Nouveau fonds sur la place, Breega Capital veut injecter 25 millions d'euros d'ici la fin de l'année dans l'économie de française pour résoudre un problème hexagonal bien connu : la "vallée de la mort" du financement. Point de vue international et raison d'être de ce fond, François Paulus revient sur le lancement de Breega Capital et son ADN pas comme les autres.[hr]
Pouvez-vous nous parler de ce fond?
Lancée en mars 2013, Breega Capital est une nouvelle société de capital risque finançant les entrepreneurs de l’économie numérique confrontés à ce qu’on appelle en France la "vallée de la mort" alors qu’ils ont déjà fait leurs preuves en générant un peu de chiffre d’affaires. Cette tristement fameuse vallée désigne le besoin de financement, compris entre 500 000 et 2 millions d’euros que les entrepreneurs ont du mal à satisfaire car trop faible pour susciter l’intérêt des grands fonds d’investissement et trop important pour être comblé par des business angels.
Aux Etats-Unis, une fiscalité avantageuse implique la création d’un cercle vertueux. Les salariés de Facebook, Google ou Apple qui ont fait de petites fortunes sont par exemple fiscalement incités à ré-investir leur argent dans des startups de la Silicon Valley, générant le dynamisme et les emplois que l’on sait. En France l’incertitude fiscale ne facilite que très peu le financement des startups, entraînant bien souvent le départ d’entrepreneurs qui ont réussi.
"Aux Etats-Unis, une fiscalité avantageuse implique la création d’un cercle vertueux" François Paulus
C’est dans le but d’inverser cette tendance que Maximilien Bacot, Benoît Marrel et moi-même avons décidé de créer Breega, un fond regroupant de nombreux investisseurs/entrepreneurs de renom comme Marc Deschamps et Laurent Grimaldi (venture partners) ou encore Pierre Barnabé, Michel Combes, Jean-Pierre Dumolard, Frank Esser, Charles-Henri Filippi, Gabrielle et François Gauthey, Joan Giacinti, Azmina & Nassir Goulamaly, Théodore Martin-Martin, Michel Paulin, Frédéric Potter, Michel de Rosen, Serge Schoen, Serge Tchuruk et Jacques Veyrat.
L’ADN qui nous rassemble, c’est cette volonté d’entreprendre et de concourir à la création de startups florissantes !
Avec un objectif de 25 millions d’euros d’ici la fin de l’année dont la moitié est déjà levé, Breega Capital cible spécifiquement les startups confrontées à cette vallée de la mort (ou equity gap) cherchant donc un premier tour de financement professionnel entre 500 000 et 2 millions d’euros et pouvant faire preuve d’un minimum de chiffre d’affaires.
Côté portefeuille, Breega Capital vient de boucler son premier investissement via une prise de participation significative de 750 000 euros dans Clic and Walk, startup basée à Tourcoing (leader européen de la collecte et agrégation de données marketing en temps réel) afin de l’accompagner dans son développement en France et à l’international. Cette startup, dont l’application mobile permet à tout possesseur de smartphone de réaliser des missions rémunérées et ainsi de collecter en temps réel des données marketing terrain fiables pour le compte de grandes marques ou de distributeurs, coïncide parfaitement avec notre stratégie.
Pourquoi avoir ouvert une possibilité d'investir via le Luxembourg?
Au contraire de nombreux pays comme la Suisse ou le Luxembourg où la stabilité fiscale à long-terme fait office de principe politique, la France se caractérise par une politique fiscale fluctuante, loin d’apporter de la sérénité à des entrepreneurs ainsi qu’à des investisseurs. Cet état de fait a conduit nombre d’investisseurs potentiels à s’exiler fiscalement.
Breega est un fond français, basé à Paris. Toutefois, nous avons été contraints bien malgré nous de créer un feeder au Luxembourg afin de rassurer ces français qui quittent la France ou ces étrangers qui souhaitent y investir. La création d’un feeder au Luxembourg vise ainsi à cibler ces investisseurs qui aujourd'hui ne veulent plus avoir affaire à l’Etat français mais qui gardent en eux une certaine fibre patriotique, en souhaitant financer des startups françaises, et qui sont surtout convaincus de la qualité technique et créative des entrepreneurs français.
Comment les Français de l'étranger perçoivent-ils la situation des startups en France?
La France bénéficie d’un tissu d’ingénieurs compétents et créatifs, reconnus dans le monde entier. Certaines startups américaines de premier plan telle que LinkedIn ont même été cofondés par un de nos compatriotes ! Hormis le critère fiscal déjà évoqué plus haut, notre pays dispose de toutes les cartes en main pour que prospèrent sur son territoire les entreprises spécialisées dans les technologies numériques. Les français de l’étranger ont conscience de cette situation et c’est pour cette raison qu’ils continuent de s’intéresser à nos startups, dont ils perçoivent tout le potentiel. Breega Capital leur offre alors une solution optimale pour qu’ils puissent investir dans celles-ci.
Et le mouvement des pigeons?
Le mouvement des pigeons a été salutaire. Il faut se souvenir qu’à cette époque tout semblait bloqué. Plus personne ne voulait mettre un sou en France et nombre d’entrepreneurs considéraient qu’il n’était plus possible d’y développer un projet.
"On note depuis quelques années un regain d’intérêt majeur pour les startups françaises" François Paulus
Le retour des investisseurs dans des sociétés françaises est-elle un signe positif pour notre économie?
C’est en effet un signe plus que positif ! On note depuis quelques années un regain d’intérêt majeur pour les startups françaises. C’est premièrement la reconnaissance du travail fourni par nos écoles d’ingénieurs et de commerce qui ont su développer de nombreux programmes autour de l’entrepreneuriat. C’est ensuite la reconnaissance d’un véritable génie français qu’on ne sait expliquer mais qui s’épanouit au mieux dans l’environnement startups.
L’arrivée d’investisseurs va alors leur permettre d’exprimer tout ce potentiel en se déployant, notamment à l’international. Ces investissements ne peuvent donc qu’être un signe positif pour notre économie. Ils se font toutefois trop rares et beaucoup de startups n’arrivent pas à se développer, à embaucher ou à concrétiser des idées formidables, tout cela parce qu’elles sont sous un plafond de verre financier.
Breega vise ainsi à briser ce plafond de verre : c’est la mission que nous nous sommes fixés avec mes associés Maximilien Bacot et Benoît Marrel qui sont d’ailleurs représentatifs de ces français trentenaires réjouissants qui croient farouchement dans l’entrepreneuriat français !