« Tous les ans, 4 000 personnes meurent en France à la suite d’une infection attrapée lors d’un passage à l’hôpital. Et ce chiffre grimpe à 99 000 décès par an aux États-Unis.» En cause : un défaut de stérilisation des sondes utilisées pour les échographies. « Ces appareils ne sont pas jetables. Lorsqu’ils entrent en contact avec le rectum, le vagin ou l'œsophage, on les désinfecte avec des produits chimiques, la plupart du temps. Mais avec les contraintes de temps que connaissent les hôpitaux, cette désinfection n’est pas toujours optimale », détaille Vincent Gardès. En 2021, ce manager a repris les rênes de la société familiale Germitec, imaginée il y a vingt ans pour stériliser les sondes médicales et diminuer le nombre de maladies nosocomiales.

Pour cela, la société a mis au point un petit automate, capable de réaliser une désinfection rapide et de très haut niveau. « Nous utilisons une technologie propre à base de lumière. Notre appareil fonctionne grâce aux UV-C, qui sont connus pour tuer même les plus petites bactéries », précise Vincent Gardès.

2 500 machines dans 40 pays

Grâce à ce produit, la société qui emploie 40 salariés et a réalisé 7 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2024 espère doubler de taille cette année. « Nous avons déjà installé 2 500 machines dans 40 pays », précise le dirigeant, présent sur trois principaux marchés. La France mais aussi l’Australie et le Royaume-Unis. « Ce sont deux pays où la réglementation impose aux établissements de santé la stérilisation de ces sondes », poursuit-il.

La société, qui avait levé 11 millions d’euros fin 2021, pour se structurer et recruter, veut désormais accélérer. Elle annonce une série B de 29 millions d’euros menée par le fonds d'investissement européen Eurazeo, via son fonds Nov Santé Actions Non Cotées, avec la participation des actionnaires historiques de Germitec. « Notre ambition est de commercialiser notre produit aux USA qui est de loin le plus gros marché pour ce type de dispositifs. Il s’agit du plus gros marché de la MedTech et les réglementations imposant la désinfection des sondes dans les établissements de santé favorisent l’adoption de notre solution », précise le dirigeant.

Atteindre la rentabilité d’ici 2027

Au cours de l’été 2024, Germitec a reçu l'agrément de la Food and Drug Administration pour pouvoir commercialiser son produit outre-atlantique. Depuis, elle a ouvert une antenne sur place qui compte déjà 8 salariés et espère en recruter encore une dizaine d’ici la fin de l’année. En parallèle, la société veut « continuer à innover » en travaillant notamment sur de futures applications thérapeutiques. « Aujourd’hui on se concentre sur les sondes d’échographie mais notre machine peut stériliser d’autres outils », indique Vincent Gardès, qui cible notamment les marchés de l’ORL et des Urgences.

Grâce à son plan de croissance, Germitec espère atteindre la rentabilité d’ici 2027, en doublant son chiffre d’affaires chaque année. « Lorsque nous aurons atteint la barre des 30 millions d’euros, nous serons à l’équilibre », indique le dirigeant.