C'est au tour de Patrick Hannedouche de répondre à nos questions. Ce business angel de 55 ans, qui est le fondateur de business angel France et aussi membre du réseau Entreprendre et de Paris Business Angels, nous explique ce qu'il pense des levées de fonds et de l'entrée des business angels dans une startup.
#1 On va d'abord commencer par te demander de te présenter...
Bonjour, je suis Patrick Hannedouche, 55 ans. Entrepreneur, j’ai créé Juste à temps, le cybermarché du bureau en 1990. Business Angel depuis 2006, j’exprime mes idées et je transmets mes conseils sur Business Angel France.
Après le lancement réussi de Juste à temps, j’aurai adoré créé d’autres entreprises. Par contre, je ne suis pas sûr que ma femme aurait apprécié ! J’ai donc œuvré (par procuration) en devenant business angel. J’ai débuté ma formation chez Paris Business Angels où je suis aujourd’hui administrateur.
Notre aide se situe à deux niveaux principaux :
- l’apport de cash, généralement dans le capital de l’entreprise, pour financer son développement.
- l’accompagnement de l’équipe, principalement sous forme de conseils (gratuits) et de mises en relation.
Les BA sont un des maillons de la chaîne de financement des startups. Ils sont selon moi un très bon aiguillon pour un créateur d’entreprise. Un exemple ? Après quasi 20 ans de vie solitaire au capital de Juste à temps, j’ai fait rentrer un business angel et je peux vous dire qu’il m’a bien boosté avec par exemple une croissance de 23% en 2011.
Personnellement, je ne suis pas un partisan inconditionnel des levées de fonds. Avant d’en faire une, je conseille de faire le tour des (trop) nombreuses autres possibilités : subventions, prêts d’honneur type Réseau Entreprendre… Ensuite, cela dépend de deux critères :
- le besoin d’accompagnement = l’argent intelligent. Je peux vous dire que quand j’interviens dans une startup, c’est pour mouiller la chemise aux côtés de l’équipe. Et votre boite vaudra plus si elle est bien accompagnée que si vous végétez dans votre coin.
- les besoins de trésorerie liés au « time to market ».
Attention, ne vous faites pas diluer trop vite.
#6 Comment séduire un BA ?
Je mettrai en avant quatre conseils :
- soyez transparent : que la situation de votre startup soit meilleure ou moins bonne (ce qui est plus souvent le cas…) que le prévisionnel, dites-le en envoyant régulièrement votre reporting.
- remettez-vous en cause : si frais émoulu de votre business school, vous croyez tout savoir, alors ne faites pas perdre leur temps aux business angels.
- vendez-vous : pour ma part, je reçois des centaines de dossiers par an ; aussi inutile de vous dire que la niaque des startuppers fait souvent la différence.
- challengez-les : les business angels adorent donner des conseils !
La levée de fonds ne doit en aucun cas être la pensée unique dans les startups ! Quand j’ai créé Juste à temps, je n’ai pas fait de levée et je m’en suis très bien porté. Tout simplement, je me suis concentré sur ma tréso et notamment le délai de règlement de mes clients. Et aujourd’hui, avec 5 millions d’€ de CA, je suis toujours en autofinancement. Clairement, une levée de fonds et l’arrivée massive de cash peuvent donner de mauvaises habitudes aux startups ; pour moi, une jeune entreprise doit fonctionner en low cost, surtout au début. Maintenant, c’est vrai qu’Internet a changé la donne avec notamment un « time to monetization » plus long que dans l’ancienne économie.
J’ai du mal à répondre, car je ne perçois pas ce recul sur l’utilisation des BA, bien au contraire… avec les centaines de dossiers que je reçois !
Très bien… si elles ne sont pas isolées comme je l’ai expliqué sur cet article. En effet, avec l’explosion d’internet, tous les voyants sont au vert pour lancer des business models innovants. Maintenant, attention, il y aura beaucoup d’appelés pour peu d’élus. Mais le jeu en vaut la chandelle.