Le rétablissement de la souveraineté industrielle française dépend fortement de la capacité des entreprises à transformer leurs ambitions en réalité industrielle, via un savant mélange d’exécution rigoureuse et de pragmatisme. L’étude de faisabilité industrielle permet de vérifier la possibilité de fabriquer le produit à grande échelle, en ayant toujours en tête l’impératif de compétitivité.

De l’idée à la fabrication série : garder la compétitivité et la souveraineté en ligne de mire

Quant à la souveraineté industrielle, elle passe par l’identification de partenaires industriels fiables (pour les matériaux et les composants nécessaires à la production), en priorité sur le territoire national, ou dans un pays qui ne met pas en péril notre souveraineté. Le secteur spatial est particulièrement dépendant des soubresauts géopolitiques, et certains pays sont d’emblée exclus des fournisseurs potentiels. L’assemblage et la fabrication de pièces en interne sont de bons indicateurs de souveraineté. Les startups industrielles en France sont tout à fait capables de relever ce défi. D’après la seconde édition de l'Observatoire des startups, PME et ETI industrielles innovantes publiée par Bpifrance en mars 2024, “96% des startups françaises industrielles et pré-industrielles qui ont levé des fonds en 2023 produisent en France dans leur usine”.

La recherche de financements, principal défi de l’industrialisation

Le financement d’un projet industriel représente un défi majeur, car l’industrialisation a un coût (machines, locaux et formation, etc.). Les besoins en matière d’espace et de machines pour l’usine de production induisent un profond changement d’échelle. 

L’industrialisation requiert un investissement conséquent, souvent même avant l’obtention de revenus. La réalité économique actuelle du pays complexifie cette tâche. Financer l’industrialisation de son produit passe par la combinaison intelligente de différentes ressources : subventions et aides publiques, investisseurs privés, montages financiers, prêts bancaires ou leasing pour l’achat des équipements industriels. Ces montages sont complexes dans le contexte économique actuel et nécessitent de forts soutiens, notamment de la part de réseaux et d'administrations locales. Les startups industrielles doivent également redoubler d’efforts pour convaincre leur board et leurs investisseurs du bien-fondé de leurs investissements, en justifiant chaque euro dépensé.

La phase de production exige une vigilance accrue, avec une veille technologique constante permettant de garantir la compétitivité. La rentabilité, la qualité et la satisfaction client doivent être évaluées en temps réel, afin d’adapter le produit en fonction des retours et des évolutions du marché.

Ancrer l’excellence industrielle dans la réalité du marché

L’industrie française doit aujourd’hui penser au-delà de la seule innovation, pour développer une véritable maîtrise technologique et s’inscrire dans la tradition d’excellence des grands projets français. L’excellence industrielle prend tout son sens lorsqu’elle est ancrée dans la réalité du marché et qu’elle prend véritablement corps dans des usines, des essais et des accords concrets.

Loin d’être un idéal, la souveraineté industrielle française peut véritablement devenir une réalité, à condition de se construire sur des chaînes de production opérationnelles, avec des outils et des processus structurés. Elle doit pour cela s’appuyer sur des approches méthodiques où chaque euro compte, chaque étape est optimisée et chaque jalon respecté. La fiabilité, la rentabilité et le pragmatisme font toute la valeur de ces solutions, qui se retrouvent de fait adaptées aux besoins réels du marché, forcément exigeants. Rigueur, exécution et excellence industrielle doivent constituer les piliers de l’industrie de demain. 

Le succès d'une startup industrielle structure bouillonnante et chaotique à ses débuts réside d’ailleurs dans sa capacité à transformer le chaos initial en une routine de production efficace et maîtrisée. C’est bien là le signe d’une startup qui a réussi à réduire les incertitudes grâce à un processus d’amélioration continue.