On les a souvent comparés : Ÿnsect et Innovafeed. Les deux scaleups françaises sont membres du Next40, basées dans la même région, autour d’Amiens, et surtout ont le même but : révolutionner notre alimentation grâce aux insectes. Mais alors qu’Ÿnsect vient d’officialiser son placement en redressement judiciaire au tribunal d’Evry, Innovafeed résiste et poursuit sa roadmap.
La startup industrielle compte désormais 350 collaborateurs. Si les productions peuvent paraître similaires et incluent des insectes chez Ÿnsect et Innovafeed, les deux foodtechs diffèrent par leurs produits et leurs cibles. Alors que la startup d’Antoine Hubert avait pour ambition de nourrir les hommes, Innovafeed se concentre sur l’alimentation animale et les produits d’engrais ou biostimulants pour les cultures. Fondée en 2016 par Aude Guo, Bastien Oggeri et Clément Ray, Innovafeed s’allie avec Auchan deux ans plus tard. Première réussite : le lancement d’un élevage puis la commercialisation des premières truites nourries à la farine d’insectes Innovafeed.
Une progression maitrisée
En février 2018, Innovafeed lève un premier tour de table de 15 millions d’euros. Autour de la table : AlterEquity3P, Finovam Gestion, Nord Création, Nord France Amorçage et des business angels. La scaleup a bouclé sa dernière levée, une série D de 250 millions d’euros, en septembre 2022, portant à 490 millions d'euros le montant total investi dans Innovafeed.
À cette occasion, l’agritech avait dévoilé sa feuille de route et notamment ses projets d’expansion industrielle. Installée au démarrage à la Génopole d'Evry, comme Ÿnsect d’ailleurs, Innovafeed ouvre un premier site pilote à Gouzeaucourt, entre Amiens et Cambrai. Nous sommes en octobre 2017. C’est de ce site qu’Innovafeed mène tous ces développements technologiques et teste la solidité de son modèle.
La startup noue alors plusieurs partenariats stratégiques avec Cargill puis avec HelloNature. Cette dernière alliance lui permet de diversifier son marché avec le lancement de produits destinés à l’agriculture. Quelques mois plus tard, en juin 2020, Innovafeed démarre la “première filiale volaille “vive l’insecte”” : des volailles, commercialisées notamment dans le nord de la France dans les magasins Auchan, nourries à l’huile enrichie aux insectes.
“La plus grande ferme d’insectes au monde”
En octobre 2020, la startup accélère son industrialisation et inaugure à Nesle, au sud de Gouzeaucourt, un nouveau site de production. Cette usine deviendra “la plus grande ferme d’insectes au monde” au terme de trois extensions de site, ce qui permettra à Innovafeed de dérisquer son modèle, de valider sa technologie avant de passer à l’échelle.
De son côté, la même année, Ynsect boucle une série C de 372 millions de dollars pour entamer les travaux de sa “fermilière” Ynfarm 1, à côté d’Amiens. Elle ne sera achevée que trois ans plus tard, en 2023. Au mois d’avril 2023, Innovafeed termine la deuxième extension de son site de Nesle. Les deux sites de production ne sont d’ailleurs séparés que de 60 km. Un an après, Innovafeed annonce sa première expansion internationale et lance un site de production aux Etats-Unis dans l’Illinois.
Le site de Nesle a été complètement achevé en juillet 2024 après une troisième extension. D’une surface d’élevage de 20 000 m2, cette ferme permet désormais à Innovafeed de se concentrer sur son développement commercial et l’atteinte de la rentabilité. La scaleup a d’ailleurs affirmé, en 2022 à l’occasion de sa série D, avoir sécurisé 1 milliard d’euros de commandes auprès de ses clients sur dix ans.
