Ils sont arrivés il y a trois mois et ont déjà remporté un contrat à presque 10 millions d’équivalent dollars américains (68 M HK$). Un an après avoir accueilli MTR Lab (CVC de MTR, gestionnaire du métro hong kongais notamment) à son capital, WeMaintain remporte l'appel d'offres de maintenance des près de 300 km de réseau de métro de Hong Kong. Deux des fondateurs, Jade Francine, chief growth officer, et Benoit Dupont, CEO, se sont installés à Hong Kong pour développer encore plus ce marché asiatique.

Lancée en 2017 par trois associés, Jade Francine, Benoit Dupont et Tristan Foureur, WeMaintain est membre du French Tech 120 et emploie 300 personnes, dont une centaine en France. “70% de notre business est réalisé en dehors de France et l’Asie est notre plus forte croissance”, précise le CEO de la scaleup, récemment installé sur l’île chinoise. “Nous sommes à Singapour, en Malaisie, désormais à Hong Kong, et nous envisageons de nous développer dans d'autres pays et notamment la Thaïlande."

Hong Kong est donc le point de départ de la conquête du continent asiatique pour WeMaintain. Un choix à rebours de la majorité des scaleups françaises, qui s’exportent aux Etats-Unis, mais qui pourrait faire des émules. 

Maddyness : Vous vous êtes installés, avec Jade Francine, votre cofondatrice et partenaire, à Hong Kong en janvier dernier. Pourquoi avoir cette région du monde pour faire grandir l'entreprise ?

Benoît Dupont : Nous développons une solution d'optimisation de la gestion opérationnelle des bâtiments via la technologie, notamment  à travers un modèle de machine learning appliqué à la maintenance opérationnelle. 

Les villes asiatiques sont parmi les villes les plus denses au monde. Plus un groupe d'immeubles est complexe, plus notre solution crée de la valeur. Cela s’applique à deux secteurs principaux : l’infrastructure et les équipements. 

Nous avons beaucoup travaillé sur les aéroports et les gares. Nous avons obtenu des contrats avec Keolis en Angleterre, SNCF et le groupe ADP (Aéroports de Paris) en France. Nous venons de remporter et de signer le plus gros contrat de l’histoire de WeMaintain, en janvier dernier. C’est un contrat de 68 millions de HK$ soit 9 millions de US$ sur 5 ans pour la maintenance du métro de Hong Kong (près de 300 km de réseau pour une dizaine de lignes, ndlr). 

Toutes les principales villes asiatiques sont très denses, il y a énormément d’immeubles et de hauteur avec des équipements critiques. C’est-à-dire que lorsqu’ils sont en panne, c’est un problème absolument majeur. Il y a donc un vrai intérêt à investir dans la technologie. 

Ce contrat avec MTR (exploitant du métro hong kongais) valide notre thèse que l’Asie est un centre de croissance important pour WeMaintain. 

Le deuxième aspect clé, au-delà de la densité, c'est la technologie. Généralement, les Asiatiques ont une appétence beaucoup plus forte à la tech que les Français. C’est contre-intuitif. J’ai vécu en Chine pendant 8 ans. Mais nous nous sommes installés en France car si notre solution fonctionnait en France, il serait ensuite facile de pénétrer le marché asiatique avec un produit plus mature. 

M.: Pourquoi ne pas avoir choisi les États-Unis alors que le pays abrite des villes également denses et avec beaucoup de buildings ? 

B.D. : On compte trois fois moins d'ascenseurs à New York, 76 000, qu’à Paris, 225 000. Certes, il y a Manhattan, autour de Central Park mais au-delà de ces quartiers, il n’y a que des villas sans beaucoup d’équipements. 

L’Europe est intéressante car il y  a un important volume et peu de hauteur. Aux Etats-Unis, il y a de la hauteur mais des petits volumes. L’Asie combine ces deux éléments. WeMaintain ira aux Etats-Unis dans un second temps. 

M. : Quelle est votre organisation opérationnelle ? 

B.D. : Nous avons recruté 30 personnes à Hong Kong depuis le début de l'année. MTR est notre plus gros contrat, pour le mettre en place, développer la solution, nous avons un fort besoin de recrutement. C’est le démarrage le plus rapide de notre histoire. 

M. : Prévoyez-vous de lever des fonds pour financer cette croissance à l’international ?

B.D. : Nous avons levé 30 millions d’euros en série B en 2021. Nous réorientons notre réflexion suite à notre contrat avec MTR. Nous réfléchissons à une levée future après avoir été dans une logique de ramener WeMaintain à l’équilibre. Nous en sommes d’ailleurs proches du break even et seront profitables l’année prochaine. 

M. : Pourquoi avoir choisi Hong Kong pour vous installer et pas un autre hub asiatique ? 

B.D. : Nous avions deux options : Singapour ou Hong Kong. Nous trouvions beaucoup plus de dynamisme, ici, à HK.

Je trouve que le marché singapourien est beaucoup plus compliqué pour les startups. C’est un marché encore très concentré autour des grands groupes, contrairement à ce que l’on pourrait croire. Hong Kong favorise plus les startups et notre contrat avec MTR en est la preuve. À Singapour, cela aurait été inenvisageable. 

M. : Quel est votre objectif de chiffre d’affaires en Asie ? 

B.D. : L’Asie sera notre zone la plus importante d’ici 15 à 18 mois. Ce contrat avec MTR lance notre année 2025 en fanfare ! 

M. : Vous viserez ensuite les US ? 

B.D. : Nous commençons déjà à regarder le marché américain, notamment dans la perspective des Jeux Olympiques de Los Angeles.