Instabilité gouvernementale et absence de budget à date en France, fuite des capitaux en Europe vers les Etats-Unis, baisse des levées de fonds : les startups françaises sont confrontées à de fortes incertitudes cette année. 

Face à cela, elles se préparent et surtout définissent leurs grandes priorités pour cette année. Et c'est un retour aux fondamentaux du business qui est préconisé. Plus que jamais, les startups françaises veulent en premier lieu se concentrer sur l'activité, le chiffre d'affaires et rechercher de nouveaux prospects pour continuer à grandir. « Le cycle économique actuel est défavorable pour les entreprises et les startups n'échappent pas à la règle. La préoccupation majeure des dirigeants aujourd’hui c’est de faire du business. Malgré le contexte, il est important plus que jamais que les acteurs privés et publics continuent d'investir dans l'innovation, et fassent le choix d'acheter auprès de jeunes entreprises innovantes made in Europe », affirme Maya Noël, directrice générale de France Digitale.

D’autant que les entrepreneurs ont vu la vague de l’Intelligence artificielle (IA) générative déferler depuis 2022. Celle-ci devrait leur permettre de générer plus de chiffre d’affaires pour leur entreprise. Ils s’appliquent donc à bien intégrer l’IA dans leurs processus. « Les entrepreneurs ont bien compris qu’il est dans leur intérêt de s’approprier l’IA car elle est un vrai levier de compétitivité pour eux face à leurs concurrents. Si un chef d’entreprise décide de ne pas utiliser cette technologie, c’est son concurrent qui va s’en emparer et potentiellement, avoir un meilleur produit ou service à vendre », confie la dirigeante. Si les startups françaises ont déjà un taux important de diffusion et d’utilisation de l’IA, il n'en va pas forcément de même pour le reste des autres catégories d’entreprises « traditionnelles ». Ainsi, ces dernières, comme les PME, ETI ou mêmes les grands groupes, ne sont pas aussi sensibles que les startups à cette technologie. En s’emparant de l’Intelligence artificielle, les PME ou ETI par exemple peuvent constituer autant de nouveaux clients pour la French Tech, qui développe des outils en lien avec l’IA. 

Financements et talents

Le deuxième grand enjeu, selon la patronne de France digitale, demeure toujours la question des financements, intrinsèquement liée au modèle économique des startups. Elles doivent trouver des fonds pour continuer à s’étendre. Or, avec un contexte international extrêmement mouvant, le retour des guerres en Europe et au Moyen-Orient et la hausse des taux d’intérêt, les financements se raréfient depuis presque trois ans. La French Tech a levé près de 7 milliards d’euros en 2024, selon notre baromètre interne Maddy Money, un montant en baisse de 17% par rapport à l’année dernière. Ce qui inquiète Maya Noël: « Là où on pouvait lever en moins de six mois, les délais se sont rallongés par manque de visibilité au niveau global, Et donc les investisseurs ont été plus réticents à investir, on met plus de temps à constituer un tour de table, d'où les montants qui baissent, même si de belles levées existent et sont évidemment attendues en 2025. Mais l'autre signal sur lequel il va falloir être vigilant, c'est que les investisseurs eux-mêmes ont du mal à lever de l'argent. Et c'est ça en fait qui va vraiment poser problème à terme ». 

Enfin, les entreprises françaises de l’écosystème doivent pouvoir trouver les talents nécessaires pour pouvoir croître. « Les créations d'emplois dans le secteur existent toujours mais elles ralentissent. Recruter les bons talents, former aux bonnes compétences, ça reste le nerf de la guerre pour créer des belles boîtes, avoir les bons chercheurs, etc. Donc il faut savoir rester attractif. De plus, il faut continuer de donner envie aux jeunes qui rentrent sur le marché du travail d’entreprendre ou de prendre le risque de rejoindre des startups ».

Elle appelle en ce sens les pouvoirs publics à continuer d’insuffler une vision long termiste en faveur de l’entrepreneuriat et de la French Tech. Avec toujours en ligne de mire « de faire de la France une terre entrepreneuriale ».