Utiliser les déchets des entreprises de construction pour leur fournir un isolant pour la rénovation thermique. Ce modèle circulaire, c'est l'ambition de Keey Aerogel. La société née en 2015 a mis au point un procédé industriel permettant d'utiliser des déchets de construction comme source de silice afin de fabriquer un aerogel. Ce gel poreux, comprime de petites bulles d’air pour offrir une isolation thermique et phonique plus performante qu’un isolant traditionnel, tout en étant beaucoup moins volumineux. « Nous utilisons également du dioxyde de carbone et de l’éthanol recyclés en circuit fermé », précise Francisco Ruiz, le dirigeant. Ce qui fait de son produit, le seul aérogel « vert » du marché.
Trois brevets déposés
Après neuf ans de développement et trois brevets déposés, la startup fournit déjà quelques grands comptes dans le secteur de la construction. Son usine pilote, située en Alsace, a été inaugurée en 2022 grâce à ses investisseurs historiques, Capital Grand Est et Innovation Fund, lors d’une première levée de fonds de 1,5 million d’euros. Aujourd’hui, la startup est en phase de pré-industrialisation mais peine à répondre à la demande. « Nous avons besoin de produire de gros volumes », indique Francisco Ruiz, le dirigeant, qui emploie 12 salariés. Pour répondre à cet enjeu, Keey Aerogel veut passer en phase d’industrialisation. Pour ce faire, elle vient de réunir 18 millions d’euros auprès du fonds SPI II de Bpifrance dans le cadre du plan France 2030, des fonds d’investissement Wind et Ncity et de son investisseur historique, Capital Grand Est. « Nous avons déjà installé un système pré-industriel pour nous permettre de lancer l'étape d’industrialisation. Avec ces fonds, l'objectif est désormais de produire 10 000 m3 par an », détaille Francisco Ruiz, qui adressera en priorité quatre principaux clients ayant besoin de gros volumes.
Pour la startup, l’enjeu est également de « doubler ses effectifs » afin de « mettre en œuvre un ambitieux plan de développement. » « Notre volonté est, à terme, de créer un deuxième site de production. Mais aussi, et surtout, de développer un réseau d’usines locales à proximité de nos clients pour éviter de transporter les déchets de construction et l’aérogel, qui est très volatile », détaille le dirigeant.
Isoler les batteries des voitures électriques
En parallèle, Keey Aerogel envisage de créer une deuxième version de sa technologie pour des applications différentes. « Nous envisageons de nous tourner vers l’isolation des batteries de voitures électriques. » L’aérogel est en effet devenu « un élément essentiel des batteries de véhicules électriques, puisqu’il permet d’améliorer leur durabilité tout en réduisant les risques d’incendie.» La startup cible par ailleurs les applications aérospatiales ou cryogéniques. « Ce matériau est aussi utilisé pour isoler les satellites et les robots », indique Francisco Ruiz, qui ambitionne de « démocratiser l'utilisation de l'aérogel en Europe. » Avant de s’étendre au niveau international, à horizon 2030.