Un panorama, comme un examen médical, permet de faire le point sur l’état de santé du sujet étudié. Et dans le cas de celui sur la healthtech française que vient de publier France Biotech, le bilan est plutôt contrasté. Certes, son chiffre d’affaires global a augmenté de 21 % par rapport à l’année précédente pour atteindre 1,7 milliard d’euros.


Cependant, les défaillances d’entreprises ont augmenté de 13 % pour toucher 44 entités sur 88 créées en 2024, contre 39 l’année précédente. D’ailleurs, 68 % des entreprises du secteur healthtech se disent directement affectées par le contexte économique instable, soit une hausse de 8 points par rapport à 2023. 


Consolider l’écosystème

Avec cette conjoncture économique morose, les startups bénéficient moins de financements. Or l'accès au financement est particulièrement crucial pour les startups de la santé, avec le lancement d’un produit sur le marché qui peut prendre des années. 39 % d’entre elles faisaient encore face à des problèmes de trésorerie, un niveau équivalent à celui de l’année précédente. L’augmentation des prix des prestataires, des matières premières, et la baisse des budgets des clients sont autant de facteurs qui accroissent leur besoin de cash.

« Le financement des healthtechs françaises est forcément notre première préoccupation et nous nous assurerons que toutes les promesses faites par le gouvernement soient tenues dans le secteur de la santé » soutient Frédéric Girard, président de France Biotech. Cela concerne notamment la deuxième phase de l’initiative Tibi, mais aussi l’accès aux subventions et le travail sur le côté dérogatoire des dispositifs médicaux numériques (DMN) à usage professionnel, dont le parcours n’est pas encore bien balisé aujourd’hui.


L’enjeu stratégique de la R&D

D’autant que les biotechs et medtechs françaises font face à des dépenses en R&D  particulièrement importantes. Elles ont augmenté de 10 % par rapport à l’année dernière et les medtechs ont accru de 85 % les montants moyens investis entre 2022 et 2023. Dans ce contexte, l’inquiétude est forcément de mise.

Les recrutements sont en baisse par rapport à l’année dernière. 68% des biotechs et medtechs ont procédé à des recrutements l’année dernière, contre 75% en 2023. Et les réductions des dispositifs fiscaux essentiels pour soutenir l'innovation et contenues dans le Budget 2025 n’arrangent pas les choses. 

Le Crédit Impôt Recherche (CIR) notamment, dont bénéficient 86 % des entreprises du secteur, qui permet de couvrir en moyenne 10 à 20 % de leurs dépenses d’exploitation. Il connaît de sérieuses restrictions avec dans la loi de finances 2025  la non éligibilité des dépenses liées aux brevets et à la veille technologique, la suppression de la possibilité de déclarer deux fois le salaire des jeunes titulaires d'un doctorat pendant leurs deux premières années de contrat et l’abaissement du taux de prise en compte des dépenses de fonctionnement de 43 % à 40 %.

Le statut de Jeune Entreprise Innovante (JEI), lui, tout aussi crucial pour alléger les charges et soutenir les investissements en R&D et auquel sont éligibles 57 % des entreprises, se durcit aussi. Désormais, ne pourront y prétendre que les entreprises qui consacrent au moins 20 % de leurs dépenses en R&D, contre 15 % auparavant. Malgré tout, Frédéric Girard se veut confiant car selon lui « on n’entreprend pas dans la healthtech sans être fondamentalement optimiste car on œuvre pour le bien des patients, des aidants et des professionnels de santé. Il y a des évolutions positives et des embellies dans des pays limitrophes, que nous espérons être traduites en France ».