En France, environ 300 000 personnes sont atteintes d’un diabète de type 1. Cette maladie auto-immune et chronique n’est pas toujours simple à vivre : elle exige un suivi et un traitement quotidien pour pallier l’incapacité du pancréas à produire naturellement de l’insuline. 

Les patients doivent se supplémenter en insuline tous les jours et surveiller de façon régulière leur glycémie afin d’éviter de plus graves complications, qui pourraient apparaître au cours de leur vie. “La gestion du diabète est donc un défi constant, avec des risques de complications graves”, résume Eric Wibaux, VP General Manager d’Insulet France, une entreprise fondée en 2000 par le père d’un enfant atteint de diabète de type 1, qui s’est donné pour mission de simplifier l’administration de l’insuline.

Charge mentale et stigmatisation : le quotidien des patients

Pour donner une idée de leur quotidien, on estime qu’une personne atteinte de diabète insulino dépendante doit prendre 180 décisions de plus chaque jour par rapport à une personne qui n’est pas atteinte de cette maladie, soit plus de de 300 décisions quotidiennes au total. Une charge mentale considérable… “Cette complexité impacte non seulement le patient, mais aussi son entourage, en ajoutant une dimension émotionnelle significative”, souligne Eric Wibaux.

A ceci, s’ajoute un effet de stigmatisation. “Le diabète est souvent mal compris par le grand public. Par exemple, 66 % des Français se sentent mal informés sur la maladie. Ils sont notamment nombreux à confondre diabete de type 1 (DT1)  et le diabete de type 2 (DT2), ce qui peut mener à des perceptions erronées telles que : un simple changement d’alimentation pourrait suffire pour éviter le DT1, explique Eric Wibaux. Cela mène de nombreux patients à se sentir incompris, à limiter leurs interactions ou à éviter de rendre visible leur dispositif en milieu professionnel ou scolaire.”

Heureusement, le secteur de la santé innove, et les nouvelles technologies permettent peu à peu de soulager les personnes concernées sur certains aspects contraignants de la maladie. 

Des résultats prometteurs 

Il existe par exemple des dispositifs automatisés qui permettent d’administrer de l’insuline directement par voie sous-cutanée de façon continue et sur-mesure, reproduisant ainsi de façon artificielle le rôle d’un pancréas sain. Ce type d’appareils en boucle semi-fermée est capable d’augmenter, diminuer ou suspendre l’administration afin de maintenir un seuil et une cible glycémique fixée par des professionnels de santé. Il nécessite une pompe à insuline et un capteur, qui communique à la pompe la quantité d’insuline à administrer au fil de la journée.

Les patients ont ainsi moins de décisions à prendre chaque jour, et leur charge mentale est diminuée.

D’après les résultats préliminaires d’études menées par l’Observatoire de la boucle fermée en France (OB2F), l’utilisation d’une boucle semi-fermée améliore de façon significative le contrôle de la glycémie chez les adultes et enfants diabétiques de type 1, “en diminuant les risques d’hyperglycémie et d’hypoglycémie.” Eric Wibaux souligne : “Cela contribue à améliorer non seulement les résultats cliniques, mais également le bien-être psychologique des patients en allégeant le fardeau de cette maladie chronique”.

Un secteur porteur dans la HealthTech

Restent toutefois quelques obstacles à franchir. En dépit des bénéfices apportés, de nombreux patients continuent de ressentir une gêne à porter leur dispositif en public, “par peur des réactions et des jugements. Cela concerne, d’après une étude Insulet et Ipsos datant d’août 2022, 64% des patients interrogés en moyenne, et jusqu’à 90% des patients interrogés de moins de 35 ans. 

Le premier défi est donc de développer des solutions aussi “simples, discrètes et efficaces” que possible, tout en veillant à déstigmatiser le port de dispositifs, avec le mouvement #AccessoirementType1 par exemple.

Le besoin pour des dispositifs de gestion “simplifiés” va croissant, selon  résume Eric Wibaux. “On estime que, dans le monde, environ 8,42 millions de personnes vivaient en 2021 avec un diabète de type 1 (DT1). D’après une étude publiée le 10 octobre 2022 dans la revue Lancet Diabetes Endocrinology, le nombre de personnes atteintes de diabète de type 1 devrait augmenter rapidement dans les prochaines années, en particulier dans les pays pauvres. D’après les chiffres les moins optimistes, en 2040, il y aura entre 13,5 et 17,4 millions de personnes atteintes de diabète de type 1 et la plus forte augmentation se produira dans les pays à faibles et moyens revenus. Si l’estimation haute était atteinte, cela correspondrait à une augmentation de 115 % en l’espace de vingt ans (de 8,11 millions en 2020 à 17,43 millions en 2040).”

Le secteur est donc logiquement en pleine expansion, avec un intérêt croissant des chercheurs et investisseurs pour les solutions liées aux maladies chroniques, ainsi que du secteur public, qui s’intéresse de près à ces dispositifs technologiques évitant des complications et assurant un meilleur suivi. Les dispositifs de santé connectés, assure Eric Wibaux, sont “un marché d’avenir”.