Le modèle du YCombinator a largement été essaimé en Europe. Retour rapide sur cette nouvelle mode de financement à succès auprès des start ups, tout en soulignant les limites de ce modèle et ses perspectives.
Un modèle unique de financement de startups
En 2005, le YCombinator (YC) a propulsé un nouveau modèle d'investissement dans les start ups. Deux fois par an, le réseau du YC investit un ticket moyen de 18K$ dans un grand nombre de start ups (84 sur la dernière promotion). Ces startups sont immédiatement envoyées dans la Silicon Valley pour 3 mois, période durant laquelle elles sont affûtées et remodelées de façon à préparer le meilleur pitch possible. Chaque cycle se termine par un "Demo day" durant lequel les startups présentent leur projet à un parterre très large d'investisseurs. Depuis 2005, le YC a financé 460 startups dont certaines très connues : Reddit, Xobni, Dropbox, Sribd, ou encore Airbnb et a évidemment essaimé le concept aux US et en Europe.
L'essaimage Européen
Depuis 2009, un certain nombre d'"accélérateurs" ont vu le jour un peu partout en Europe : SeedCamp (UK 2007), Springboard (UK 2009), Startupbootcamp (Danemark 2009), HackFwd (Allemagne 2009), et plus récemment Gamma Rebels (Pologne 2011), Startup Highway (Lithuanie), Rockstart (Amsterdam 2012) et beaucoup d'autres. Les accélérateurs reprennent bien souvent le modèle simple et efficace du fameux YC de la Silicon Valley mais pas toujours exactement.
En France, la première initiative en matière d'accélération a été celle du Camping (2010), notre partenaire, qui a fêté le closing de sa troisième promotion il y a peu et dont les start ups ont déjà été présentés sur notre support. Depuis, d'autres incubateurs ont vu le jour comme Dojoboost ou l'Accélérateur - lancés par les serials-entrepreneur John Lewis et Michel de Guilhermier. Ou encore plus récemment NextStars, qui vient de lancer son service. Il y a de la place pour tout le monde.
Pourquoi ce modèle séduit il autant les startups et les investisseurs ?
En quelques mots, un accélérateur apporte tout ce dont ont besoin les petites entreprises innovantes menées par des "jeunes" entrepreneurs (au sens large). Qu'il s'agisse de l'investissement de départ, même si souvent minime, des conseils sur leurs business et leurs produits ou de la mise en relation avec de futurs investisseurs, les accélérateurs apportent leur image et leur crédibilité. Outre ces aspects très business, la formule d'accélération permet également de travailler avec d'autres start ups qui, même avec la recrudescence des espaces de coworking, permet de rencontrer et de travailler avec d'autres entreprises sur des problématiques bien proches. Enfin, le cadre et la pression que procure l'effervescence d'un programme d'accélération implique de faire preuve d'une grande discipline, ce qui est un argument motivant pour de nombreuses startups.
De leur coté, les investisseurs ne sont pas en reste. La mise initiale n'est pas élevée et ils ont la possibilité d'être stimulés par de nombreux projets avant de procéder à une vraie levée de fonds. Cela dit, le modèle ne convient pas à tous les business et à tous les entrepreneurs.
Quelles alternatives aux programmes l'accélération ?
Toutes les start ups n'ont pas besoin de levée de fonds initialement mais il est rare de pouvoir lancer son activité sans moyens. Voilà un petit tableau de ce qu'il peut se faire, rien de transcendant me direz vous, et bien oui. Les programmes d'accélération ne s'intéressent qu'à des startup très "early stage", par conséquent, s'il n'y a pas d'accélération, la start up est directement propulsée chez les VC !
Voilà d'autres éléments de financement early stage très classiques :
Quel avenir pour ce modèle d'investissement : limites et futur...
Malgré un retour souvent positif des parties prenantes, les accélérateurs ont également un certains nombre de détracteurs. Premièrement, les accélérateurs n'ont pas toujours une logique de construction à long terme et contribuent à créer de petites sociétés rentables mais pas forcément capable de croître et devenir autonomes (quid d'un futur Google ou Facebook en France).
“You know what I’m tired of? Rich guys launching start up accelerators so they can rip off new start up founders.” Ryan Carson
Ensuite, les prises de participation au capital ont toujours été sujet à controverses, et pour cause. Certains accélérateurs n'apportent aucuns fonds et réclament 20% de capital, ce qui amène certains à parler de vol. C'est généralement une offre à prendre ou à laisser.
En tout état de cause, ces critiques prouvent bien que le modèle n'est pas sans problèmes et qu'il nécessite une analyse minutieuse. Une chose est sûre, l'un des principaux facteurs contribuant à la réussite future des accélérateurs sera la façon dont les fondateurs actuels de start ups seront à même de répliquer leurs apprentissages - en contribuant aux communautés d'alumni, devenant mentors à leur tour puis pourquoi pas investisseurs.