Syensqo Ventures est le fonds de capital-risque de Syensqo, spin-off du groupe belge Solvay, spécialisé dans les matériaux de pointe et la chimie. Issu de la scission du conglomérat en 2023, Syensqo Ventures est en réalité l’héritier de Solvay Ventures, actif depuis 2005. « Nous avons d'abord investi en fonds de fonds pour nous insérer dans l'écosystème du capital-risque. Mais à partir de 2017, nous avons basculé sur des investissements directs, plus proches de nos enjeux stratégiques », explique Thomas Sayan, Partner au sein du fonds.
Le Corporate Venture Capital (CVC) s’inscrit dans une logique d’accélération et de différenciation pour le groupe. « Contrairement à d’autres fonds corporate, nous ne cherchons pas à améliorer l'efficacité opérationnelle, mais à créer des opportunités business », précise Thomas Sayan. L’objectif ? Trouver des technologies de rupture dans des domaines dans lesquels Syensqo peut apporter une réelle valeur ajoutée grâce à son expertise et ses capacités industrielles.
Un cœur de cible en série A
Syensqo Ventures dispose d’un véhicule evergreen de 80 millions d’euros, avec des tickets d’investissement compris entre 500 000 euros et 3 millions d’euros. Le fonds est “stage-agnostic”, ce qui signifie qu’il peut intervenir aussi bien en amorçage qu’en série C, voire au-delà. « Notre sweet spot reste la série A, où nous pouvons réellement jouer un rôle structurant pour les startups, mais nous pouvons aussi intervenir plus tôt ou plus tard si le fit stratégique est fort », détaille Thomas Sayan.
Le fonds adopte une approche flexible en matière de maturité technologique, mais évite les projets trop en amont. « Nous investissons quand il existe déjà au moins un prototype fonctionnel ou quelques échantillons de matière. L’objectif est de pouvoir rapidement tester l’intégration de ces innovations dans l’industrie », précise Thomas Sayan.
À la marge, Syensqo Ventures a maintenu quelques activités de fonds de fonds. « Nous avons par exemple investi dans Sofinnova Industrial Biotech II pour monter en compétence sur les biotechnologies industrielles, ainsi que dans plusieurs fonds chinois afin de mieux capter l’innovation locale », détaille Thomas Sayan. Mais contrairement aux débuts de l’activité, ces investissements sont désormais plus rares et visent exclusivement des domaines spécifiques dans lesquels le fonds souhaite se développer.
Une thèse d’investissement alignée avec les transitions industrielles
Syensqo Ventures cible des startups qui développent des innovations de rupture relatives aux mégatendances adressées par la stratégie du groupe. Tout d’abord l’électrification, qui englobe les matériaux pour batteries, piles à combustibles et électronique de puissance, ainsi que les infrastructures nécessaires au développement de ces technologies. Vient ensuite l’allègement des structures, avec des matériaux composites et des procédés de fabrication permettant de réduire le poids des véhicules et des avions pour diminuer leur empreinte énergétique.
L’efficacité des ressources, qui concerne l’économie circulaire, la biotechnologie industrielle et la capture du CO2, est aussi un thème d’investissement. On retrouve également l’intelligence artificielle et le numérique, avec un intérêt particulier pour les matériaux avancés appliqués aux semi-conducteurs et l’IA dédiée à la découverte de nouvelles molécules. Enfin, figurent la santé et la qualité de vie, où le fonds accompagne des innovations en matériaux biocompatibles pour les dispositifs médicaux et les nouvelles méthodes de fabrication appliquées à la Healthtech.
Syensqo Ventures, catalyseur de l’innovation dans la Deeptech
Syensqo Ventures est un acteur résolument engagé dans l’écosystème Deeptech, en étant notamment un partenaire historique de Hello Tomorrow, l’un des salons phares de la Deeptech. « C’est un moment clé pour identifier les startups prometteuses et renforcer notre réseau », explique Thomas Sayan.
Au-delà de son rôle d’investisseur, Syensqo Ventures joue aussi un rôle central dans la stratégie d’open innovation du groupe. « Nous sommes souvent les premiers à identifier des startups avec lesquelles Syensqo peut collaborer. Dans 90 % des cas, c’est nous qui avons initié les discussions », affirme Thomas Sayan. Le fonds facilite la mise en place de partenariats industriels avant même d’investir, toujours dans l’objectif de co-construire des opportunités business.