« Quand on était jeunes, on était passionné de mangas et un peu mis à l’écart pour ça, se souvient Romain Regnier. Aujourd’hui, c’est presque le contraire. Le manga s’est totalement démocratisé, il est lu par une grande partie de jeunes au lycée. » Selon l’institut GfK, en 2022, sur les 100 livres les plus vendus, un quart était des mangas.
Une tendance de marché qui a notamment motivé Romain Regnier et Yun Inada à lancer la plateforme. Ils en rêvaient étant plus jeunes. En 2019, les deux associés, amis du lycée, ont donc imaginé Mangas.io. Une application de lecture de mangas par abonnement, qui réunit déjà 70 éditeurs. « Sur ce marché, le piratage a pris une ampleur extrême. Selon les études, on estime que les pertes des éditeurs se chiffrent entre 2 et 12 milliards de dollars par an. Et en tant que fan, on s’est rapidement demandé pourquoi il n’y avait pas d’application légale pour lire des mangas », précise Romain Regnier.
Un million d'euros de CA, 10 salariés
Après avoir mis quelques années à convaincre les éditeurs français et japonais, Mangas.io a lancé son produit sur le marché en 2022 et réalise désormais un million d’euros de chiffre d’affaires avec 10 salariés. « Nous avons levé 600 000 euros en 2021 en pre-seed puis 1,9 millions d’euros en 2023 pour continuer à développer notre produit », précise Yun Inada. Désormais, Mangas.io envisage de réunir entre 5 et 10 millions d’euros.
La startup, sélectionnée pour participer à l’émission « Qui veut être mon associé ? », s’est ainsi présentée au jury de l’émission pour lui proposer un ticket de 250 000 euros contre 5 % de ses parts. Elle a depuis revu sa valorisation. Un passage remarqué car les négociations avec les jurés se sont prolongées. « On a eu beaucoup de questions de la part des investisseurs et, finalement, on a réussi à en convaincre trois : Anthony Bourbon, Eric Larchevêque et Jean-Michel Karame », souligne Romain Regnier. Pour ne pas avoir à choisir l’un d’eux, les entrepreneurs leur ont donc proposé de se réunir dans un deal. Cet accord changeait quelque peu le montant du ticket ainsi que la valorisation de l’entreprise. « On sentait qu’il y avait de l’appétence, on a voulu tenter, mais ils ont refusé et on est parti sur une « double négociation » », raconte Romain Regnier. Les fondateurs ont finalement choisi Anthony Bourbon et Eric Larchevêque. « Aujourd’hui, les négociations sont toujours en cours », précisent-ils.
« Un vrai potentiel à l’international »
Grâce à cette nouvelle levée de fonds, la startup souhaite « continuer à consolider sa position sur le marché ». Elle veut également « préparer son internationalisation. » « L’idée est de développer des outils technologiques pour faciliter le travail avec les éditeurs et la diffusion numérique et ensuite d’aller adresser des marchés comme les pays francophones en Afrique par exemple. On sait qu’il y a un vrai potentiel à l’international. » Mangas.io envisage également de nouer différents partenariats avec des opérateurs téléphoniques ou de grandes marques. « Nous avons par exemple travaillé avec TGV Inouï pour proposer des mangas dans les trains », raconte Romain Regnier.