Lucie Basch enchaîne les initiatives dans l’impact. Après avoir lancé un fonds de 150 millions d’euros (blisce/climate) avec Alexandre Mars, puis ouvert la Climate House l’an passé, l’entrepreneuse, qui s’est fait connaître avec l'application anti-gaspi Too Good To Go, dévoile aujourd’hui un nouveau projet. Il s’agit de Poppins, une application pour démocratiser le partage des objets du quotidien.

Pour cette nouvelle société, hébergée dans les locaux de la Climate House, Lucie Basch s’est entourée de deux anciens de Too Good To Go : Jonas Mallisse, qui a lancé Too Good To Go en Belgique et ancien responsable de l’expansion internationale, et Franco Prontera, ancien directeur général de Too Good To Go en Belgique. Le trio est complété par Loïck Le Digabel, CTO et ancien de BlaBlaCar et Back Market.

« Passer de la propriété individuelle à la prospérité collective »

Ensemble, ce quatuor s’est attelé à concevoir une application pour emprunter et louer plus facilement des milliers d’objets en s’appuyant sur les habitants et les commerçants de son quartier. « Certaines personnes parlent de cette application comme d’un Tinder des objets », lâche avec le sourire Lucie Basch, cofondatrice de Poppins. Avant d’ajouter : « Si le partage devient la norme, on peut avoir accès au sac de Mary Poppins, c’est-à-dire un sac illimité. Cela revient à passer de la propriété individuelle à la prospérité collective. Les Français possèdent en moyenne 2,5 tonnes de matériel chez eux. Si on partage plus, on dépensera mois, il y aura moins de stockage inutile et cela permettra de recréer du lien social dans les villes. »

Pour se rémunérer, la société misera sur les transactions payantes, pour lesquelles elle prélèvera une commission. « Ce qui est important dans un business à impact, c’est que le nombre de partage augmente. Dans l’économie circulaire, augmenter le partage crée de la valeur organique », souligne Lucie Basch.

Lancement avec 20 000 objets à partager dans toute la France

Lancée en bêta en mars, l’application compte déjà plus de 1 000 utilisateurs et 30 commerçants partenaires, comme Les Biens en Commun (outillage et maison), DolceVia (mobilité douce), The Ridery Kitesurf & Wing (sports nautiques), Play In Rivoli (jeux de société) ou encore Baby'tems (puériculture). Pour son lancement officiel en ce début de mois d’avril, Poppins va proposer 20 000 objets à partager dans toute la France. Dans les villes où il y aura le plus d’utilisateurs, la société envisage d’engager le dialogue avec les autorités locales pour mettre en place des partenariats.

Pour se mettre sur orbite, Poppins, qui compte une douzaine de collaborateurs dans ses rangs, a bouclé une première levée de fonds auprès de business angels, comme Frédéric Mazzella et Francis Nappez, fondateurs de BlaBlaCar, Nathalie Balla, ancienne directrice générale de La Redoute, Alexandre Mars, entrepreneur philanthrope avec l’épiçasses Foundation et de blisce/, et Jean-Philippe Courtois, ancien vice-président exécutif chez Microsoft. La société a également bénéficié de prêts alloués par Bpifrance, Crédit Coopératif et LCL. « Poppins incarne la transition nécessaire vers une économie de partage durable », estime Frédéric Mazzella, qui a lancé Dift pour simplifier les dons des entreprises en faveur des causes sociales et environnementales. Une initiative qui incarne en tout cas l’esprit de la Climate House, véritable ruche d’innovation en plein cœur de la « Silicon Sentier » qui œuvre en faveur de la transition écologique et sociale de l’économie depuis six mois.