Créé en avril 2023, le fonds Bpifrance Amorçage Industriel a vu le jour pour répondre à un besoin spécifique : combler un vide dans le financement des startups industrielles innovantes qui peinent à attirer des investisseurs privés. « Il existait un manque criant de financement pour des entreprises qui n’étaient pas nécessairement deeptech, mais qui avaient des projets industriels différenciants et un potentiel de développement rapide », explique Raphaël Didier, directeur du Pôle Investissement Amorçage Industriel, à l’initiative du fonds.

Bpifrance, déjà impliqué dans l’accompagnement de l’industrie à travers divers dispositifs lancés dans le cadre du plan France 2030, a donc conçu un véhicule d’investissement spécifiquement destiné à ces jeunes entreprises. Doté de 50 millions d’euros, le fonds vise à soutenir une quinzaine de startups industrielles lors de leurs premières étapes d’industrialisation et de lancement commercial.

Un modèle d’investissement sur-mesure pour l’industrialisation

En s’appuyant sur une approche progressive, où les entreprises valident d’abord leur marché avant d’investir massivement dans des capacités de production, Bpifrance Amorçage Industriel espère créer un écosystème structurant pour une nouvelle génération d’industriels français. « Le modèle VC s’est imposé dans la tech et la biotech, mais il peine encore à s’imposer pour l’industrie. Nous voulons prouver qu’il est possible d’investir efficacement dans des entreprises qui développent des innovations tangibles, sans forcément mobiliser des sommes colossales », souligne Raphaël Didier.

Le fonds investit des tickets compris entre 500 000 et 2 millions d’euros avec une capacité de réinvestissement. Contrairement aux fonds dédiés aux deeptechs, qui misent sur des ruptures technologiques fortes, il cible des innovations incrémentales. « Nous investissons en amorçage ou en série A dans des sociétés avec une part significative de la production en France, qui démontrent déjà un potentiel de commercialisation et qui ont besoin de levier pour l’accélérer », précise Quentin Iprex Garcia, membre de l’équipe d’investissement.

Un portefeuille bien diversifié

En un an, le fonds a déjà soutenu huit startups industrielles dans des domaines variés, du transport aérien à l’agroalimentaire, en passant par le recyclage des batteries et les matériaux de construction. Parmi elles, on retrouve Elixir Aircraft, qui conçoit des avions légers en fibre de carbone, plus économes en carburant que les modèles traditionnels. 

Dans le portefeuille figurent également Yumgo qui propose des ingrédients végétaux alternatifs pour la boulangerie-pâtisserie professionnelle ou Cellaven qui développe des automates de laboratoire pour la culture cellulaire, automatisant ainsi un processus encore largement manuel. 

Un rôle actif aux côtés des entrepreneurs

Bpifrance Amorçage Industriel intervient toujours aux côtés de co-investisseurs, qu’ils soient industriels ou financiers, et privilégie une présence aux organes de gouvernance pour accompagner les entreprises dans leur croissance. « Nos investissements sont toujours réalisés aux côtés de partenaires industriels ou financiers, afin d’assurer un alignement stratégique sur le long terme », précise Raphaël Didier. « Nous pouvons être co-lead ou suiveurs lors des tours de table, et dans tous les cas, nous nous impliquons ensuite fortement dans la gouvernance de l’entreprise », ajoute-t-il.

En l’espace d’un an, le fonds a démontré que l’industrie pouvait, elle aussi, s’inscrire dans une logique de financement en amorçage. « On associe rarement le modèle VC à l’industrie, et pourtant, c’est un modèle qui peut fonctionner. L’enjeu, c’est d’adapter les méthodes d’investissement aux réalités industrielles, où les cycles sont différents et où l’alignement entre production et commercialisation est crucial », conclut Raphaël Didier.