peut être limitée voire reportée sur les contrats clients. Cela confirme, cependant, le fait que les startups sont entrées de plein pied dans l’ère du cloud. Voire sont nées avec. On ne voit donc pas - ou peu - de modèles plus traditionnels.
Au contraire, pour certaines startups, le modèle cloud est considéré comme standard et une offre en version licence est une alternative proposée pour répondre à des cas particuliers. L’exact contraire de nombre d’éditeurs de logiciels traditionnels qui, pour certains, sont encore en phase de transition.
Concrètement,qu'est-ce que Global Entrepreneurs peut apporter aux startups ?
Global Entrepreneur, de base, ce sont quatre piliers :
- Technologie
- Business
- International
- Marketing/communication
SmartCamp s’inscrit principalement dans le dernier pilier. Au travers de l’événement il s’agit de mettre en avant les startups et leur donner une visibilité accrue. Avec, en plus, l’opportunité de rencontrer des représentants des diverses composantes de l’écosystème entrepreneurial. Et pour le lauréat une dimension internationale en participant à la finale européenne d’IBMSmartCamp.
De manière plus générale, pour les startups membres du programme, nous mettons à disposition diverses ressources en lien avec ces piliers (accès gratuit au catalogue de logiciels IBM, échanges avec des commerciaux, équipes en charge du “business development”, mentions sur nos réseaux, participation à des salons aux côtés d’IBM, etc … ). Il n’y a pas nécessairement un cheminement standard puisque chaque startup a des besoins particuliers, un marché spécifique et un degré de développement différent.
De fait, nous avons plutôt une approche que je qualifie régulièrement d’artisanale dans le sens où nous prenons le temps de définir, avec chaque startup, les besoins, les liens techniques et commerciaux, les axes de travail, etc. En gros, le business plan de notre collaboration.
Qu'est-ce qui a changé dans les relations entre les grands comptes et les startups ?
Tout. Si l’on compare la situation d’aujourd’hui à celle d’il y a 10 ans. Il y a encore quelques années, une startup n’existait pas dans le lexique de beaucoup de grandes entreprises. Aujourd’hui “startup” est quasiment devenu un “buzzword” dans ces mêmes sociétés. Il y a eu une évolution forte qui a vu les startups passer du statut de petite entreprise de niche à celui de partenaire de croissance.
Nous l’avions évoqué par le passé mais, dorénavant, les startups peuvent envisager d’échanger avec les grands groupes. Et ces derniers continuent de se rapprocher des startups. La forte croissance des programmes de partenariat, des fonds, accélérateurs, etc., lancés par des grands groupes ces dernières années le démontrent. Pour aller encore plus loin, aujourd’hui, les grandes entreprises ont besoin des startups. Ces dernières portent les innovations et le business de demain.
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Comment voyez-vous ces relations dans les prochaines années ? (et notamment via votre programme ?)
De manière certaine, ce sont des relations qui vont continuer à se développer et se structurer. Pour le moment, les échanges entre startups et grands groupes restent un peu “patauds". Ce sont deux mondes qui se rencontrent et quand les interlocuteurs n’ont pas l’expérience du business de l’autres, on comprend qu’il y a encore un peu de travail à faire des deux côtés pour normaliser les choses. Pour illustrer, on en est au statut du tenez-vous d’ados ou du premier baiser. Un peu hésitant, un peu timide mais terriblement excitant. Ces relations ne sont pas encore entrées dans l’age adulte.
Et c’est, je pense, le futur pour les années à venir. Une croissance et une normalisation de ces relations. C’est d’ailleurs également le futur dans le cadre de notre programme avec une attention croissante portée aux startups - à tous les niveaux de l’entreprise - et des démarches visant à accroître notre présence auprès des startups. Plus de face à face, plus de présence locale (régionale) et auprès des représentants de l'écosystème et la volonté, également, d’étoffer notre programme et nos structures à l’image de l’accélérateur Alpha Zone en Israel.
Une première étape dans ce sens a été IBM SummerCamp, récemment. Un événement en forme d'université d'été des forces commerciales IBM au programme duquel a été intégré un challenge de pitchs de startups lors duquel s'est mis en valeur Crazylog, l'un des finalistes de SmartCamp. Cela illustre cette ouverture de plus en plus forte où des startups et diverses composantes d'une grandes entreprise se retrouvent et interagissent dans un même environnement.
Ensuite, il y a un intérêt toujours croissant de l’écosystème pour notre événement. C’est un constat très positif que l’on fait année après année et sur lequel on peut capitaliser et construire pour les éditions à venir. Par ailleurs, nous avons procédé à une évolution majeure cette année en organisant cet événement en langue anglaise uniquement. Ce avec la volonté de donner à notre événement une dimension internationale plus forte mais aussi faciliter le partage et la visibilité pour les intervenants tout en ouvrant la journée à des candidats, participants et speakers étrangers.
Une évolution en forme de pari mais allant dans le sens de l’événement qui veut, entre autre, promouvoir des startups françaises à se développer et croître à l’international.
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