28 janvier 2025
28 janvier 2025
Temps de lecture : 5 minutes
5 min
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La France compte 750 startups dans l'IA

A quelques jours du Sommet pour l'action sur l'IA, France Digitale publie son nouveau mapping des startups françaises de l'IA. L'association emblématique de la tech tricolore en identifie 750 dans l'Hexagone.
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Depuis plus de deux ans, l’intelligence artificielle écrase tout sur son passage et ce sujet est ainsi devenu une obsession dans le monde de la tech. Si les États-Unis et la Chine font la course en tête dans ce domaine, la France n’a pas à rougir avec de belles pépites comme Mistral AI, Poolside ou Dust. Mais l’écosystème des startups françaises de l’IA est bien plus vaste et c’est justement pour mieux se rendre compte de son ampleur que France Digitale révèle la nouvelle édition de son mapping dédié au secteur. Celle-ci a été réalisée avec l’appui de Sopra Steria Ventures, bras financier du groupe spécialisé dans le conseil dans la transformation numérique des entreprises.

Dans ce mapping 2025, qui a une résonance particulière cette année en raison du Sommet pour l’action sur l’IA, France Digitale identifie 750 startups qui développent des produits ou services intégrant de l’IA, ou des infrastructures qui servent de socles d’IA, contre 590 lors de la précédente édition en mars 2023. Cela représente ainsi une hausse de 27 %. 115 jeunes pousses ont été créées entre 2023 et 2025, dont 64 % rien qu'en 2023.

Avec un tel contingent, la France fait figure de leader dans l’IA en Europe continentale, puisqu’elle devance l’Allemagne et ses 687 startups de l’IA. «La France est le hub des startups de l’IA en Europe. Cependant, cette échelle nationale n’est réaliste pour personne. Face à la compétitivité accrue des États-Unis, l’Europe doit maintenant constituer un écosystème uni qui offre des solutions clés en mains pour accompagner le déploiement de l’IA dans les entreprises et dans les administrations publiques», estime Maya Noël, directrice générale de France Digitale.

13 milliards d’euros levés

Sans surprise, ces jeunes pousses sont très majoritairement basées en Île-de-France (63 %). Derrière la région parisienne, l’Occitanie (6,5 %), l’Auvergne-Rhône-Alpes (6,1 %) et la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (5,7 %) tirent leur épingle du jeu. Dans un domaine qui a le vent en poupe, les startups de l’IA ont généré près de 36 000 emplois jusque-là et la dynamique de recrutement devrait se poursuivre dans les prochains mois. Et pour cause, 92 % de ces sociétés prévoient de renforcer leurs équipes d’ici la fin de l’année 2025 alors que 3 500 postes devraient être ouverts durant cette période.

Pour accélérer leur développement et rester dans la course dans un secteur ultra-concurrentiel, les startups tricolores de l’IA jouent des coudes pour capter l’attention d’investisseurs prêts à débourser des sommes importantes pour financer la pépite européenne capable de rivaliser avec OpenAI et consorts. Ainsi, ces jeunes pousses ont levé près de 13 milliards d’euros depuis leur création. Parmi elles, 65 % ont réalisé une série A et 24 pépites ont réussi à boucler des tours de table supérieurs à 100 millions d’euros, soit 2,5 fois plus par rapport à 2023. La plus emblématique de ces sociétés n’est autre que Mistral AI, qui est devenue une licorne en un temps record en 2023, avec des levées de fonds de 105 millions et 385 millions d’euros. Mistral AI avait à nouveau bouclé un tour de table de 600 millions d’euros en juin 2024, une opération qui avait porté sa valorisation à 5,8 milliards d’euros.

L’IA traditionnelle devant l’IA générative

Mistral AI fait partie de la vague de startups qui se sont lancées dans l’IA générative, notamment pour développer des grands modèles de langage (LLM). Elles sont 43 % positionnées sur ce segment, tandis que près de 47 % préfèrent développer des solutions alimentées par de l’IA traditionnelle, reposant sur du machine learning ou du deep learning. Une partie des startups d’IA créent également des solutions de visions par ordinateur, d’IA symbolique ou encore des infrastructures d’IA.

On retrouve notamment des sociétés évoluant dans la santé et les biotechnologies (13 %), comme Owkin et Gleamer, dans le software, notamment les agents et les plateformes (9 %), avec des entreprises comme Ekimetrics, Dust et Mindee, et dans la data et le cloud (8 %), à l’image de Scality. Les secteurs des ressources humaines, du marketing et de la publicité, du transport et de la logistique, et de l’industrie sont également à l’honneur et représentent chacun 5 % des secteurs d’application des solutions développées par les startups françaises de l’IA.

De nombreux défis à relever

A l’inverse d’OpenAI, qui perd des milliards de dollars chaque année, les acteurs tricolores parviennent à atteindre rapidement la rentabilité. 32 % d’entre elles sont déjà rentables et 54 % pensent le devenir au cours des trois prochaines années. Quant à leurs clients, ce sont surtout les grands groupes (34 %), comme Bouygues, Engie, EDF, La Poste, SNCF, Renault, Safran, L’Oréal et Air Liquide, les ETI (20 %) et les PME (18 %) qui plébiscitent leurs solutions. Quant à l’État et aux administrations publiques, cela ne représente que 16 % de leurs clients. Et bonne nouvelle, six jeunes pousses sur dix déploient leurs solutions en dehors de l’Hexagone.

«C’est un écosystème relativement mature, elles ont trouvé leur marché. Désormais, l'enjeu est de continuer à se développer d’un point de vue commercial», observe Maya Noël. «Nous sommes encore en phase d’exploration, mais une guerre commerciale va arriver derrière. La bonne nouvelle, c'est que nous avons des champions sur toute la chaîne de valeur», ajoute-t-elle. Cette diversité des pépites ne sera pas de trop pour faire face à la concurrence internationale, qui a pris une nouvelle dimension ces derniers jours avec l'annonce du méga-projet américain Stargate de 500 milliards de dollars et la percée fracassante de la pépite chinoise DeepSeek, qui crée la panique dans la tech américaine.

Néanmoins, il reste des défis à relever, comme l’accès aux données et la fiabilité des résultats pour un quart d’entre elles, le recrutement (14 %), l’accès à la puissance de calcul (11 %) et la consommation énergétique (10 %). Ce sont autant de sujets qui devraient être sur la table dans deux semaines lors du Sommet pour l’action sur l’IA à Paris.

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La France est l'un des écosystèmes d'IA les plus dynamiques d'Europe. Crédit : Maddyness.