Yespark veut s’ériger en consolidateur du marché européen de la location digitale de places de parking. En ce premier trimestre 2025, la société française fait un pas majeur pour concrétiser cette ambition en annonçant le rachat de son rival tricolore Zenpark. Les modalités financières de l’opération n’ont pas été dévoilées.

Cette acquisition intervient près de trois ans après un tour de table de 28 millions d’euros réalisé par Yespark auprès de Ring Capital, Sofiouest, Founders Future (fonds de Marc Menasé, actionnaire de Maddyness, ndlr) et la Banque des Territoires. Car si l’entreprise était rentable depuis sa création en 2014, celle-ci avait estimé qu’il était temps de changer d’envergure pour répondre à l’évolution des usages des citadins en matière de mobilité. Ce virage urbaniste nécessite de s’équiper en hubs pour les véhicules électriques avec des bornes de recharge, de transformer de places de voiture en centaines de places pour les vélos, ou encore de mettre en place de solutions intégrées avec les acteurs de la mobilité partagée (autopartage, vélos en libre-service…).

«Nous nous inscrivons parfaitement dans la vision de la ville de demain avec la libération de l’espace public et la ville du quart d’heure, l’intensification de la suppression des places en voirie pour mettre des terrasses et des pistes cyclables, ou encore la mise en place de zones à faibles émissions. Et dans ce cadre, notre mission est d’optimiser les parkings pour faire face à la ville de demain, en faisant en sorte qu’elle soit plus durable», explique Charles Pfister, co-fondateur et co-CEO de Yespark, depuis les nouveaux locaux de son entreprise, situés dans un ancien bâtiment industriel près du Canal Saint-Martin, à Paris.

Un parc de 100 000 places dans trois pays

Avec Zenpark, la société ajoute une corde à son arc pour élargir son offre. En effet, Zenpark est le spécialiste de la location de places de parking de courte durée (à l’heure ou à la journée), quand Yespark se positionne sur le stationnement de longue durée (au mois ou à l’année). «Il y a une vraie complémentarité entre nous et c’est pourquoi nous allons conserver les deux marques, qui sont très fortes, et les plateformes y sont associées. Nous allons pouvoir proposer une offre de stationnement complète qui va d’une heure à plusieurs années», indique Charles Pfister. Son entreprise proposait jusque-là 80 000 places de stationnement confiées par les bailleurs sociaux et les acteurs de l’immobilier tertiaire pour rentabiliser leurs actifs vacants.

Le rachat de Zenpark représente ainsi une opportunité pour Yespark afin de faire grimper le nombre de places de parking disponibles. En effet, l’opération permet à l’entreprise tricolore d’intégrer les 20 000 places de Zenpark. Désormais, Yespark, qui compte 20 % de professionnels parmi ses clients (artisans, grands groupes, opérateurs de mobilité…), revendique un parc de 100 000 places réparties sur 6 000 parkings dans plus de 700 villes en France, en Italie et en Belgique. Ensemble, les deux acteurs ont engrangé un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros en 2024. «Le prochain cap, ce sont les 100 millions d’euros de revenus», lâche avec un grand sourire Frédéric Sebban, CEO de Zenpark, qui endosse un rôle de Head Advisor au sein du groupe Yespark, qui compte désormais 150 salariés.

D’autres acquisitions en vue

Avec Zenpark, entreprise qui avait notamment séduit les groupes EDF et RATP en 2019, dans son giron, Yespark peut aborder l’avenir avec sérénité malgré la concurrence d’acteurs comme Onepark. «On se positionne comme un consolidateur naturel du marché. Nous sommes convaincus que cette acquisition en amènera d’autres afin d’accélérer notre développement technologique et notre expansion géographique. Nous lançons un appel aux autres marketplaces en Europe car notre notre volonté est de créer un groupe qui soit plus grand et plus fort. Et pour cela, on veut se construire en coopération pour les dix prochaines années», assure Charles Pfister.

Dans ce cadre, le dirigeant et son associé, Thibaut Chary, scrutent avec attention l’activité des poids lourds du secteur au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Belgique, en Espagne, en Italie, et en Allemagne. Zenpark pourrait ainsi être la première pierre d’un plan de croissance externe ambitieux pour permettre à l’entreprise tricolore de dominer le marché européen. Dans un secteur de la tech où les défaillances se multiplient, ce sont autant d’opportunités à saisir pour les sociétés plus solides qui veulent se renforcer. Et Yespark entend bien être du côté des chasseurs plutôt que celui des chassés.