Le Sommet pour l’Action sur l’Intelligence artificielle a été le théâtre d’annonces d’investissements dans l’IA en France et au niveau européen. Le but ? Répondre au plan Stargate, la bombe de Donald Trump et ses 500 milliards de dollars sur 4 ans. La France investira donc 109 milliard d’euros et l’Europe, 200 milliards, pour soutenir le développement de l’intelligence artificielle sur le Vieux Continent. 

Mais sous ces effets d’annonces, combien vont bénéficier aux startups directement ? France Digitale fait le point. “Ce qui compte pour nous c’est de savoir si cet argent va revenir aux startups ou si ce sont des annonces similaires à Choose France où des grands groupes investissent sur le territoire français, mais pour leur propre intérêt”, explique Marianne Tordeux Bitker, responsable des Affaires publiques chez France Digitale. 

Beaucoup d’annonces et beaucoup de… flou 

Sur les 200 milliards d’euros européens, 150 milliards d’euros proviennent de l’"EU AI Champions Initiative", un consortium de 60 entreprises : grands groupes, scaleups tech et fonds d’investissement. Pour l’instant, on ne sait pas si ces investissements seront faits en interne dans les groupes, via l’achat de solutions portées par des jeunes pousses, ou si une partie peut être attribuée à du capital-risque. On ne sait pas non plus si ce sont de nouvelles annonces ou si elles recoupent d’autres projets déjà dévoilés. “Aucun engagement précis ne semble avoir été pris”, précise l’association. 

Les 50 milliards d’euros restants proviennent de la Commission européenne à travers des programmes comme Europe numérique, Horizon Europe et InvestEU. France Digitale souligne que ce n’est pas une nouvelle enveloppe mais un fléchage de montants déjà existants vers de l’IA. 

Côté français, Bpifrance a annoncé déployer 10 milliards d’euros dans l’IA d’ici 4 ans. Si c’est une bonne nouvelle, là encore, on manque de précisions. Les activités de la banque publique d’investissement sont larges : capital risque, dette, infrastructures, equity… 

Des investissements fléchés vers de l’infrastructure 

Une (très grande) partie des 309 milliards annoncés dans le cadre du Sommet vont être consacrés à la construction de data centers et de supercalculateurs sur le territoire national et européen”, relève France Digitale. Par exemple, dans les 200 milliards européens, 15% du total des montants sont consacrés à l’investissement dans des gigafactories et des AI factories. Cela représente plus de la moitié de l’argent public de l’Union européenne annoncé. 

Parmi les 109 milliards d’euros d’investissements en France, annoncés triomphalement par le président de la République, même pas 15% sont des capitaux français, grâce à Iliad et Bpifrance. Plus de la moitié de cette enveloppe provient du fonds MGX des Emirats arabes unis. Le reste est majoritairement de l’argent américain de fonds d’investissement et d’Amazon notamment. Si ces dépenses vont permettre à la France d’augmenter sa puissance de calcul et de stockage de données, rien ne dit que les startups vont en profiter directement. Par ailleurs, l’un des enjeux de ce Sommet pour l’Action sur l’intelligence artificielle, n’était-il pas de protéger notre souveraineté et d’encourager l’émergence d’une IA à l’européenne ? Cela peut être difficile quand les algorithmes sont entraînés sur des serveurs détenus par des groupes américains ou financés par le Moyen-Orient.