Incontournable. Le One to One Retail E-commerce à Monaco est devenu, en une dizaine d’années, l'événement incontournable du secteur, selon la plupart des intervenants et participants que nous avons rencontrés. Du 11 au 13 mars, il a réuni durant 3 jours, plus de 2 200 participants dont 1 100 retailers et e-commerçants avec 600 nouveaux invités, 193 partenaires, 200 speakers, 20 startups et 26 journalistes précisément. Cette année, il avait pour thème : “Vision. Simplicité. Pour un retour aux fondamentaux du commerce."
Il est vrai que depuis plusieurs années, le secteur du retail s’est profondément transformé avec une forte digitalisation, une diversité de ses canaux de vente, une ultra-personnalisation de l’expérience client et un essor de l’intelligence artificielle. Dans ce contexte, il revient désormais à une forme de simplicité : avoir un bon produit, le vendre au bon prix pour une clientèle bien identifiée. « Pendant plusieurs années, nous avons connu une course à l'innovation, une course à toujours en faire un peu plus. D’où le retour aux bases, c'est-à-dire se poser, capitaliser sur ses assets, s'appuyer sur ses points forts, pour retrouver de la croissance et de l’optimisme, malgré un contexte économique et géopolitique incertain », explique Sonia Mamin, directrice du One to One Retail E-Commerce.
Le magasin, lieu physique, reste ainsi un élément primordial de la stratégie des marques. Il permet de rester connecter aux attentes de ses clients et d’écouter les signaux faibles, comme l’a affirmé sur scène, lors de la conférence d’ouverture, Axelle Mathery, directrice générale de Maison 123, marque de mode pour femmes, filiale du groupe Etam, et qui dispose de plus de 150 boutiques. Sans oublier la question environnementale qui doit rester au cœur des fondamentaux, selon Lisa Nakam, directrice générale de la marque de chaussures pour femmes Jonak, et intervenante lors de cette même conférence.
Le e-commerce résiste
Présent aussi sur scène, pour introduire cette conférence d’ouverture, Marc Lolivier, délégué général de la FEVAD, qui représente le e-commerce français, a souligné l’optimisme du secteur. Plus de deux dirigeants sur trois abordent 2025 dans un état d’esprit stable ou positif, selon la dernière enquête de la Fevad sur le moral des e-commerçants cette année. « 2025 marque un retournement dans le moral des dirigeants du e-commerce par rapport à l’an dernier. Ce retour de la confiance se traduit dans les perspectives financières de leurs entreprises. Leur volonté d’investir dans le développement à l’international témoigne de leur capacité à prendre des risques. Et leur pleine prise en main des sujets liés à l’intelligence artificielle, aux évolutions des comportements de consommation ou la cybersécurité démontre la grande maturité du secteur pour anticiper et bien se préparer aux défis du futur proche », a-t-il affirmé.
Ce dernier en a profité aussi pour rappeler les chiffres encourageants du secteur. Le e-commerce français a passé le cap des 175 milliards d’euros en 2024, en hausse de 9,6% par rapport à l’année précédente. Cette hausse des dépenses sur internet est portée principalement par la baisse de l’inflation, notamment sur les dépenses contraintes comme l’énergie, le chauffage ou l'alimentation.
L’IA au coeur des échanges
Tout au long du salon deux mots étaient évidemment sur toutes les lèvres : l'intelligence artificielle. Il ressort que l’IA constitue une urgence pour le secteur. « Il y a ceux qui prendront le train de l’IA en marche, et les autres », défend Jean-Emile Rosenblum, CEO et fondateur de Pixmania, pionnier du e-commerce, qui a notamment développé un chatbot grâce à l’IA. Le retail a ainsi mis en place de nombreux cas d’usage avec l’IA. Sephora par exemple l’utilise pour créer ses magasins idéaux. Castorama de son côté propose un agent conversationnel pour accompagner ses clients dans le choix de leurs produits sur son site, et répond à leurs questions techniques.
D’une manière plus générale, l’IA permet au secteur de mieux gérer ses stocks, ses approvisionnements, d’améliorer son service client ou encore d’aider à la création de visuels de communication. Mais l’IA doit uniquement être appréhendée comme un outil au service du commerce, et non l’inverse, comme l’affirme Lisa Nakam. Elle doit se marier avec les fondamentaux du business. En ce sens, la marque travaille par exemple avec la startup française Imki pour lui générer des idées de collection de chaussures.
D’aucuns s’interrogent aussi sur l’acceptabilité de l’IA par les salariés dans son entreprise. Cette acceptabilité doit passer par une conduite de changement nécessaire en interne dans l’entreprise.
La question aussi de la gouvernance de l’IA a été soulevée : qui prend en main l’IA dans l’entreprise ? Est-ce le CEO, le service informatique ou les directions des activités elles-mêmes ? Cela dépend pour l’instant de l’organisation et aucune règle n’est unanimement partagée. En revanche, pour s’approprier l’IA, le mieux est peut-être de cibler précisément un cas d’usage dans son entreprise et de s’y consacrer pleinement. C’est déjà une première marche importante à gravir pour implémenter de l’IA dans son organisation, selon plusieurs intervenants rencontrés sur place.
La French Tech bien représentée au One to One Monaco
De nombreuses startups avaient fait le déplacement, pour rencontrer leurs clients ou en démarcher de nouveaux. C’est le cas par exemple de Klark, qui simplifie la relation client du retail grâce à l’IA générative, et qui a remporté le prix du « coup de cœur du comité » au grand concours de pitchs, organisé pendant l’évènement, où 20 startups étaient en compétition. La startup bordelaise travaille déjà avec Ba&sh, Asphalte, Click & Boat ou Voggt et a levé l’année dernière près de 2 millions d’euros. D’autres se sont spécialisés dans le paiement, comme DeluPay. La startup, qui a aussi participé au concours de pitchs, promet aux consommateurs de ne « plus faire la queue dans les files d’attente », grâce à sa solution de paiement sans contact via une application sur smartphone. L’entreprise a déjà conclu un partenariat avec le club de football Paris FC pour installer son service au stade Charléty à Paris.
La French tech bien représentée donc avec des dizaines d’entreprises, l’IA au cœur des discussions, un retour aux fondamentaux du secteur, et un e-commerce français en croissance. Après 3 jours d’évènement, c’est André Manoukian, auteur et compositeur de musique, qui s’est chargé de clôturer cette édition 2025, accompagné d’un piano sur scène. Le musicien a souligné que pour trouver l’accord ultime, il fallait avant tout savoir jouer les notes fondamentales. La boucle est bouclée.