En plein tour du monde pour découvrir les nouvelles tendances de l'entrepreneuriat - que l'on peut retrouver sur l'Entreprise au fil de son voyage - Thibaud Clement nous livre ses sentiments et ses plus belles découvertes. Si la démarche est aussi personnelle, pour se construire et surtout consolider son propre projet de start up, ouvrir son point de vue et observer d'autres marchés est une des clés de succès d'un concept :
#1 On va d'abord commencer par te demander de te présenter...
Thibaud, 24 ans.
Globe-trotter, blogger, entrepreneur.
Diplômé de Grenoble Ecole de Management en Marketing.
Diplômé de l'Ecole de Gestion Telfer en Stratégie, Ottawa (MBA).
Passionné de course à pied, de photographie et de kite surf.
#2 Comment t'es venu l'idée de ce voyage?
En juin 2011, alors que je terminais le parcours MBA de l'Université d'Ottawa, j'ai eu la chance de participer à un projet de consulting avec la société Shopify, solution eCommerce SaaS, dont le but était de planifier l'expansion internationale de la start-up.
Cela m'a donné l'occasion de travailler dans le secteur de l'eCommerce et d'y prendre goût. Ce domaine est au carrefour de ma formation en marketing et en stratégie, de mon intérêt pour le web et de mon envie d'entreprendre. Simultanément, cela m'a aussi fait prendre conscience de tout ce que j'avais besoin d'apprendre en la matière.
Ayant profondément envie de voyager, j'ai décidé de mettre sur pieds un projet me permettant d'accumuler des connaissances, de rencontrer des professionnels du web à l'étranger et de découvrir des nouvelles façons de faire. C'est ainsi qu'est né le Projet DODEQA : 12 mois, 12 villes, 12 objectifs.
#3 Décris nous un peu le parcours que tu as fait jusqu'à présent...
La première partie du voyage s'est déroulé en Asie, pendant cinq mois, entre Pékin, Séoul, Tokyo, Hong Kong et Bangkok. J'ai ensuite passé deux mois en Australie, à Sydney et à Melbourne. Je suis arrivé il y a deux semaines aux Etats-Unis, où je vais séjourner à San Francisco et New York après un stop-over à Los Angeles pour des raisons personnelles. Je terminerai mon voyage par trois mois en Amérique Latine, en passant par Santiago, Buenos Aires et Sao Paulo, avant de revenir en France pour les fêtes de fin d'année.
Jusqu'à présent, j'ai lancé deux projets tests - Friends, Family & Fools et Candyscovery - pour comprendre concrètement ce que cela signifie de gérer un site eCommerce. J'ai également participé à la conférence TEDxYouth@Krungthep à Bangkok où j'ai partagé mon idée de la Valeur du Temps. Depuis le mois de février, je travaille avec L'Entreprise et partage mon expérience sous forme de diaporamas et de portraits d'entrepreneurs.
#4 Quelles étapes t'ont particulièrement marqué? Pourquoi?
Pékin était la première étape du périple et a servi de laboratoire, afin de m'adapter à ce nouveau mode de vie : organisation du travail, recherche de contacts, prise de rythme pour la publication sur le blog. Passer un mois en Chine m'a permis de constater à quelle vitesse le pays se développe mais également de prendre connaissance d'une partie des difficultés que rencontrent les entrepreneurs étrangers au quotidien : loin d'être un El Dorado, l'économie chinoise me semble en réalité être un environnement du type high risk, high reward.
Bangkok est à ce jour mon coup de coeur, aussi bien pour le style de vie plaisant qu'offre la ville que pour le dynamisme économique qui anime le pays. J'ai pu rencontrer de nombreux entrepreneurs aux parcours très variés et participer à des événements enrichissants tels que des High-Tech Meetups. Elément fascinant, la Thaïlande constitue aujourd'hui une plateforme de départ pour des entrepreneurs et des entreprises souhaitant s'étendre géographiquement au reste de l'Asie du Sud-Est.
#5 Quelles sont pour toi les principales différences entre la scène entrepreneuriale française et les autres?
Une chose en particulier : le langage. Si, lorsque l'on interroge les entrepreneurs français sur leurs stratégies d'expansion future, une majorité répond "l'internationalisation", j'ai tendance à constater une offre des start-up françaises exprimée essentiellement dans la langue de Molière.
A l'inverse, dans la plupart des pays que j'ai visités, de nombreuses start-up se lancent et proposent par défaut leurs services dans la langue locale ET en anglais. Parfois dû à des composantes historiques, comme à Hong Kong, il s'agit à mon sens dans beaucoup de cas d'une ouverture prédéfinie vers d'autres marchés.
#6 Tant de différences ou beaucoup de points communs entre les pays?
Sans surprise, on peut observer des grandes tendances communes à tous les pays : l'explosion des taux d'équipement pour les TIC, le boom d'internet, des réseaux sociaux et du commerce en ligne et surtout, le développement rapide des technologies mobiles. Bien évidemment, chaque pays progresse à son rythme, mais tous semblent évoluer dans la même direction : la Corée du Sud a mis en place un des réseaux internet les plus rapides au monde, le Japon est très avance sur le mCommerce et l'Australie surf sur la vague du commerce électronique.
#7 Un conseil que tu dégagerais de tout ça?
Une chose me semble primordiale : la convergence technologique mentionnée précédemment ne gomme en rien les spécificités culturelles de chaque pays. Au contraire, elle les amplifie. Pour entreprendre - et réussir - à l'étranger, quelque soit le pays, il est crucial de comprendre la culture locale et ses nuances : traditions, habitudes, comportements.
Que ce soit en s'associant avec un partenaire local, par expérience professionnelle ou par connaissance personnelle, tous les entrepreneurs que j'ai rencontrés ont très clairement mis en avant le caractère décisif d'une bonne compréhension de la culture du pays et du marché visés. Cela est valable aussi bien dans des pays orientaux comme la Chine ou la Thaïlande que dans des pays occidentaux comme l'Australie ou les États-Unis.
#8 Quel pays semble le meilleur pour toi, pour monter sa startup?
C'est véritablement la question à laquelle j'essaie de répondre à travers mon projet !
Chaque pays comporte son lot d'avantages et d'inconvénients, avec lesquels il faut composer. Par exemple, à Hong Kong la fiscalité est très avantageuse mais les aides pour les créateurs en sont encore à leurs balbutiements. En France, la fiscalité est moins favorable mais de nombreux dispositifs sont en place pour accompagner techniquement, administrativement et financièrement les entrepreneurs. En Australie, en Thaïlande, ou aux Etats-Unis se pose la question du visa.
Après huit mois de voyage et d'investigation, j'en arrive à la conclusion - provisoire - qu'il n'y a pas dans l'absolu de pays meilleur que les autres pour monter sa start-up. Il est en revanche nécessaire de mettre en perspective sa capacité de financement, sa connaissance du marché cible et sa liberté administrative avec les caractéristiques du ou des pays considérés pour faire le meilleur choix relativement à sa situation personnelle.