Lutter contre le dérèglement climatique impose de sortir des énergies fossiles qui représentent 80 % de l’énergie consommée dans le monde aujourd’hui, près de 60% en France. Ces combustibles sont présents partout dans notre quotidien : pour nous chauffer, nous déplacer, pour faire fonctionner nos usines. Pour réduire les émissions de CO2, tous les secteurs de l’économie doivent travailler à substituer des énergies bas carbone aux énergies fossiles et donc à reconfigurer leur mix énergétique.
Pour y parvenir, dans tous les secteurs émetteurs de CO2 (transports, industrie, bâtiment), « trois leviers complémentaires par ordre d’impact seront nécessaires : l’électrification, l’efficacité énergétique et la sobriété » explique Catherine Bauby, Directrice de la Stratégie du groupe EDF.
L’électricité est le vecteur essentiel de la décarbonation, en Europe et dans le monde, car elle permet de consommer moins d’énergie et de consommer mieux, sans émettre de CO2.
Or, à ce jour, la part de l'électricité dans la consommation finale d'énergie de l'Union européenne stagne à environ 23 % depuis quelques années, et à 27 %, en France.
« Il faut électrifier notre économie à un rythme soutenu. Nous ne sommes pas sur le bon rythme. Notre Scénario EDF Net Zero 2050 montre qu’il faut que cette part d'électrification atteigne environ 60 % d'ici à 2050. Un retard dans l’électrification des usages compromettrait sérieusement la trajectoire vers la neutralité carbone avec un coût important pour la collectivité », poursuit-elle.
Accélérer l’électrification des usages
Le verdict est clair : il est impératif d'accélérer l'électrification des usages. Pour rappel les transports représentent 124 millions de tonnes de CO2/an, l'industrie 62 millions de tonnes et les bâtiments résidentiels et tertiaires 49 millions de tonnes. Par exemple, utiliser un véhicule électrique au lieu d'un véhicule thermique pour se déplacer ou une pompe à chaleur pour se chauffer à la place d'une chaudière à gaz ou au fioul permet de consommer trois fois moins d'énergie et de réduire les émissions directes de CO₂ par dix (en France).
Tous ces nouveaux usages, en remplacement des énergies carbonées, pourraient représenter 150 TWh de demande électrique additionnelle, en France, en 2035. La nouvelle Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) projette d’ailleurs une forte hausse de la consommation d’électricité dès 2030 puis une croissance significative à 2050.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit pour sa part un doublement de la consommation d’électricité à l’échelle mondiale d’ici 2050.
Quel rôle EDF peut jouer ?
« Avec 93 % de sa production d’électricité décarbonée en 2023, le groupe EDF est aujourd’hui le premier producteur mondial d’électricité bas carbone et pour conserver cette longueur d’avance, il faut continuer à nous appuyer sur les 2 jambes : nucléaire et renouvelables, pour relever le défi de l’atteinte de la neutralité carbone en 2050 », précise Catherine Bauby.
Le parc nucléaire existant représente aujourd’hui 67 % de la production d’électricité en France. Une électricité décarbonée, abondante, pilotable, très compétitive et qui contribue à limiter la dépendance énergétique. Selon Catherine Bauby, « ce socle d’électricité nucléaire n’est toutefois pas suffisant et doit être complété par les énergies renouvelables. D’autant que la France dispose en plus d’un parc hydraulique important et développe des parcs de production à base d’ENR : solaire, éolien terrestre, éolien maritime ».
La France aura besoin de plus d’électricité décarbonée pour faire face à ses besoins des prochaines décennies, « il est contre productif d’opposer les différentes énergies non émettrices de carbone entre elles. Toutes sont nécessaires à l’atteinte de la neutralité carbone ».
« L’innovation est au cœur d’EDF car nous avons besoin de développer de nouvelles technologies pour réussir ce pari. Pour le relever, l’innovation est essentielle et doit accélérer ».