Une recherche sur ChatGPT consomme autant d’énergie que le visionnage de trois minutes de vidéo en ligne et six fois plus qu’une requête sur Google. Oui, l’intelligence artificielle a un impact écologique non négligeable : « l’IA générative entraîne des consommations énergétiques très importantes du fait de l'entraînement des modèles de grande taille et de l’utilisation de la technologie par les individus », explique Eric Robert, chief IA officer chez EDF. Cette technologie pourrait ainsi représenter 0,9 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre en 2026, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Ses besoins en énergie devraient être multipliés par dix entre 2023 et 2026.

Cette flambée des besoins de l’IA en énergie est notamment liée au nécessaire déploiement de centres de données pour accompagner son développement. On estime qu’il existe au moins 8 000 data centers dans le monde. En France, alors qu’on en comptait environ 250 en 2022, leur nombre devrait croître de 11 % par an jusqu’en 2033. Ainsi, la consommation électrique de ces centres pourrait être multipliée par deux d’ici à 2030 pour représenter 3 % de la consommation mondiale. Cela équivaut à la consommation électrique d’un pays comme le Japon.

Limiter l’empreinte carbone des data centers

La limitation de l’empreinte carbone de ces centres apparaît dès lors comme un enjeu crucial. « En France, nous avons la chance d’avoir un mix énergétique peu carboné du fait de la part importante du nucléaire et des énergies renouvelables dans ce mix », rappelle Eric Robert. « Il s’agit d’un atout pour limiter l’empreinte carbone des centres de données installés en France et ainsi l’impact écologique de l’intelligence artificielle ». En France, l’électricité provient à 69,5 % du nucléaire et à 29,2 % des énergies renouvelables, dont 13,1% en hydraulique, 10,6% en solaire et 4,4% en éolien.

Réduire le délai d’installation des centres de données

Bien que nécessaires pour proposer une intelligence artificielle bas carbone, ces centres de données mettent du temps à voir le jour. En effet, leur implantation peut prendre jusqu’à sept ans. « Nous devons prendre en compte la réalité de ces délais avec l'accroissement rapide des besoins de cette technologie », juge Eric Robert. 

EDF a décidé ainsi de s’engager pour accélérer le développement de tels projets sur le territoire. L’énergéticien a annoncé en février le lancement d’un appel à manifestation d’intérêt auprès des entreprises du numérique. « EDF va proposer des espaces déjà connectés au réseau électrique, ou facilement raccordables, pour réduire le délai de réalisation de ces projets de plusieurs années », explique Eric Robert. Pour l’instant, trois sites industriels de ce type sont proposés : les lauréats de l’appel à manifestation d’intérêt seront connus cet été. EDF a pour objectif de repérer deux sites supplémentaires en 2025.