Après un premier pilote concluant, Veolia, le géant français des services à l'environnement fait le choix de s'associer à la startup française Mistral AI. L’enjeu : rien de moins que de réinventer le pilotage de ses différentes installations (usines de production d'eau potable, stations d'épuration des eaux usées, installations de traitement des déchets, etc.) présentes dans pas moins de 45 pays.
Le critère de l’efficacité énergétique en tête
“Nous avons fait le choix de Mistral AI pour deux raisons : à la fois pour un enjeu de souveraineté française et européenne - qui est clé dans l’industrie - et pour son empreinte environnementale - un sujet déterminant pour une entreprise comme la nôtre qui a pour ambition de devenir l'entreprise de référence pour la transformation écologique”, explique Estelle Brachlianoff, la PDG de Veolia. Son groupe a en effet été convaincu par l’efficacité tant opérationnelle qu’environnementale des différents modèles proposés par Mistral, et tout particulièrement les versions “Small”.
“En fonction des besoins, ils peuvent nous apporter le bon outil. Pour nous, le critère de l’efficacité énergétique était en tête de liste”, souligne la dirigeante, qui explique que dans le cadre de ce partenariat, “l’IA va être mise au service des économies de ressources, alors qu’on l’a souvent décriée pour sa grande consommation de ressources”.
Des interactions en langage naturel avec les équipements
L’objectif de ces nouveaux outils ? Permettre une interaction en langage naturel - par le texte ou la voix, avec la possibilité d’inclure des images - avec les équipements industriels, par l’intermédiaire des outils développés par la startup dirigée par Arthur Mensch. Concrètement, grâce à l’association des modèles de langage de Mistral avec les bases de données et de connaissances de Veolia, il sera désormais possible pour les employés du groupe d'interagir avec les installations industrielles, pour les “co-piloter” et les optimiser.
Par exemple, les techniciens et les opérateurs pourront accéder automatiquement et facilement aux bases de connaissances techniques et aux données relatives aux différents équipements, afin d’obtenir des recommandations en temps réel ou résoudre pro-activement des problèmes. De quoi leur faire gagner un temps précieux au quotidien, sans pour autant remplacer l’humain.
Une IA pour tous, pas pour quelques-uns
Pour cela, Veolia capitalise sur le travail effectué en amont sur ses données opérationnelles. “Nous avons déjà établi plusieurs briques au cours des années : jumeaux numériques, maintenance prédictive, outils de pilotage en temps réel des usines… Selon les sites, nous disposons de dix à vingt ans de données historiques accumulées, ainsi que de capteurs de données en temps réel. Là, nous rassemblons tout cela avec Mistral AI dans une interface en langage naturel”; explique Estelle Brachlianoff.
Dans un premier temps, 7 sites - notamment en France et Grande-Bretagne - sont concernés par le déploiement de ces outils, et plusieurs dizaines devraient les avoir adoptés d’ici la fin de l’année. “Mon objectif est que d’ici 2 à 3 ans, 30% des techniciens de maintenance du groupe puissent dialoguer avec leurs usines, ce qui à l’échelle du groupe, représente plusieurs milliers de personnes. Nous ne voulons pas faire de l’IA pour quelques-uns : nous voulons la déployer dans le monde entier pour avoir un vrai impact”, souligne la dirigeante.
Une démarche ambitieuse, puisque dans le monde, Veolia compte plus de 3 800 usines de production d'eau potable sous gestion, plus de 3 200 stations d'épuration des eaux usées, 865 installations de traitement des déchets et 48 745 installations thermiques.