Ce n’est pas tous les jours qu’un PDG en exercice lâche ses fonctions pour un poste inférieur. Mais quand il s’agit de rejoindre OpenAI, l’entreprise américaine qui s’est positionnée en fer de lance mondial de la révolution de l’intelligence artificielle, la tentation est grande. Ce n’est pas Fidji Simo qui dira le contraire : la Française de 39 ans, à la tête d’Instacart, s’apprête à intégrer les rangs d’OpenAI dans les prochains mois.

En effet, Fidji Simo, qui dirige la plateforme de livraison de courses à domicile Instacart depuis août 2021, va devenir la directrice générale en charge des applications au sein d’OpenAI. Elle s’occupera notamment de ChatGPT, qui compte désormais plus d’un demi-milliard d’utilisateurs hebdomadaires, et devra s’appuyer sur les avancées de la licorne américaine pour concevoir des produits susceptibles de plaire au grand public.

«Fidji est exceptionnelle»

Dans le cadre de ses fonctions, elle reportera directement à Sam Altman, le patron d’OpenAI, qui ne tarit pas d’éloges à l’égard de la Française, qui avait rejoint le board de la startup californienne en mars 2024 après l’incroyable tentative de putsch du conseil d’administration pour écarter l’entrepreneur américain. «Fidji est exceptionnelle : nous avons travaillé ensemble chez OpenAI au cours de la dernière année et j'ai pu observer son profond engagement envers notre mission. Je ne peux pas imaginer un meilleur nouveau membre de l'équipe pour nous aider à passer à la vitesse supérieure en mode x10 (ou x100, voyons voir)», a ainsi commenté Sam Altman sur le réseau social X. Avec l’arrivée de Fidji Simo à ses côtés, le PDG d’OpenAI indique que cela lui permettra de se concentrer davantage sur la recherche, le développement et la sécurité alors que son entreprise «se rapproche de l'intelligence artificielle générale».

Être adoubée de la sorte par l’un des patrons les plus influents de la tech mondiale, ce n’est pas à la portée de tout le monde. Mais cette reconnaissance vient mettre un peu plus en lumière le parcours exceptionnel de Fidji Simo. Originaire d’une famille de pêcheurs à Sète, la Française, diplômée d’HEC Paris, a fait ses gammes dans la Silicon Valley dans les rangs d’eBay, avant de rejoindre Meta en 2011. Elle restera plus d’une décennie dans l’entreprise de Menlo Park, où elle gravira les échelons jusqu’à devenir la directrice de l’application Facebook. Une ascension qui n’avait pas manqué de susciter l’admiration de Mark Zuckerberg et Sheryl Sandberg, qui l’avait prise sous son aile. Débauchée en 2021 par Instacart, Fidji Simo a mené avec succès cette entreprise américaine vers une entrée en Bourse à Wall Street en septembre 2023.

10 ans chez Meta

Si la Tricolore brillait jusque-là avec Instacart, il était difficile de résister à une nouvelle aventure au sein de l’entreprise qui met la planète tech en ébullition depuis deux ans. «Cela a été une décision incroyablement difficile», a-t-elle écrit sur LinkedIn, indiquant au passage qu’une fuite dans les médias l’avait contrainte à dévoiler plus tôt que prévu son arrivée chez OpenAI. «Vous connaissez tous ma passion pour l’IA, et en particulier pour le potentiel qu’elle a à guérir des maladies. L’opportunité de diriger une partie aussi importante de notre avenir collectif était une occasion difficile à laisser passer. Je ne me sens à l’aise de le faire uniquement parce qu’Instacart est sur une excellente voie et entre de bonnes mains avec une équipe de direction exceptionnelle», a expliqué la Française la plus puissante de la Silicon Valley. Avant d’ajouter : «Je resterai PDG d’Instacart dans les prochains mois et travaillerai en étroite collaboration avec mon successeur et notre équipe de direction pour assurer une transition en douceur. Je resterai également président du conseil d’administration pour soutenir notre prochain PDG.»

De par son expérience chez Meta, Fidji Simo a sans doute attiré l’attention de Sam Altman pour donner davantage une allure de réseau social à OpenAI. Pour ce faire, quoi de mieux que de s’attacher les services d’un profil qui dirigeait une application utilisée par plusieurs milliards de personnes dans le monde. Avec des milliards de dollars dilapidés chaque année, OpenAI veut tuer la concurrence pour devenir la destination incontournable de l’IA, comme l’est devenue Uber sur le marché des VTC. Toutefois, l’entreprise américaine poursuit cet objectif sans avoir l’intention de devenir une société à but lucratif, au grand dam de SoftBank qui avait donné cette condition pour investir 30 milliards de dollars supplémentaires dans l’entreprise plus tard cette année.