14 janvier 2025
14 janvier 2025
Temps de lecture : 5 minutes
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Les startups françaises ont levé 7,8 milliards d'euros en 2024, selon EY

Les startups françaises ont levé 7,8 milliards d’euros en 2024, d’après le baromètre annuel d’EY. 21 opérations ont été menées par des startups françaises d’intelligence artificielle générative pour un total de 1,6 milliards de dollars.
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C’est un montant en légère baisse : -7%. Le startups françaises ont levé 7,8 milliards d’euros pendant l’année 2024, contre 8,3 milliards d’euros en 2023. Ce qui place la France en deuxième position en Europe, derrière le Royaume-Uni avec 14 milliards d'euros levés, mais juste devant l'Allemagne avec 7,3 milliards d'euros levés.

Le nombre d’opérations des levées françaises, lui est en légère hausse : 723 en 2024 contre 715 en 2023, d’après le baromètre annuel réalisé par EY. Le ticket moyen de 2024 est 10,75 millions d’euros. L’année avait pourtant bien commencé et laissait entrevoir la fin de la crise pour les startups. Le total des montants levées au premier semestre étant similaire en 2024 à celui de 2023. Mais la deuxième moitié de 2024, marquée par la dissolution et l’instabilité politique, a vu ce chiffre baisser de 14%. Pourtant le nombre d’opération était plus important, avec une centaine de tours de tables en plus. Les montants accordés par les fonds d’investissement ont donc fondu.

Côté secteur, l’industrie du logiciel a concentré le plus d’investissements avec 3 milliards d’euros. Rien d’étonnant à cela puisque qu’elle inclut l’intelligence artificielle et l’IA générative. Les greentechs arrivent en seconde position, un secteur pour la France et l’Europe se distinguent bien que ce chiffre soit en baisse. Elles ont réuni près de 2 milliards d’euros. Les fintechs complètent ce podium avec un fort regain des investisseurs : 840 millions d’euros levés, +32% par rapport à l’année dernière.

IA générative : 1,6 milliard de dollars levés par les startups françaises

L’intelligence artificielle générative française a concentré une partie des investissements, à hauteur de 1,6 milliards de dollars. Evidemment, on retrouve certaines des levées les plus importantes de l’année, y compris au niveau européen : Mistral AI a levé 468 millions d’euros, Poolside, 455 millions d’euros. Mais ces investissements, s’ils semblent importants à l’échelle française, sont loins d’être suffisants à l’échelle mondiale.

L’Europe a levé un total de 4,14 milliards de dollars dans ce secteur de l'IA générative. Une goutte d’eau comparée aux 38 milliards de dollars investis par les fonds d’investissements américains. On relève 3,82 milliards investis en Chine, à travers 27 opérations. «C’est un faux semblant», commente Franck Sebag, Associé, Assurance, Fast Growing Companies leader, Europe de l’Ouest, d'EY. «Nous ne captons pas, ni pour la Chine, ni pour les Etats-Unis, les investissements des grandes entreprises dans l’IA. Or, en Chine, il n’y a presque que des investissements par des entreprises globales.»

Si la France se place juste derrière le Royaume-Uni, qui est en tête en Europe, le gouffre entre l’Europe et les Etats-Unis est alarmant. «L’IA générative représente 20% des investissements américains. En Europe, elle ne pèse que pour 8%. On pourrait se dire que l’Europe n’a pas la même capacité d’investissements que les Etats-Unis, c’est normal. Mais nous ne sommes pas non plus à la même échelle», insiste Franck Sebag.

La climate tech, un quart des investissements européens

La greentech arrive en deuxième position des secteurs les plus prisés par les VC français. Même si ce montant est en baisse de près de 30%, il culmine à 1,9 milliard d’euros pour l’année 2024. À l’échelle de l’Europe, ce sont 13,1 milliards d’euros investis. «La grande distinction entre l’Europe et les Etats-Unis, c’est que nous bénéficions du Green Deal», commente Franck Sebag. «Ces 13 milliards d’euros représentent 25% des investissements, soit presque autant que les Etats-Unis sur la Gen AI. Aux Etats-Unis, ces investissements ne représentent que 8% du total. Mais ces 8%, ce sont 15 milliards de dollars. Nous n’avons pas le choix que d’accélérer sur ses deux piliers que sont la greentech et l’intelligence artificielle.»

Difficile de comparer l’Europe et les Etats-Unis. Le pays de l’Oncle Sam a investi, en capital-risque, 190 milliards de dollars pendant l’année 2024. «Les Etats-Unis ont repris de l’avance et je crains qu’en 2025, ils ne bénéficient d’un environnement, lié au contexte géopolitique, favorable aux innovations de rupture.» Malgré les forces de l’Europe et de la France, notamment en matière de formations et de talents, l’écart va se creuser de plus en plus, encouragé par les politiques de dérégulation portées par Donald Trump. L’influence d’Elon Musk est également à craindre, également d’un point de vue business : l’Italie pourrait signer un contrat d’un milliard de dollars avec Space X, «plutôt qu’avec l’Europe», commente Franck Sebag. «La question est comment, en Europe, nous pouvons proposer un modèles de croissance. Nous l’avons fondé sur plus de régulations et de sustainability.» Une innovation, et particulièrement une intelligence artificielle générative plus sobre, pourrait peut être replacer l’Europe au centre. «Il faut qu’on soit vigilants. Il ne faut pas que nous travaillons uniquement sur des innovations itératives mais également sur des innovations de ruptures», conclut l’associé EY. «Il faut continuer à créer des Mistral IA, des H et autres, pour se démarquer.»

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Franck Sebag, associé chez EY. Les startups françaises ont levé 7,8 milliards d'euros en 2024.