En France, 30% du temps des médecins hospitaliers est encore absorbé par des tâches administratives. Trop de bureaucratie, trop de perte de temps, trop d’outils obsolètes. Pendant ce temps, l’IA est déjà capable d’alléger la charge des soignants, grâce à des startups comme Medvir pour le diagnostic, Hopia pour anticiper les flux hospitaliers ou Tandem Health qui permet aux soignants de gagner jusqu’à deux heures par jour en rédigeant leurs comptes-rendus médicaux.

Pour les patients, les avancées sont spectaculaires. Les essais cliniques in silico réduisent drastiquement le temps et le coût de développement des médicaments. DeepLife et WhiteLab Genomics accélèrent la recherche de nouvelles thérapies grâce à l’IA et aux jumeaux numériques.

Pour les plus de 9,3% d’aidants en France, souvent oubliés, l’IA est aussi une révolution. Doctoome, par exemple, simplifie l’orientation dans le parcours de soins.

La France a tout pour être un leader mondial de la santé numérique. Nous avons les talents, les chercheurs, les startups et les industriels. Nous avons une filière Tech Bio émergente, qui vient d’être renforcée par le partenariat entre Future4care, France Biotech et France Deeptech.

Et pourtant, certains verrous restent à faire sauter pour que le secteur de la santé tire tout le parti de l’intelligence artificielle.

L’accès aux données de santé : un enjeu de souveraineté et de compétitivité

Les données sont le carburant de l’IA en santé. Or, dans notre pays, il s’écoule en moyenne 9 mois depuis le début d’une demande pour accéder aux données.
Aujourd’hui, les startups françaises doivent s’entraîner sur des bases de données américaines ou asiatiques faute d’avoir accès aux données françaises. C’est un non-sens absolu :
Cela ralentit l’innovation et nous empêche de créer des solutions adaptées à nos besoins de santé publique.
Cela met en péril notre souveraineté sanitaire : en cas de restrictions d’accès aux bases étrangères, nous deviendrions dépendants d’acteurs non-européens.
Cela réduit l’attractivité de notre écosystème santé : les startups et investisseurs hésitent à s’implanter en France si les données ne sont pas accessibles.

L’annonce d’Emmanuel Macron sur les investissements massifs en intelligence artificielle et puissance de calcul dans le cadre du Sommet pour l’Action sur l’IA marque un tournant décisif et démontre la volonté nationale d’avancer dans la course à la souveraineté numérique de la France. En dotant le pays de computing centers de haute densité capables d’héberger et de traiter des volumes colossaux de données, cette stratégie réduira notre dépendance aux infrastructures étrangères et garantira une meilleure protection des informations sensibles. Au-delà de la sécurité, ces investissements permettront d’accélérer l’innovation en santé, en facilitant le développement d’algorithmes d’intelligence artificielle pour le diagnostic, la recherche et la médecine personnalisée. Dans le contexte géopolitique actuel, la maîtrise des données de santé est un levier stratégique, pour permettre à la France et l’Europe de prendre le leadership sur l’IA dans les sciences de la vie.

Modernisons les infrastructures numériques hospitalières

L’intégration des solutions d’IA dans les hôpitaux reste un défi majeur. Entre les contraintes budgétaires des établissements, la complexité des réglementations et la conduite du changement et les changement de process que le numérique induit, l’adoption de nouvelles technologies est souvent ralentie. Les processus d’homologation et de validation clinique sont longs et coûteux, ce qui complique l’entrée sur le marché des jeunes entreprises. De plus, les infrastructures hospitalières sont souvent vieillissantes et peu adaptées à l’intégration de solutions numériques avancées. Enfin, la protection des données de santé, soumise à des exigences strictes, ajoute une couche supplémentaire de complexité.

Résultat : il est encore très difficile de déployer massivement l’IA dans les hôpitaux. Un soignant qui doit jongler entre cinq logiciels différents ne pourra jamais exploiter les bénéfices des nouvelles technologies.

Pour que l’IA en santé tienne ses promesses, il est essentiel de simplifier l’accès des startups aux établissements de soins, en fluidifiant les collaborations et en soutenant financièrement l’adoption de ces innovations. l’IA ne peut pas fonctionner sans un socle solide. La majorité des hôpitaux français travaillent encore avec une mauvaise connectivité et un legacy IT avec d’énormes enjeux d’interopérabilités
Il faut faire de la modernisation des infrastructures numériques hospitalières une priorité nationale.

L’accès aux financements : gardons le cap

La France dispose d’un écosystème HealthTech en plein essor, soutenu par des investissements publics massifs et un engagement croissant des fonds privés. La récente annonce de la levée de 1,2 milliard d’euros par le fonds d’investissement français Sofinova Partners est notamment une nouvelle prometteuse pour le secteur.
Pourtant, un défi majeur persiste : le financement des startups après leur série A. Si les premières phases d’amorçage bénéficient d’un fort accompagnement, le passage à l’industrialisation et à l’expansion internationale reste un passage critique pour les startups, freiné par un manque de capitaux dédiés. Il est impératif de renforcer la synergie entre financements publics et privés pour soutenir cette transition cruciale. Les startups françaises en santé ne manquent ni d’innovation ni d’ambition, mais elles ont besoin d’investisseurs prêts à prendre le relais pour transformer leurs avancées technologiques en succès industriels et commerciaux. Les fonds ont une opportunité unique de participer à la consolidation d’un secteur stratégique, porteur de croissance et d’impact sociétal. Il est désormais plus que jamais nécessaire d’accélérer la structuration des fonds spécialisés santé numérique et deeptech.

Il est temps que l’Europe prenne ses responsabilités et développe une stratégie de financement ambitieuse pour la healthtech et l’IA en santé

L’inaction a un coût. Un coût humain, un coût financier, un coût stratégique.
Nous avons les solutions, les talents, les startups. Il est temps de faire sauter les verrous.
Chez Future4care, nous rassemblons startups, industriels, hôpitaux, investisseurs, assureurs, pour accélérer l’adoption du numérique en santé. Notre objectif est clair : faire émerger des champions européens de la santé numérique.

La France est à un tournant décisif dans la course à l’IA et nous ne pouvons plus laisser le numérique aux portes du soin. L’IA en santé n’est pas une option. C’est un impératif !