« N’écoutez pas les préjugés envers la Chine : ni les vôtres, ni ceux de vos amis les plus alarmistes, qui vous diront de ne surtout pas vous exposer à la concurrence ! », conseille Antoine Kuhnast, lauréat 2022 du concours Digital InPulse et fondateur de Safehear, une entreprise lyonnaise.
Sa propre solution, baptisée « Louis », permet de communiquer dans un environnement industriel très bruyant. Elle se branche sur le dispositif de protection déjà existant et ne garde du vacarme ambiant que les voix des salariés qui sont proches les uns des autres. « Ils peuvent ainsi se parler sans avoir besoin d’enlever leur casque, sans appuyer sur un bouton (push to talk) et sans devoir faire de grands gestes. »
Des préjugés à faire tomber
L’innovation portée par Safehear intéresse particulièrement le marché chinois, ce qu’Antoine Kuhnast n’avait pas imaginé au départ. « J’avais songé à la Silicon Valley bien entendu, d’autant que nous avions remporté le concours i-Lab de France 2023, ce qui nous avait amenés à voyager aux États-Unis. Mais je me suis rendu compte que la Chine était un marché encore plus intéressant car ils sont très pointus sur le hardware. »
Les usines chinoises ne sont pas concernées par les réglementations européennes en termes de santé au travail, mais elles sont sensibles à l’argument de productivité : « Il s’agit de réduire le temps de formation par deux et de gagner jusqu’à 20% de productivité sur les opérations de maintenance. Nous intéressons aussi les secteurs industriels chinois haut de gamme, dans le nucléaire ou dans le matériel pour pompiers, par exemple. »
Antoine Kuhnast n’est pas candide : « Nous avions protégé notre produit avec le dépôt d’une marque et une extension internationale de brevet. Mais le voyage Digital InPulse ne nous a fait prendre aucun risque. C’est une découverte : on vous ouvre les portes de la Chine, rien ne vous oblige à dévoiler quoi que ce soit. Si vous êtes lauréat, vous gagnez une étude de marché, en quelque sorte. En février dernier, j’ai d’ailleurs décidé de m’installer à Hong-Kong. » Au moment de son inscription, Antoine Kuhnast était en train de boucler sa dernière levée de fonds. « C’est Huawei qui nous a repérés via ST Microelectronics et qui nous a proposé de nous porter candidats. »
Un profil typique de ceux que le jury apprécie. Parmi ses pré-requis, l’équipe de Digital InPulse insiste sur le fait que le candidat ait quelque chose de « concret » à montrer.
« Nous n’avons pas de pré-requis d’ancienneté (vous pouvez être candidat dès lors que vous avez fondé votre entreprise en France avant le 1er janvier 2025), mais nous demandons aux entrepreneurs de pouvoir présenter un produit minimum viable. explique Anne-Claire Wang, chargée du concours Digital InPulse chez Huawei France. Nous avons lancé le concours en 2014, l’année de création de la FrenchTech. Nous soutenons donc les startups françaises depuis douze ans. 2014 est aussi l’année où Huawei a ouvert son tout premier centre de recherche en France. Nous sommes toujours allés chercher les startups en région : la première édition se tenait à Lille et Lyon. »
Deux catégories et une volonté d’égalité de genre
Le thème change chaque année : en 2025, dans un contexte de réindustrialisation, Huawei a choisi « Tech for competitivity » et a ouvert une deuxième catégorie : « Women for Innovation. »
« Si nous sommes fiers d’avoir accompagné plus de 100 startups depuis le début du programme, nous avons réalisé que les femmes ne représentaient que 17% des lauréats. C’est trop peu, et c’est pourquoi nous avons décidé, cette année, de leur donner un coup de pouce avec cinq lauréates sur les dix », poursuit Anne-Claire Wang. La catégorie Women for Innovation est ouverte à tous les thèmes, pour les startups fondées, co-fondées ou dirigées par des femmes.
Les auditions se tiendront entre juin et juillet 2025 dans cinq grandes régions françaises, permettant de mailler l’ensemble du territoire et d’accueillir tous les candidats intéressés. Dans chaque région-étape, deux startups « Tech for Competitivity » seront sélectionnées avant d’être départagées lors d’une finale qui se tiendra cet automne à Paris. En parallèle, une lauréate « Women for Innovation » sera sélectionnée lors de chaque audition régionale.
Les dix lauréats du concours Digital InPulse 2025 seront invités à découvrir la Région de la Grande Baie, dans le sud de la Chine, au cours d’un voyage d’affaires d’une dizaine de jours qui se tiendra en janvier 2026.
La région de la Grande Baie relie neuf villes autour de Hong Kong, Shenzhen et Guangzhou, dans un écosystème dynamique qui abrite les sièges de Huawei et des géants de la Tech chinoise. Les lauréats rencontreront l'écosystème tech local, au travers de visites, d’événements de networking et de rendez-vous d’affaires organisés par Huawei avec l’aide de la CCI France Chine et de la chambre de commerce française à Hong Kong.
Parmi les lauréats des années précédentes, figurent Dataiku, Papkot ou encore Greenly. Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 31 mai.
