Les investigations avancent dans l'enquête sur l'enlèvement en janvier du cofondateur de Ledger. En effet, le commanditaire présumé a été mis en examen à Paris, ainsi que sa compagne, pour des chefs passibles de la réclusion à perpétuité. David Balland, 36 ans, et sa compagne avaient été kidnappés le matin du 21 janvier à leur domicile à Méreau (Cher).
L'alerte avait été donnée par Eric Larchevêque, cofondateur de Ledger, qui avait reçu une vidéo d'un doigt coupé de David Balland, accompagnée d'une importante demande de rançon en cryptomonnaies. Séquestré à Châteauroux, David Balland avait été libéré le 22 janvier. Sa compagne avait été retrouvée ligotée dans le coffre d'un véhicule dans l'Essonne le lendemain. Jeudi, un suspect de 26 ans, soupçonné d'être le commanditaire, ainsi que sa compagne ont été mis en examen à Paris, a indiqué une source proche du dossier à l'AFP, confirmant des informations du Parisien.
Une autre affaire d'enlèvement
L'homme était déjà en prison dans une autre affaire liée à un enlèvement contre demande de rançon, a précisé la source. Il a été extrait pour être entendu par les policiers, devant lesquels il a contesté son rôle de commanditaire. Jeudi soir, un nouveau mandat de dépôt a été prononcé à son encontre.
Le parquet de Paris n'a pas confirmé vendredi le rôle imputé aux suspects, tous deux écroués. Mais il a indiqué que deux personnes avaient été mises en examen jeudi «dans l'affaire relative à l'enlèvement» de David Balland. Elles sont poursuivies pour «arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire avec torture ou acte de barbarie commis en bande organisée» ainsi que pour «arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire d'otage pour obtenir l'exécution d'un ordre ou d'une condition, commis en bande organisée».
Violation du secret de l'instruction
Ces chefs d'accusation sont passibles de la réclusion criminelle à perpétuité et d'un million d'euros d'amende. Les deux sont également poursuivis pour extorsion en bande organisée, blanchiment en bande organisée, blanchiment aggravé, association de malfaiteurs criminelle et recel de bien provenant d'un vol. Outre ces deux suspects, sept personnes, âgées de 20 à 40 ans, ont été mises en examen lors de l'ouverture de l'information judiciaire instruite à Paris par la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco).
Dans cette affaire, qui avait eu un fort retentissement médiatique, l'entrepreneur kidnappé a porté plainte le 4 avril pour violation du secret de l'instruction, dénonçant la «violence» des articles de presse. «Je comprends l'intérêt de l'information, de décrire un mode opératoire pour en prévenir la répétition, de rendre public des méthodes. Je ne comprends pas qu'on se délecte de nos souffrances, qu'on publie une radio de ma main, qu'on étale notre vie privée», a déclaré lundi à l'AFP David Balland. «Nous ne sommes pas des personnages de papier. Nous sommes une famille, qui a le droit de vivre et de se reconstruire en paix», a-t-il souligné.