Une escale à Paris ! Après Londres, le roadshow de SMAU, l’un des salons innovation et startups italiens les plus importants, « catalyseur d’opportunités », s’est arrêté chez Station F jeudi dernier, pour la quatrième année consécutive. Dans ses bagages, une cinquantaine de startups transalpines ainsi que des représentants de grandes entreprises, de fonds d’investissement et d’incubateurs. Organisé en collaboration avec  l’Italian Trade Agency, l'événement entend rapprocher les écosystèmes tech français et italien pour faciliter l’innovation ouverte entre les deux pays.

En Italie, l’écosystème des startups bénéficie de vents favorables : Milan est un hub reconnu, avec une forte concentration d'entreprises innovantes, notamment dans l’industrie, la santé ou la durabilité, à l’image des 50 startups sélectionnées pour SMAU. Parmi les entreprises qui ont pitché sur scène, avec trois minutes chacune, BrainyWare, qui aide les entreprises à implémenter l’IA générative, ESGeo, qui propose de rationaliser leur processus de reporting en matière de durabilité, ou encore DataProdigy, une plateforme « qui rend le Business Intelligence (BI) » accessible à tous les niveaux de l’organisation. Mais aussi des startups qui se penchent sur les compléments alimentaires, la circularité dans l’industrie textile (RESRCLE) ou encore les règles et protections hygiéniques (This Unique).

Un investissement massif de l’Italie sur l’IA

Sur place, Komete, une startup fondée en 2021, découvrait le SMAU. Komete est une solution « Plug and Play » qui s’adresse aux industriels, à qui elle promet d’augmenter leur productivité jusqu'à 30%, en traçant les flux de matériaux dans les usines et les centres logistiques, en intérieur comme en extérieur. Komete travaille déjà avec Capgemini, Faiveley, Gucci et Wabtec Corporation. Elle entend bien développer sa notoriété en France : « nous réduisons les temps d'arrêt, optimisons les itinéraires logistiques et améliorons la gestion des commandes. Or, votre pays compte de belles entreprises dans les secteurs sur lesquels nous sommes les plus performants », résumait ainsi Francesco Gaetarelli, entre deux rendez-vous clients sur son stand. L'Italie a investi massivement l’an dernier dans l'intelligence artificielle, avec un fonds de 500 millions d'euros et la mise en place d’une stratégie IA sur 2024-2026.

Invitation à collaborer sur une vision commune

SMAU joue les entremetteurs entre startups italiennes et groupes français : parmi eux, BNP Paribas, EDF, ENGIE New Ventures, Louis Vuitton, Orange, Sodexo, Stellantis, Valeo, Bpifrance, France Digitale, Impulse Partners, 360 Capital ou L’Oréal.

En 2024, L’Oréal s’était ainsi rapproché de la startup italienne Viola : celle-ci a annoncé le mois dernier qu’elle était sélectionnée pour intégrer le programme L'Oréal Beauty Tech Atelier, en partenariat avec HEC Paris Incubateur, à Station F. Elle bénéficiera pendant six mois d'un accompagnement sur mesure par les experts de L'Oréal et de HEC Paris. Nos voisins italiens étaient nombreux à souligner la vitalité de la tech française,  la « startup Nation » étant clairement une signature de la présidence Macron. Beaucoup valorisaient aussi la proximité culturelle entre les deux pays et plus largement le réservoir d’innovation et de coopération que constitue l’Union européenne, tout particulièrement en cette période géo-politique troublée.

Présent dès la veille pour la soirée d’inauguration à l’ambassade d’Italie, Valentino Valentini, vice-ministre des entreprises et du « Made in Italy », a d’ailleurs ouvert la journée à Station F en soulignant une amitié ancienne entre la France et l’Italie et une compréhension mutuelle. Il a invité les deux pays à collaborer plus étroitement encore et à unir leurs forces pour construire une vision commune qui serait « chaque jour plus solide. »

« Nous avons besoin du Made in Europe »

Même discours chez Edison, dans la bouche de Lorenzo Mottura, EVP Strategy, Corporate Developement & Innovation. Son équipe de 13 personnes « screene » 800 startups par an. « Nous parlons beaucoup du Made In Italy depuis hier et c’est formidable, j’ajouterais que nous avons besoin du Made in Europe. Nous avons l’opportunité de créer un lien France-Italie solide, fondé sur la Tech, qui pourrait être un moteur pour agréger ensuite d’autres pays comme la Belgique, la République tchèque ou l’Espagne. Le marché de l’énergie cher à Edison porte des enjeux importants en termes d’autonomie européenne. »

Lorenzo Mottura, parmi les 20 à 25 cas d’innovation ouverte qu’il mène actuellement avec des startups, cite le cas de Builti, une entreprise italienne présente quelques stands plus loin : « Nous nous sommes rencontrés il y a deux ans, nous étions dans le même panel de conférenciers ! L’équipe de Builti équipe désormais de capteurs nos turbines éoliennes, ce qui nous évite d’excaver pour aller vérifier qu’il n’y a pas eu de mouvements de terrain ni de fissures dans les fondations. Les  capteurs relèvent les changements de vibration inexplicables. Builti a aujourd’hui l’opportunité de scaler sur tous les marchés du groupe EDF. »

En 2025. l'innovation italienne restera à l'honneur en France. En effet, l'Italian Trade Agency participera à Viva Technology en juin avec 48 startups dans le Pavillon Italie, accompagnées d’un riche programme de conférences et de rencontres B2B. Et en automne une autre édition du Global Start Up Program se prépare. La saison ne fait que démarrer