«On veut continuer à investir et à prendre des risques pour l’avenir.» D’entrée de jeu, Stephen Leguillon, CEO de Seyna, annonce la couleur. Si le dirigeant se montre aussi ambitieux, c’est parce que sa société résiste bien aux vents contraires de l’économie et du marché de l’assurance ces dernières années.

En effet, il annonce en exclusivité à Maddyness que son entreprise a enregistré en 2024 un chiffre d’affaires de 91 millions d’euros, contre 72,9 millions en 2023 et 48 millions en 2022. Cette bonne performance financière s’accompagne d’un ratio de solvabilité de 204 %, indicateur clé surveillé de près par les assureurs, au 31 décembre 2024.

«Les années 2022 et 2023 ont été assez compliquées, car il n'y avait pas de financement dans la tech et les faillites dans le marché n'ont pas aidé. Nous avons traversé une période de défiance, mais je pense qu'on a passé un cap mi-2024. L'excitation autour de notre typologie d'entreprises est revenue. Je suis encore plus excité par l’avenir de Seyna que je n'aurais pu l’être pour les années précédentes», se réjouit Stephen Leguillon.

120 produits sur 7 verticales au service des courtiers

Lancée en 2018 par Philippe Mangematin, Guillaume d'Audiffret et Jean Nicolini, l’assurtech tricolore se distingue des habituelles startups du secteur qui ont fait les gros titres dans la tech française, comme Luko et Leocare, avec un positionnement B2C. De son côté, Seyna a pris le parti de distribuer ses produits en marque blanche avec sa plateforme destinée aux courtiers. Au total, ce sont plus de 120 produits qui sont gérés aujourd’hui par Seyna.

Avec son positionnement, la société a convaincu une centaine d’acteurs, à l’image de Verspieren, Meetch, Verlingue ou encore Dalma, qui utilisent Seyna pour protéger près de deux millions d'assurés dans cinq pays européens (France, Allemagne, Pologne, Espagne et Slovaquie). «On vise le leadership européen. La viabilité de notre modèle économique est prouvée. Certes, nous ne sommes pas encore rentables au niveau de l’entreprise, mais c’est parce qu’on investit en permanence», indique Stephen Leguillon.

En effet, avec équipe relativement restreinte (seulement 40 collaborateurs), l’entreprise ajoute de nouvelles briques technologies à sa plateforme, notamment en matière d'intelligence artificielle, et s’étend sur de nouvelles verticales. Elle en compte sept à date, comme la santé qui a vu sa croissance bondir de 184 % l’an passé. «On pense avoir trouvé le bon positionnement dans la santé», se réjouit le patron de Seyna. Ce dernier promet d’ailleurs un déploiement sur une huitième verticale au second semestre 2025, sans en dire davantage pour l’instant.

«Horizon 2027»

Pour continuer à monter en puissance, technologiquement et géographiquement, Seyna a lancé le plan «Horizon 2027». Objectif : «créer plus de valeur en tant qu’assureur pour un courtier distribuant les produits en marque blanche de Seyna.» Autrement dit, cela signifie de se concentrer sur son modèle d’assureur pour créer de meilleurs produits d’assurance sur-mesure à des prix plus avantageux. «En 2025, on va accélérer l’intégration et l’exploitation data des courtiers. On doit être en mesure de leur proposer le meilleur produit du marché embarqué dans le meilleur outil logiciel du marché. Nous voulons construire l’assureur le plus efficace pour les courtiers», assure Stephen Leguillon. «On a un outil technologique avec l’IA qui va nous permettre d'atteindre plus facilement l’entreprise qu’on imaginait», ajoute-t-il.

Quant à son rayonnement européen, l’entreprise a jusque-là privilégié une approche où elle accompagnait ses clients existants sur d’autres marchés. Une stratégie que Seyna entend bien poursuivre en 2025, notamment «en Espagne et en Allemagne qui vont être des marchés porteurs», indique Stephen Leguillon. Avant de se montrer plus offensif à court terme : «On ne s’empêchera pas de travailler avec des acteurs locaux en 2026 en Espagne et en Allemagne.»

Enfin, Seyna n’envisage pas forcément de lever à nouveau des fonds après avoir bouclé une levée de fonds en amorçage de 14 millions d’euros en 2019, puis une série A de 33 millions d’euros en 2022. Privilégiant une approche la plus efficiente possible au niveau financier, la société ne souhaite pas forcément recourir à de la croissance externe, sauf dans des situations bien précises. «Ce n’est pas notre stratégie de réaliser des acquisitions pures d’entreprises, mais acheter des logiciels marché spécialisés avec des fonctionnalités très précises, c’est absolument possible. Notre but, c’est d’aller le plus possible vers l’opérationnel. L’impact sur le business, c’est ce qui nous intéresse le plus», souligne le patron de Seyna. Sans doute le dirigeant a-t-il l'expérience du Covid en tête pour garder la tête froide dans un contexte économique plus incertain que jamais.