Il reste discret au sein de la tech française mais est cette année de toutes les belles opérations : le fonds singapourien Temasek a participé en janvier au tour de table de ManoMano, puis en avril à celui d'Alan et il y a quelques jours, il dévoilait remettre au pot lors de la nouvelle levée d'InnovaFeed. Une arrivée fracassante dans l'univers technologique tricolore, alors que le fonds est présent en France depuis de nombreuses années mais dans des secteurs plus traditionnels, comme l'immobilier, le fonds détenant 51% du groupe CapitaLand qui opère notamment les résidences Citadines. En 2016, Temasek a pris une participation de 5%, soit environ 60 millions d'euros, dans le fonds français Tikehau, puis lui a réitéré sa confiance en 2019 lors d'un nouveau closing.
L'incursion flamboyante de Temasek dans la French Tech concrétise donc son envie de resserrer un peu plus ses liens avec la France, où le total des participations du fonds dépasse déjà les 2 milliards d'euros. "Les investisseurs de Singapour ont un a priori positif sur la France, qui a toujours eu une place à part dans ce pays" , expliquait ainsi l'année dernière Benoît Valentin, responsable des investissements de Temasek en Europe, à nos confrères des Échos.
Prolixe mais exigeant
Une chance pour l'Hexagone car Temasek est tout à la fois un investisseur solide, prolixe et exigeant. Solide, d'abord : en tant que fonds souverain, il s'est lancé grâce aux participations étatiques de l'État de Singapour. Mais, signe particulier, il ne reçoit depuis sa création - en 1974 - plus aucun deniers publics. Ce sont uniquement les performances financières de son portfolio qui lui permettent de réinvestir. Et avec plus de 300 milliards de dollars singapouriens sous gestion, soit plus de 190 milliards d'euros, Temasek n'est rien de moins que le neuvième fonds mondial. De quoi rassurer ses participations sur l'arrivée de cette poche profonde à leur capital !
Prolixe aussi, le fonds détenant une cinquantaine de participations en portfolio. Et pas n'importe lesquelles ! Visa, PayPal, Tencent, Dell ou Alibaba... Le fonds a le nez creux lorsqu'il s'agit de repérer les géants mondiaux. Un résultat qui s'explique par une stratégie d'investissement fondée sur l'exigence. "En tant qu'investisseur générationnel, nous prenons le temps de sélectionner finement les entreprises dans lesquelles nous investissons dans une logique partenariale avec un objectif de création de valeur durable et responsable" , expliquait ainsi Benoît Valentin. Des fourches caudines que ManoMano, Alan et InnovaFeed ont franchi sans encombre.