Trois ans après avoir cédé sa première startup, Unkle, une insurtech, à Luko, Matthieu Luneau redevient entrepreneur avec Archipel. Associé à Maxime Ridel, un ancien de JP Morgan et du fonds de private equity Aermont, Matthieu Luneau lève 50 millions d’euros auprès d’une branche d'Otium, holding de Pierre-Édouard Sterin, pour constituer un groupe de cabinets d’experts comptables. « Notre ambition est de construire l’un des premiers groupes français indépendants d’expertise comptable, capable d’atteindre une taille critique tout en restant fidèle à l’esprit entrepreneurial de ses associés », explique le co-CEO.
L’objectif est d’intégrer 5 cabinets par an et d’atteindre 150 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2029. Le groupe vise des structures réalisant entre 20 et 30 millions d’euros de chiffre d’affaires. « Archipel n’est pas un acteur financier classique. Nous sommes des entrepreneurs qui avons voulu bâtir une structure au service des cabinets d’expertise comptable, en respectant leur indépendance et en leur donnant les moyens de se transformer », précise Matthieu Luneau. Chaque cabinet reste donc autonome dans sa gestion mais bénéficie du support et de l’accompagnement d’Archipel sur les fonctions support, la technologie, le recrutement et la formation.
Répondre aux défis de la transmission
« L’automatisation et l’intelligence artificielle vont profondément transformer le cœur du métier. Plutôt que de le subir, nous voulons permettre aux cabinets de s’y préparer sereinement, en développant des expertises complémentaires », explique Matthieu Luneau.
Archipel s’attaque à un marché de 20 milliards d’euros. On recense environ 19 500 cabinets et 146 000 collaborateurs. Beaucoup de gérants de cabinets comptables rencontrent des difficultés au moment de transmettre leur entreprise. « La manière traditionnelle est de compter sur la génération suivante. Mais les jeunes collaborateurs sont moins enclins à reprendre seuls un cabinet », constate le cofondateur. Archipel veut donc répondre à ce problème en se constituant comme une alternative. « Ce que nous proposons, ce n’est pas un projet de sortie rapide. C’est un projet industriel, structurant, qui vise à consolider un secteur stratégique de l’économie, au service des entreprises de proximité. »
Il est également possible pour les chefs d’entreprise qui s’associent à Archipel de réinvestir une partie de la cession dans le groupe et ainsi de rester associés.
Les deux associés ont déjà fait l'acquisition du groupe Rey qui compte deux cabinets, à Paris et à Rennes, et 54 collaborateurs. Des négociations sont en cours avec d’autres cabinets. Archipel projette de générer 15 millions de chiffre d’affaires d’ici à mi-2025 et de doubler ses revenus d’ici la fin de l’année.