Cette semaine, plusieurs attaques ont eu lieu contre des prisons françaises. Celles-ci déstabilisent l'administration pénitentiaire, et plus accessoirement l’écosystème French Tech, présent aussi dans les centres pénitentiaires. 

Deux exemples avec la startup Pictura Innovation qui conçoit des pistolets de marquage à la peinture éco-responsables et LM Eco Production qui reconditionne du matériel informatique. De prime abord, aucun rapport. Pourtant, elles ont un point commun : toutes deux ont délocalisé leurs ateliers de production ou certaines missions en maison d’arrêt. 

Ce choix bénéficie en premier lieu à l’image de l’entreprise. Mais surtout, il permet de pallier le manque de main-d'œuvre, de réduire les coûts de production, et de participer à la réinsertion des détenus. En 2023, le ministère de la Justice estimait que l’activité est un outil efficace de lutte contre la récidive et la réduirait de 43 %. 

“Les détenus sont très impliqués dans ma société, et attachés au projet. Lorsque j’ai un nouveau prospect ou un marché à remporter, ils me demandent régulièrement des nouvelles. J’ai même un détenu qui m’a demandé si je pourrais l’embaucher à la sortie. Je lui ai répondu que j’y étais tout à fait ouvert”, précise Olivier Labrude, le fondateur de Pictura Innovation. Mais les liens entre French Tech et milieu carcéral ne se limitent pas à la main-d'œuvre.

L’entrepreneuriat pour lutter contre la récidive

Co-fondé en 2019 à Toulouse, et en lien avec l’administration pénitentiaire, L’Excubateur a été inspiré par le projet nord-américain Defy Ventures, programme à but non lucratif qui permet la réinsertion d'anciens prisonniers par l’entrepreneuriat, essentiellement à New York et Los Angeles. L’Excubateur se focalise lui sur un programme de lutte contre la récidive par l’entrepreneuriat. Concrètement, en détention, il organise une série d’ateliers collectifs de sensibilisation à la démarche entrepreneuriale avec la mise à disposition d’outils et de retours d’expérience d’entrepreneurs. 

Et si cette idée peut paraître étonante, elle repose sur des fondements très rationnels. “Quand on s'est livré au trafic de stupéfiants, on a des compétences en comptabilité et en organisationnel”, explique Benjamin Guichard, l’ancien responsable de l'accompagnement vers l'emploi à l'Atigip (Agence du travail d’intérêt général et de l’insertion professionnelle). Les détenus bénéficient notamment d’un bilan de compétences qui capitalise sur leurs activités délictuelles pour passer “de l’illégal au légal”. 

Cette tendance gagne en popularité ; en mars 2024, environ 30 % des personnes détenues travaillaient en détention, contre 25 % en juin 2023. Et le ministère de la Justice vise encore plus haut, avec pour objectif qu’au moins 50% des personnes détenues puissent exercer une activité professionnelle rémunérée. Une manière de faire évoluer la prison d’un lieu de sanction vers un véritable levier d’insertion.