C’est le grand jour ! Après deux journées dédiées aux débats scientifiques sur le plateau de Saclay, puis deux journées culturelles à Paris pour sensibiliser le grand public, le Sommet pour l’Action sur l’IA débute officiellement ce lundi dans un cadre prestigieux sous la nef du Grand Palais, à Paris. Des chefs d’État et des dirigeants d’entreprise tech du monde entier sont attendus dans la capitale française à cette occasion.
Ce sommet intervient dans un contexte particulier alors que l’année 2025 a débuté de manière fracassante dans l’IA avec des annonces fortes qui ont rebattu les cartes mondiales du secteur. Ainsi, les États-Unis ont tiré en premier avec le méga-plan Stargate de 500 milliards de dollars annoncé par Donald Trump, aux côtés des patrons d’OpenAI, Oracle et SoftBank, avant que la Chine ne réplique quelques jours plus tard par l’intermédiaire de sa pépite DeepSeek qui a réalisé une percée spectaculaire en dévoilant une IA tout aussi efficace qu’un ChatGPT pour un coût dérisoire.
C’est dans cette atmosphère spéciale, où la course à l’IA semble à la croisée des chemins, que le Sommet pour l’Action sur l’IA s’ouvre à Paris. Cet événement est co-présidé par Emmanuel Macron et le Premier ministre indien Narendra Modi. « On souhaite que ce sommet soit une occasion d’avoir une conversation mondiale sur l’intelligence artificielle. On ne souhaite pas que ce soit une conversation uniquement entre les États-Unis et la Chine. On compte faire valoir la parole de la France et de l’Europe, mais aussi celle de tous les autres pays qui sont directement concernés », indique l’Élysée.
Le Grand Palais, centre névralgique du sommet
La réussite de ce sommet se jouera essentiellement au Grand Palais. Sous la nef de ce lieu emblématique des Jeux Olympiques de l’été dernier, des conférences, tables-rondes et présentations, qui mettront en avant les solutions permises par l’IA, seront organisées tout au long de la journée ce 10 février pour alimenter la discussion entre le millier de participants venus du monde entier. L’IA au service de l’avenir du travail, les cyberattaques et la désinformation, la gouvernance de l’IA, l’IA dans l’intérêt général, les risques de l’IA ou encore la construction d’une IA de confiance seront autant de thèmes abordés sous la nef du Grand Palais.
Cette dernière verra de nombreuses personnalités fortes de l’IA prendre part à l’événement, à l’image de Sam Altman, le patron d’OpenAI, Dario Amodei, PDG d’Anthropic, Arthur Mensch, patron de Mistral AI, ou encore Éléonore Crespo, co-fondatrice de Pigment. Seront présents également Sundar Pichai, patron de Google, Brad Smith, président de Microsoft, Demis Hassabis, PDG de Google DeepMind, Clément Delangue, PDG d’Hugging Face, Fidji Simo, PDG d’Instacart, ou encore Aude Durand, directrice générale déléguée du groupe Iliad. A noter que le trio Xavier Niel (Iliad), Rodolphe Saadé (CMA CGM) et Eric Schmidt (ex-Google), à l’origine du laboratoire Kyutai, a également confirmé sa participation au sommet. Plusieurs startups françaises seront également à l’honneur, comme Alan, Photoroom, Dataiku, Dust, H, Doctolib, Owkin, Unseenlabs, Pasqal ou encore Quandela.
Concernant le volet politique, de nombreux dirigeants seront aussi de la partie. Aux côtés d’Emmanuel Macron et du Premier ministre indien Narendra Modi, on retrouvera ainsi J.D. Vance, vice-président américain, Justin Trudeau, Premier ministre du Canada, le vice-Premier ministre chinois Zhang Guoqing, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ou encore le chancelier allemand Olaf Scholz.
Macron en clôture de la première journée
Ce matin, c’est Anne Bouverot, l’envoyée spéciale du président de la République pour cet événement, qui aura l’honneur d’ouvrir officiellement ce sommet, aux côtés de Fei-Fei Li, co-directrice de l’Institut pour une IA centrée sur l’humain de l’université de Stanford. Puis des discussions pour débattre de toutes les facettes de l’IA (politique, économique, sociétale, culturelle…) débuteront dans la foulée dans les différents espaces du Grand Palais.
La journée s’achèvera par des démonstrations réalisées par Patrick Pérez, le chercheur à la tête de Kyutai qui vient tout de juste de dévoiler son modèle de traduction simultanée Hibiki, Sundar Pichai, le patron de Google, John Elkann, président de Stellantis, et Arthur Mensch, le patron de Mistral AI qui a annoncé la construction d’un premier centre de données en France. Enfin, c’est à 17h30 qu’Emmanuel Macron prononcera son discours de clôture de cette première journée du sommet. Celle-ci se conclura par un dîner à l’Élysée avec les personnalités les plus emblématiques dans l’IA et les chefs d’État qui participent à l'événement.
Le sort du sommet scellé le mardi matin
La deuxième et dernière journée du sommet, ce mardi 11 février, sera décisive. Et pour cause, une session plénière, toujours au Grand Palais, aura lieu durant la matinée pour rassembler les chefs d’État et de gouvernement ainsi que des personnalités internationales. A cette occasion, ils échangeront sur les grandes actions communes à mettre en œuvre en matière d’IA.
Une charte mondiale pour une IA durable pourrait notamment être élaborée à l’issue de ce sommet. Autant d’éléments qui rappellent des spécificités d’une COP pour le climat, mais version IA. « Le président se retrouve à nouveau à la manœuvre pour récréer du lien dans une communauté internationale qui est aujourd’hui très fragmentée, où on observe sur les sujets numériques une fracture croissante entre quelques acteurs qui mènent le jeu et les autres qui, globalement, regardent les balles passer, avec un risque très fort d’avoir un sentiment de déclassement et de délaissement d’une grande partie de la communauté internationale », commente l’Élysée.
Pour rappel, Emmanuel Macron a frappé fort ce dimanche soir, en annonçant 109 milliards d’euros d’investissements dans l’IA « dans les prochaines années ». Une enveloppe qui comprend les 30 à 50 milliards promis par les Émirats arabes unis pour construire un data center géant et les 20 milliards annoncés par le fonds canadien Brookfield pour faire sortir de terre de nouveaux centres de données.
Un « Business Day » à Station F le mardi
Pendant que les chefs d’État tenteront d’accorder leurs violons sous la nef du Grand Palais le mardi matin, un « Business Day » se tiendra du côté de Station F en parallèle. Plus de 6 000 acteurs (startups, ETI, grands groupes…) sont attendus sur le site de l’incubateur dirigé par Roxanne Varza. Ce sera notamment l’occasion de mettre en avant des cas d’usage, des réflexions sur l’adoption de l’IA… et de faire du business évidemment.
Des tables-rondes rythmeront la journée et des startups auront l’occasion de présenter leurs innovations sur leur stand à des investisseurs du monde entier. Les participants au «Business Day» devraient voir débarquer Emmanuel Macron durant l’après-midi. Le président de la République fera « une déambulation » dans les allées de Station F à cette occasion, précisent les services du président de la République. L’occasion pour le chef de l’État de prendre la température de la vitalité de l’écosystème en plein sommet et de relancer une histoire d’amour avec les entrepreneurs qui a du plomb dans l’aile depuis quelques temps. Selon une étude parue en décembre dernier, 8 entrepreneurs sur 10 ne font plus confiance à Emmanuel Macron. L’IA pourrait donc constituer un levier pour renouer le contact.
Le sommet s’achèvera le mardi par une soirée à Station F organisée en partenariat avec OpenAI, Hugging Face et H, trois acteurs majeurs de l’IA. Une manière de finir sur une note festive cette grosse séquence IA. Reste désormais à voir si ce rendez-vous aura un impact sur le long terme ou s’il s’agit d’un coup d’épée dans l’eau. Mais au vu des premières annonces, tant au niveau des entreprises, avec notamment Mistral AI et Kyutai, que celui de la sphère politique, avec les multiples promesses d’implantation de centres de données dans l’Hexagone, l’espoir est permis.