Près de 6 mois après son départ de H, Karl Tuyls annonce devenir directeur de la recherche sur l’IA de Meta. Le chercheur fait partie de l’équipe de fondateurs de H, cette startup française de l’IA qui suscite beaucoup d’interrogations. Lancée avec les honneurs en mai dernier, H bouclait déjà une levée de fonds en amorçage de 220 millions d’euros avec un excellent syndicat d’investisseurs : Xavier Niel, fondateur d’Iliad, d’Eric Schmidt, l’ex-PDG de Google, Bernard Arnault, le patron de LVMH via la société de capital-risque Aglaé Ventures…
À l’origine de H : 5 chercheurs internationaux parmi les meilleurs profils. Dans l’équipe, deux Français, Laurent Sifre, CTO, qui a travaillé sur le programme AlphaGo et Gemini, et Julien Perolat, expert de la théorie des jeux et de l'apprentissage par renforcement multi-agents. À leur côté, deux anciens de Deepmind, Daan Wiestra et Karl Tulys. Charles Kantor, également français, dernier fondateur passé par Stanford, est aujourd’hui CEO. Il est le seul encore à la tête de la jeune pousse, aux côtés de Laurent Sifre.
Des investisseurs qui s’interrogent
D’après des échanges destinés aux investisseurs, auxquels la rédaction de Maddyness a eu accès, on apprend que ces départs groupés ont déstabilisé l’entreprise. Même si, en interne, on affirmait au quatrième trimestre que “la restructuration de l’équipe fondatrice est maintenant digérée et qu’il n’y a pas de départs majeurs dans le reste de l’équipe”, au troisième trimestre, des inquiétudes ont été soulevées, notamment pour remplacer Daan Wiestra, “très expérimenté”.
Le premier modèle de H a été lancé en version bêta en novembre 2024. Il s'agit d'un agent IA, basé sur le cloud et spécialisé sur le web conçu pour agir de manière autonome, en planifiant des actions et en prenant des décisions pour atteindre des objectifs spécifiques définis par l'utilisateur.
Dans ces échanges avec ses investisseurs, il ressort que la startup a “plus de trois ans de visibilité” avec un “runway toujours très confortable”. Mais avec ce modèle toujours en version bêta, H inquiète de plus en plus alors que Mistral AI ou Kyutai dévoilent régulièrement de nouveaux modèles. “L’équipe tech expérimentée (avec des anciens de Meta ou d’OpenAI, ndlr) avec des experts mondialement reconnus”, une levée de fonds solide et des bons investisseurs, font partie des forces de H, comme décrit dans cette note. Au contraire, “un marché fort et compétitif” mais surtout “un jeune CEO à la tête d’une entreprise en très forte croissance” sont ses challenges. Ce qui est sûr, c’est que ce premier modèle est très attendu et devra être à la hauteur, pour ne pas inquiéter davantage ses investisseurs.